lundi 8 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Le jeudi 04 octobre dernier, des officiers de la police judiciaire ont mis la main sur cinq malles contenant des coupures de faux billets de 100 dollars et du matériel servant à fabriquer la fausse devise. Le lendemain vendredi 05 octobre, le Chef de l'Etat était à la brigade de gendarmerie de Cocody, officiellement pour féliciter les policiers et gendarmes qui ont saisi le butin des criminels. Pourquoi cette précipitation du Chef de l'Etat ?
Sur les lieux, le Chef de l'Etat avait à ses côtés, outre ses collaborateurs et compagnons traditionnels, le commandant Supérieur de la gendarmerie, le général Kassaraté, le Procureur de la République Tchimou Raymond. Il s'est fait expliquer les faits par le substitut du procureur de la République, Oulaï Fernand (frère cadet du ministre Hubert Oulaye). S'il est normal qu'un chef de l'Etat félicite les agents de l'Etat et les Forces de l'ordre qui travaillent bien, la question que tout le monde se pose est de savoir pourquoi cette précipitation sur le terrain (c'est la première fois d'ailleurs dans ce genre de cas), avant même qu'une enquête sérieuse ait été lancée pour rattraper tous ceux qui sont trempés dans l'affaire. Dans sa déclaration, le Président a voulu se montrer ferme : " Ce qui vient de se passer est un crime économique, une autre guerre contre la Côte d'Ivoire, il faut aller à fond dans l'enquête et sanctionner les auteurs et complices. L'argent est la production de la richesse. ", a dit le Chef de l'Etat Gbagbo Laurent le vendredi à la brigade de gendarmerie de Cocody, à la découverte des faux billets. Il a poursuivi, comme s'il voulait absolument blanchir son entourage avant la lettre. " J'ai dit à tous les membres de mon entourage que je ne veux voir personne mêlé à un trafic ou à une quelconque activité malhonnête. Si un de mes proches est impliqué, mettez-le immédiatement aux arrêts ". Ordre du chef de l'Etat au Procureur ou simple avis ? Dans tous les cas, le procureur Tchimou Raymond a dit pouvoir boucler l'enquête ce lundi. Soit en seulement 72 heures. Ce sera l'enquête la plus accélérée de l'histoire de la Côte d'Ivoire sous la réfondation. Quand on sait que les enquêtes ouvertes sur l'assassinat de Guéi Robert (2002), sur les incendies des marchés (depuis 2001), sur des meurtres à l'université (depuis 2002), sur les massacres des populations en mars 2004, sur le déversement des déchets toxiques (2006), sur l'attentat contre l'avion de SORO Guillaume (juillet 2007) traînent toujours, on ne peut que se demander comment le procureur compte mener cette enquête cette fois-ci pour avoir rapidement des résultats. A Abidjan, au Plateau, à quelques mètres du Palais de la Présidence, l'immeuble du trésor (la pairie générale et l'Agence centrale de la comptabilité du trésor) ont brûlé, le Palais de la justice (un bureau des procureurs) a pris feu, le président ne s'est pas déplacé pour voir les dégâts. Il a fallu qu'il y ait une découverte de faux billets de banque pour que le Chef de l'Etat soit le premier sur les lieux. C'est tout de même curieux De deux choses, l'une. Soit le criminel est déjà connu et l'enquête ouverte ne sera que du saupoudrage de l'affaire. Soit, jusque-là, les enquêtes ouvertes devant le peuple ne l'ont jamais été véritablement. Dans le cas d'espèce, pourquoi avant que l'enquête ne commence, le Chef de l'Etat et le Procureur sont déjà ensemble ? Pourquoi, le Président ne laisse-t-il pas la justice aller jusqu'au bout pour aller féliciter tout l'appareil qui aura permis à l'arrestation et à l'emprisonnement des criminels ? Qu'est-ce que le président voudrait découvrir avant ou avec la justice ? Pour bien d'observateurs, on a l'impression qu'il y a quelque chose que le régime veut protéger ou quelqu'un que le pouvoir veut couvrir. Est-ce parce que l'affaire s'est passée à côté de la maison d'un des barons du régime, à savoir M. Ottro Zirignon, PCA de la SIR et époux du directeur de cabinet adjoint de Gbagbo ?
Par ailleurs, dans sa première audition après son arrestation, le principal mis en cause, le nommé Yed Stéphane, qui serait également le propriétaire du local dans lequel les malles ont été découvertes, tout comme le gardien ont soutenu que la maison inachevée appartient à "une importante personnalité de la place". Laquelle ? On attend de voir. Yed, a-t-il protégé la personnalité ou non ? A-t-il été rudoyé à l'audition ? Des indiscrétions relayées par la presse font état de ce que la personnalité en question serait membre influent de la garde rapprochée du chef de l'Etat et que cette personnalité aurait des liens très étroits avec le nommé Yed Stéphane. Est-ce pour avoir le c?ur net que le président Gbagbo s'est personnellement rendu sur le terrain ? Ceci pourrait expliquer la phrase dite par le Chef de l'Etat : " Si un de mes proches est impliqué, mettez-le immédiatement aux arrêts ". En retour des recommandations du président, le procureur a promis de boucler l'enquête pour ce lundi. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ou qui tourne un peu trop rond. Le PCA de la SIR, Ottro Zirignon de chez qui on a suivi les traces des criminels, a confié à un journal : " En pleine guerre, il (Yed Stéphane) a fait débarquer un camion suspect. Je l'ai interpellé et il m'a présenté des excuses. Ensuite, je lui ai fait remarquer qu'il construit sa villa à un rythme trop rapide, il m'a répondu qu'il est en fonction dans une institution bancaire en Afrique du Sud ". Le PCA de la SIR n'a jamais eu la présence d'esprit d'avertir ni la police judiciaire, ni la police économiquePourquoi ? Est-ce que Yed n'était pas le prête-nom de la "personnalité" qui, en réalité, est le vrai propriétaire et qui a construit cette villa aussi rapidement que le constate le PCA ? Le témoignage du PCA dans la presse n'est-il pas dirigé ?
Eddy PEHE

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023