mardi 2 octobre 2007 par Fraternité Matin

Les populations des départements de Danané et Zouan-Hounien rencontrent le Chef de l'État, demain, au Palais présidentiel. Le principal initiateur de cette cérémonie en donne les raisons.
M. le président, les populations des départements de Danané et de Zouan-Hounien s'apprêtent à venir saluer le Président de la République. Qu'est-ce qui explique cette visite qui suscite quelques vagues?
Nous considérons cet évènement comme étant exceptionnel, merveilleux parce que ce n'est pas tous les jours que les populations de quelque région que ce soit, obtiennent de rencontrer le Chef de l'Etat dont le calendrier est surchargé surtout en cette période de crise.
C'est pourquoi, nous saluons avec déférence le Président de la République et nous le remercions d'avoir accepté d'accorder quelques moments à la population du département de Danané.
Cet évènement est exceptionnel parce que depuis octobre 2000 qu'il est au pouvoir, c'est la première fois que le Président Laurent Gbagbo va recevoir la population de Danané. Cette population est restée, depuis l'éclatement de la crise, repliée sur elle-même si elle n'a pas traversé la frontière pour aller au Liberia, en Guinée ou si elle ne s'est pas déplacée de façon massive pour aller trouver asile dans d'autres régions du pays. Et ce, du fait des atrocités commises sur son territoire. Pendant toute cette période, nos populations ont subi un traumatisme de sorte qu'aujourd'hui, avec l'Accord de Ouaga qui ouvre des horizons heureux à l'ensemble du territoire national et particulièrement à cette zone, nos parents ont décidé de venir dire grand merci au Président de la République. Lui dire également merci pour avoir daigné ériger la sous-préfecture de Zouan-Hounien en chef-lieu de département, et pour avoir offert quatre nouvelles sous-préfectures à notre département : Téhapleu, Gbanleu, Daleu et Kouanleu et six nouvelles communes en dehors de ces sous-préfectures.
En somme, il s'agit d'une visite de reconnaissance au Chef de l'Etat et de soutien à son action. Nous lui sommes reconnaissants parce que ce nouveau découpage de notre territoire permet, étant donné que les collectivités territoriales sont les seuls espaces où se fait le développement, d'accélérer ce développement dans le département de Danané. Nous pensons que, dès lors que le pays s'est réunifié et que la paix est retrouvée, il est important que le Président de la République arrive chez nous. Les populations qui viennent lui rendre visite, profiteront donc de cette occasion pour l'inviter à se rendre chez elles à Danané et Zouan-Hounien. C'est là, qu'en toute sérénité, le Président pourra voir les traces des traumatismes vécus et apporter des solutions idoines à tous les maux que nous avons vécus. Quand on sait que vous n'êtes plus en odeur de sainteté avec le président de l'UDPCI, le ministre Albert Mabri Toikeusse, lui-même fils de Danané, ne craignez-vous pas de ne pas réussir la mobilisation dans cette région supposée être acquise à la cause de ce parti?
Il n'y a pas de problème parce que ce que nous avons mis en place en termes de démarche, est axé autour des préoccupations concrètes des populations, à savoir la sécurisation, la reconstruction et le développement.
Ce sont autant d'éléments auxquels adhérent les populations de chez nous parce que le monde paysan a ceci de particulier qu'il est pragmatique, réaliste, proche de ses préoccupations et attentif à celui qui apporte des solutions à ses problèmes.
Aujourd'hui, nous avons des problèmes de routes, de réhabilitation des infrastructures scolaires, sanitaires. La question de l'eau est une question difficile dans notre région. La commercialisation des produits vivriers est un autre élément de taille. Et quand on sait que dans un pays comme le nôtre, tous ces éléments de développement, de reconstruction ne peuvent être initiés que par l'Etat, dont le Chef reste le Président de la République, SEM. Laurent Gbagbo, les parents sont sensibles à cela.
Vous vous rendrez donc compte que si nous avions la possibilité de faire déferler nos populations par milliers sur le Palais présidentiel, nous le ferions. Nous avons démontré notre force de mobilisation le 28 juillet dernier lorsque nous avons organisé à Zouan-Hounien un grand rassemblement pour soutenir l'Accord de Ouaga et ses artisans.

Faut-il voir derrière votre action une volonté de faire une démonstration de force avec la direction de l'UDPCI?
Nous ne visons personne. Notre seule préoccupation, c'est de créer les conditions du bonheur de nos populations qui l'ont d'ailleurs compris. C'est pourquoi, il y a eu beaucoup de monde le 28 juillet à Zouan-Hounien parce que de mémoire de population, c'était la première fois qu'on enregistrait en même temps, la présence de tant de personnalités : le président Laurent Dona-Fologo du Conseil économique et social était là, le ministre d'Etat Bohoun Bouabré, les ministres Hubert Oulaye et Bleu-Lainé étaient également présents... Cela veut dire que nos populations sont sensibilisées. Au-delà de cela, nous avons organisé, du 21 au 29 août, une tournée de sensibilisation dans les deux départements avec une trentaine de cadres et élus. Cela s'est très bien passé. Nous n'avons donc aucune crainte. Les populations sont lucides, sereines et savent où sont leurs intérêts. Nous n'avons pas de préoccupations particulières vis-à-vis d'un frère qui serait candidat à l'élection présidentielle.
Mais en attendant qu'il ne devienne un jour ce qu'il espère, que devons-nous faire dans un pays normal ? Comme dans un pays normal il y a un chef, nous disons qu'en attendant que notre frère devienne Président de la République, s'il en prend les dispositions et s'il est capable de mener un tel combat, il est important que nous reconnaissions qu'à la tête de l'Etat de Côte d'Ivoire, il y a un Président. Et que c'est celui-là qui peut aider notre région. Nous n'avons pas de soucis particuliers et nous ne travaillons pas contre quelqu'un. Nous savons que la Côte d'Ivoire est un grand pays qu'on ne prend pas comme cela du jour au lendemain.
Vous parlez de sérénité alors que certains ressortissants de l'ouest dénoncent cette visite au Chef de l'Etat. Un comité de chefs et rois est monté au créneau pour s'y opposer. Qu'en dites-vous?
Ce sont des pratiques auxquelles nous sommes habitués. Il faut simplement retenir que sociologiquement, il n'y a pas de roi à l'ouest. Ce qui dénote qu'ils ont fait du faux. Ils se sont précipités pour produire un texte et le faire signer par un pseudo comité de rois et chefs traditionnels. En outre, vous savez que les sorciers ont peur de la lumière. Lorsque, pendant plus de cinq ans vous avez maintenu une population dans l'obscurantisme, vous vous opposez à son ouverture de peur de lui faire découvrir la vérité crue qui ne peut pas cohabiter avec tout ce que vous lui avez inoculé comme mensonges et démagogie. C'est de cela que les gens ont peur. Par sorcier, j'entends cette démagogie, cette mégalomanie, cette volonté de maintenir tout un peuple comme un gourou maintiendrait ses adeptes la tête enfoncée dans le sable.
Vous voulez rassembler et en même temps vous dénigrez certains de vos frères. Je ne me permets pas de dénigrer qui que ce soit. Je donne rendez-vous à la Côte d'Ivoire le 3 octobre (demain) pour vérifier si ceux qui viendront sont des badauds, des vagabonds comme le disent certains, ou des personnes responsables et respectables.

Entretien réalisé par
Abel Doualy

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