lundi 8 octobre 2007 par Notre Voie

Ernest Dally Zabo est le directeur Général de la LONACI. Il est aussi le directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo dans le département de Lakota. Dans le cadre des audiences foraines, il a initié récemment un séminaire de formation à l'attention de tous les acteurs de son parti impliqués dans le processus électoral dans sa zone de compétence. Dans cet entretien, il tire les enseignements de ce séminaire et lève un coin de voile sur sa stratégie pour donner 95% à son candidat à la prochaine présidentielle dans son département.
Notre Voie : Votre parti, le Front populaire ivoirien (FPI), a décidé d'envoyer des missions dans ses fédérations pour parler des audiences foraines. A Lakota, vous avez choisi d'organiser un séminaire. Pourquoi ?
Ernest Dally Zabo : Nous avons choisi de commencer par un séminaire. Tout le monde parle d'audiences foraines. Mais les audiences foraines dont il s'agit en ce moment ont un caractère assez particulier, parce qu'elle ne se dérouleront pas comme on organise d'habitude les audiences foraines. Il était donc important que nous puissions former toutes nos équipes sur le mode opératoire des audiences foraines qui vont avoir lieu. L'objectif, c'est que nos équipes, nos militants, mais aussi que les populations soient préparés, connaissent le processus, afin que nous soyons performants sur le terrain. La démarche, c'est donc d'abord de former tous ceux qui vont intervenir sur le terrain et ensuite les déployer sur le terrain pour qu'il y ait un effet démultiplicateur. Le travail de sensibilisation pourra alors être fait par les secrétaires de section, les comités de base, mais également par les différentes missions que la direction de campagne va organiser avec les directeurs locaux de campagne.

N.V. : Quel bilan-vous pouvez faire de ce séminaire ?
E.D.Z. : Le bilan est positif. Je pense que nous avons eu raison d'organiser ce séminaire. Nous nous sommes rendus compte qu'il était important que nos militants, et tous ceux qui vont assurer le relais sur le terrain sachent de quoi il s'agit. Comme je l'ai dit, tout le monde parle d'audiences foraines, mais les gens ne savaient pas exactement ce qui est prévu dans le mode opératoire. Nous tirons donc de ce séminaire de grands enseignements. Le formateur a pu mettre tout le monde à niveau et aujourd'hui nos différentes troupes sont outillées pour faire un travail efficace.

N.V. : Qui sont ceux qui ont pris part à ce séminaire ?
E.D.Z. : Tous les secrétaires généraux de section, tous les membres de la direction départementale de campagne, y compris les directeurs locaux de campagne (DLC), les bureaux de l'OFFPI, de la JFPI et de la CEFPI. Nous avons également associé tous les comités de base de la commune de Lakota, parce que le travail dans la commune et dans la ville sera plus important. Dans les villages, c'est vrai que c'est le même travail, mais étant donné que généralement tout le monde se connaît, c'est plus facile. En ville, on ne se connaît pas en général. Tous les comités de base de la ville ont été conviés ainsi que tous les délégués fédéraux. C'est donc une équipe élargie qui a bénéficié de la formation pour nous permettre d'occuper rationnellement le terrain.

N.V. : Votre parti estime que le nombre de personnes jamais déclarées à l'état civil ne excéder 300.000 personnes sur l'ensemble du territoire national. A combien les estimez-vous à Lakota ?
E.D.Z. : Je ne peux pas faire de calcul local. Mais je pense que la position du président du parti qui est la position du parti découle de la logique. Avant la crise, les ivoiriens vivaient normalement, vaquaient à leurs occupations, posaient leurs actes administratifs, voyageaient, allaient dans les banques, commerçaient. On ne peut donc pas penser qu'il y ait trois millions cinq cent sans-papiers. Ce qui fait plus de 20% de la population. Cela n'est pas vraisemblable. Nous pensons que chez nous, les sans- papiers constituent une infime minorité. Généralement, ce sont des gens qui sont dans les campagnes très éloignées et qui, depuis leur naissance, n'ont pas souvent l'occasion de voyager et de circuler en ville. Parce que si vous vous déplacez d'une ville à une autre aujourd'hui, il y a tout de même le contrôle routier. Ce qui fait que les gens ne prennent pas le risque de voyager quand ils n'ont pas de papier. Pour nous, on ne devrait pas voir les gens venir s'agglutiner pour demander des papiers.

