jeudi 4 octobre 2007 par Fraternité Matin

Le projet de loi français sur l'immigration introduisant la possibilité de recourir à des tests ADN pour les candidats au regroupement familial, suscite une levée de boucliers. La dernière en date émane du président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Oumar Konaré. En effet, interrogé par RFI et l'AFP, mardi à Addis-Abeba, l'ex-président malien a fustigé ce projet en des termes fort acerbes. Pour nous, argue-t-il, ces tests ADN sont inconcevables. Ils sont inacceptables au niveau éthique, moral et culturel. Car, soutient-il, pour les Africains, ces tests ne sont pas du tout conformes à notre conception de la famille, de la société, ni concevables du point de vue de notre conception de l'Homme. Pour lui, les relations familiales sont d'une complexité et d'une intimité différentes de celles existant en Occident qu'il faut éviter d'imposer certains types de valeurs qui heurteraient les consciences. Aussi, Konaré suggère-t-il des positions communes, concertées et solidaires sur la question de l'immigration affirmant que l'UA s'y emploierait davantage; renforcé dans cette perspective par le débat contradictoire qui a cours sur le sujet en France. Et, Konaré de confier : en France, je me réjouis de voir que beaucoup ne sont pas favorables à ces tests. Ainsi, le 26 septembre, la commission des lois du Sénat français avait supprimé du projet de loi sur l'immigration l'article introduisant la possibilité de recourir aux tests ADN. La classe politique française est aussi divisée sur la question. A droite, Dominique de Villepin, dans une interview accordée à LCI, affirme que ce type de législation n'est pas de mise, n'a pas de place dans notre pays. Notre mémoire, notre histoire, nous conduit à condamner tout ce qui ressemble à ce genre d'arsenal. A gauche, Michel Rocard souligne que cette alternative n'est pas très digne et pas très correcte. Amnesty International, Médecins du monde, la Fondation Abbé Pierre, la CFDT et la Conférence des Evêques sont montés au créneau pour dénoncer cette disposition et inviter les sénateurs à ne pas voter le projet. Lundi, le Président Abdoulaye Wade du Sénégal était le premier Chef d'Etat étranger à s'opposer publiquement et officiellement à ce projet de loi. La semaine dernière, Mme Adam Ba Konaré, historienne et épouse du président de la Commission de l'UA, avait invité le Président Sarkozy à revoir sa copie d'histoire. On se souvient, en effet, que le Président français avait affirmé lors de son séjour au Sénégal, que l'Afrique n'était pas suffisamment entrée dans l'histoire.
Il convient de noter que le dispositif des tests incriminé n'est pas une innovation française car il existe dans 11 pays d'Europe.

Rémi Coulibaly

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023