Le ministre de l'Intérieur, M. Désiré Tagro, a tenu un grand discours, samedi dernier, devant le Premier ministre et le corps préfectoral. Voici l'intégralité de son intervention.
Monsieur le Premier ministre;
- Messieurs les ministres;
Mesdames et Messieurs les Préfets;
Mesdames et Messieurs les sous-préfets;
La mise en ?uvre de l`Accord de Ouagadougou conduit la Côte d`Ivoire inexorablement vers la paix. Sous la conduite du Président de la République et du Premier ministre, des étapes importantes ont été franchies.
Il s`agit, en l`occurrence, du démantèlement de la zone de confiance, de la cérémonie de la Flamme de la paix à Bouaké qui consacre la fin définitive de la belligérance et de la célébration du 47ème anniversaire de l`indépendance de notre pays dans les zones CNO, en présence des membres du gouvernement et des autorités préfectorales.
L`environnement socio-politique et même psychologique qui résulte de ces événements, confortent le sentiment que la paix n`est plus une vue de l`esprit mais désormais une réalité.
Dès lors, nous devons, dans la dynamique déjà suscitée, progresser dans la réalisation concrète des phases déterminantes dudit accord que sont l`identification et l`organisation d`élections transparentes, libres et démocratiques.
C`est dans ce cadre que s`inscrivent toutes les actions menées jusqu`à ce jour par le Ministère de l`Intérieur sous l`autorité de Monsieur le Premier ministre.
En effet, après le redéploiement des préfets, secrétaires généraux de préfecture et des sous-préfets, comme le prévoit l`Accord de Ouagadougou, et pour traduire aux yeux des Ivoiriens la sincérité et l`effectivité du redéploiement, deux grandes réunions ont eu lieu le 18 juillet à Bouaké, sous votre présidence effective et le 22 septembre à Yamoussoukro, sous la présidence du ministre de la Fonction publique et de l`Emploi, vous représentant.
A chacune de ces réunions, les préfets et sous-préfets, dont la loyauté et la disponibilité à jouer le rôle qui est le leur dans le processus de sortie de crise n`est plus à démontrer, ont exprimé, sans en faire des préalables, des préoccupations en relation avec l`accomplissement de leur mission.
Il s`agit des questions de leur sécurité, de leur mobilité, de leur personnel subalterne, et de leurs lieux de travail et de résidence.
Le 18 juin 2007 à Bouaké, en votre présence, les préfets et les secrétaires généraux de préfecture, avaient déjà énoncé, comme étant leurs préoccupations, ces quatre questions majeures.
Vous les avez rassurés.
Malheureusement, le 22 septembre dernier à Yamoussoukro, en présence de votre représentant, le Ministre de la Fonction publique et de l`Emploi, les sous-préfets ont encore réitéré ces mêmes questions. Monsieur le Premier ministre, c`est mon devoir de ministre en charge de l`Administration du Territoire de les écouter, et c`est aussi mon devoir de vous transmettre leurs préoccupations et de chercher les solutions pour y remédier. C`est pourquoi, en accord avec vous, loin des bruits et sous votre direction, j`ai recherché patiemment les solutions aux problèmes égrenés par mes collaborateurs que sont les préfets, les secrétaires généraux de préfecture et les sous-préfets.
C`est ainsi que:
- Sur la question de leur sécurité, vous avez instruit le Centre de Commandement Intégré (CCI), de vous soumettre un programme de sécurisation permettant la libre circulation des personnes et des biens ainsi que la sécurité de tout le personnel engagé dans la tenue des audiences foraines, y compris les membres du corps préfectoral.
- Sur la question des locaux, j`ai dressé un état des résidences des préfets, des secrétaires généraux de préfecture et des sous-préfets, et des préfectures et des sous-préfectures, état que je vous ai transmis le 10 septembre 2007.
Vous avez indiqué, Monsieur le Premier ministre, que des instructions fermes ont été données aux Forces Nouvelles dont vous êtes le secrétaire général, pour que ces édifices soient libérés. A ce propos, une mission conduite par le représentant du Facilitateur et comprenant des membres des deux parties signataires de l`Accord de Ouagadougou, et quelques uns de mes collaborateurs se rend ce jour même dans la zone CNO pour vérifier la mise en ?uvre de vos instructions.