N.V. : L'une des grandes préoccupations de votre parti, c'est aussi la fraude. A lakota, comment comptez-vous contrer la fraude au cours de ces audiences foraines, mais aussi pendant tout le processus électoral ?
E.D.Z. : La lutte contre la fraude va se faire à plusieurs niveaux. Il y a ce qui va se faire au plan institutionnel, parce qu'il y a des organes comme l'INS au-dessus de tout ça avec leurs propres éléments d'appréciation et de lutte contre la fraude. Mais au plan local nous allons faire un travail de terrain. D'abord, assurer notre présence physique et permanente tout le long du processus pour poser les questions d'usage que nous avons indiquées à nos équipes, pour que celui qui vient dire qu'il est né sur le territoire ivoirien et il n'a jamais eu de papier puisse répondre à un certain nombre de questions et que les témoins apportent la preuve de ce qu'ils avancent. Notre première arme contre la fraude, c'est la détermination et la mobilisation de tout le monde autour des audiences foraines. Partout où il y aura une équipe envoyée pour les audiences foraines, il y aura une mobilisation de nos équipes sur le terrain du début jusqu'à la fin. De sorte que même si nous ne pouvons pas dire que nous allons annihiler la fraude à 100%, nous puissions la ramener à son niveau le plus bas pour qu'elle n'ait pas d'impact sur les élections.

N.V. : Après le séminaire, quelles sont les prochaines étapes de votre action dans le cadre des audiences foraines à Lakota ?
E.D.Z. : Déjà nos équipes qui sont sur le terrain ont commencé le travail. Les délégués fédéraux que nous avons formés ont commencé à démultiplier le travail à la base. Mais au niveau de la direction départementale de campagne, nous allons organiser une tournée de sensibilisation dans l'ensemble des cantons et dans la commune. Je pense qu'après, nous serons véritablement prêts. Nous aurons suffisamment d'éléments pour que les gens qui vont venir sachent qui est concerné par ces audiences foraines et qui ne l'est pas. Parce que le message va dans deux directions. D'abord, vers nos équipes qui vont s'organiser pour lutter contre la fraude mais aussi vers les populations pour qu'elles sachent qui est concerné. L'objectif, c'est qu'au moment des audiences, celui qui vient le fait en connaissance de cause.

N.V. : Les prétendants au poste de président de la république, notamment les présidents du PDCI et du RDR ont dit récemment que le président Laurent Gbagbo ne peut pas gagner les élections parce qu'il n'aurait pas le soutien de la majorité des ivoiriens. Chez vous à Lakota, comment voyez- vous les rapports de force ?
E.D.Z. : Chez nous, il n'y a pas de problèmes. De toutes les façons, c'est sur le terrain que ça se passe. Mais, je voudrais juste faire une observation. Ceux dont vous parlez, on voit bien que leur message évolue chaque jour. Je me rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, ils annonçaient qu'ils représentaient à eux seuls plus de 70% de l'électorat en Côte d'Ivoire. J'ai cru lire récemment dans la presse qui leur est proche qu'il y a un d'entre eux qui dit qu'il irait au deuxième tour avec le président Gbagbo et qu'il l'emporterait avec 53% au deuxième tour. Vous voyez que de 70% au premier tour, on passe à 53% au deuxième tour. Cela veut simplement dire que les gens aiment bien faire plaisir à leurs militants quand ils sont en meeting. Mais ce qui compte pour nous, c'est le terrain. Et je pense que le résultat que tout le monde attend, c'est celui qui va sortir des urnes. Nous n'annonçons pas de chiffre. Nous attendons les gens sur le terrain. Nous avons un objectif à Lakota, que la direction du parti nous a assigné, c'est faire au moins 95% pour le président Gbagbo. Nous travaillons sur le terrain pour atteindre cet objectif. Et de tous ceux qui parlent, nous ne voyons personne sur le terrain. Alors, je ne vois pas comment, sans être sur le terrain, sans faire campagne, on peut gagner avec 70 ou 53%. En tout cas, à Lakota, je ne vois aucun militant de ceux qui parlent sur le terrain. Nous avons aujourd'hui un travail de ratissage à faire. Notre message, c'est de permettre à tous ceux de nos frères mais aussi à ceux qui vivent dans notre département, qui ont compris qu'ils ont perdu du temps dans ces partis de nous rejoindre pour qu'ensemble nous menions le combat afin que le président Gbagbo ait suffisamment de suffrage pour réaliser les projets qu'il a promis aux ivoiriens. Il ne s'agit pas de faire un parti unique à Lakota, mais de rassembler le maximum de personnes au-delà du FPI pour faire le travail du président Gbagbo.

N.V. : Pour faire tout ce travail, la mise à disposition des moyens est souvent une préoccupation des acteurs. A Lakota, comment comptez-vous régler le problème ?
E.D.Z : Nous avons coutume de dire, au FPI que l'argent ne nous empêchera pas de réaliser ce que nous avons à réaliser. Nous étions dans l'opposition, nous n'avions rien, nous nous sommes battus et nous sommes arrivés au pouvoir. Nous allons utiliser la même détermination, les mêmes idées que nous avons mises en ?uvre par le passé, mais ce n'est pas l'argent qui nous empêchera d'agir sur le terrain. Nous irons avec nos moyens de bord, mais dans tous les cas, avec les moyens qu'il faut pour faire ce qu'il y a à faire. Nous, à Lakota, nous avons pris l'engagement de donner à Laurent Gbagbo 95% de voix et je pense que ce n'est pas utopique aujourd'hui.





Interview réalisé par Guillaume T. Gbato

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