En tout état de cause, j`ai, avec votre soutien, obtenu de Monsieur le Ministre de l`Economie et des Finances, I`approvisionnement du CNPRA pour que celui-ci paie immédiatement aux membres du corps préfectoral, les kits d`incitation qui leur ont été promis.
Pour rappel, ces kits comprennent des frais d`installation, une dotation forfaitaire pour les tournées, un fonds spécial pour les équipements sommaires, une dotation pour l`uniforme et un fonds pour la coordination.
Monsieur le Premier ministre, le mardi et le mercredi prochains, ces fonds seront intégralement payés à leurs bénéficiaires; ce qui leur permettra, outre, de se rendre à leur lieu d`affectation, l`esprit dégagé, de louer provisoirement des bâtiments à usage de résidences et de bureaux.
Vous vous rappelez, Monsieur le Premier ministre, que j`avais dit le 18 juillet 2007 à Bouaké, qu`ils doivent se comporter comme des pionniers et que partout où ils seront logés, là sera également logée la préfecture ou la sous-préfecture.
- S`agissant de leur mobilité:
Dans mon adresse à mes collaborateurs le 22 septembre 2007, je les avais informés de ce que je proposerais à Monsieur le ministre de l`Economie et des Finances d`acheter dans l`urgence, des véhicules d`occasion pour assurer leur mission de sensibilisation et d`encadrement des populations.
Monsieur le Premier ministre, avec votre soutien, le ministre de l`Economie et des Finances a donné toutes les assurances que d`ici la fin du mois, ce problème sera résolu, et que chaque membre du corps préfectoral pourra bénéficier d`un véhicule pour lui permettre d`accomplir dignement sa mission.
- Sur la question du personnel:
Depuis 2002 déjà, le déficit en personnel d`exécution était de 1 500 agents. Il s`est fortement accru du fait de la crise d`une part et d`autre part en raison des départs à la retraite et des décès.
Aujourd`hui, les moyens ne permettent pas à la Fonction Publique de recruter suffisamment alors que le déficit est passé à 4 235 agents.
Pour y remédier, une communication a été faite en Conseil des ministres pour le recrutement d`agents journaliers. L`incidence financière de ce recrutement pour 10 mois, c`est-à-dire, de septembre 2007 à juin 2008, est de 1 169 443 840 francs.
Cependant, et en attendant que cette mesure soit mise en ?uvre, j`ai redéployé par Télégramme Officiel (T.O.), des agents disponibles dans plusieurs circonscriptions des zones CNO et dans les circonscriptions nouvellement ouvertes. Au total 343 agents ont été ainsi redéployés dans la zone CNO.
Monsieur le Premier Ministre,
Toutes ces actions que j`ai menées visent à traduire en actes, la volonté maintes fois exprimée du Président de la République de déployer l`Administration et vos instructions. L`objectif unique que je poursuis est de faire non pas un redéploiement de façade mais un redéploiement effectif; non pas un redéploiement de circonstance, mais un redéploiement définitif, conformément à la volonté du Président de la République et à vos instructions.
Cependant, il importe que chacun sache que le processus issu de l`Accord de Ouagadougou est un processus délicat qui a besoin du soutien et de l`attention de tous les Ivoiriens au quotidien.
Au moment donc où nous nous engageons avec assurance dans ce compartiment, certes délicat, mais à notre portée, au regard des résultats déjà obtenus, il y a lieu de mobiliser tout le monde et de fédérer les énergies à l`effet de garantir le succès de ce processus.
Les populations, au centre des préoccupations auxquelles nous devons apporter des réponses, fondent beaucoup d`espoir, et à bon droit, sur les activités qui vont se dérouler, tant pour les audiences foraines que pour l`identification proprement dite.
Mesdames et Messieurs les préfets;
Mesdames et Messieurs les sous-préfets;
Votre rôle et votre engagement pour l`Etat ne sont plus à démontrer, vous qui, au contraire d`autres corporations, avez toujours, avec modération et responsabilité, durant cette crise, su exprimer vos préoccupations. Le Premier ministre a décidé de vous rencontrer avant l`entame de cette opération décisive des audiences foraines.
Monsieur le Premier ministre,
-Les préfets, au nombre de soixante-dix (70), les sous-préfets, au nombre de deux cent quatre-vingt-seize (296), sont présents pour écouter votre message et consigner, par ailleurs, sur leur feuille de route, les instructions que vous voudriez bien leur donner.
Je vous remercie.
Désiré Tagro, Ministre de l`Intérieur