samedi 29 septembre 2007 par Fraternité Matin

L'Académie des sciences, des arts, des cultures d'Afrique et des diasporas africaines (ASCAD), a renoué avec son programme de conférences publiques, jeudi dernier au Conseil économique et social. Au menu thématique : L'Europe et la science. Le conférencier, Pr Pierre Kipré, après avoir opéré une saisie diachronique de la quête scientifique sur le continent européen depuis l'Antiquité, dénoncera, au-delà du versant positif des savoirs scientifiques pour l'humanité, des zones d'ombre. Aussi, l'historien émérite requiert-il un minimum d'encadrement éthique des pratiques scientifiques (...) et d'humilité dans la quête des savoirs pour que la science reste humaine. Car, à en croire l'ex-ministre de l'Education nationale, les dérives de la science en Europe dont les horizons originels remontent au XIXè siècle, ont connu leur apogée avec les deux guerres mondiales et la tendance ne s'est pas encore estompée. C'est surtout la conscience des dangers de la science qui marque le XXème siècle. Elle se manifeste déjà à la fin de la 1ère guerre mondiale, lorsque les liaisons entre sciences/techniques/pouvoir politique favorisent la production d'armes de destruction massive () En plus des armes atomiques, le monde découvre les effets destructeurs de la mise en ?uvre de certaines recherches mortifères dans des sciences et, depuis les années 1970, les conséquences environnementales d'une expansion technologique débridée qui fonde la croissance économique des pays industrialisés. En tout état de cause, le professeur Kipré argue que l'Europe a contribué par la conquête permanente de l'inconnu à façonner le monde. Par la promotion de l'esprit scientifique et la démocratisation des savoirs naguère acquis de façon ésotérique dans toutes les civilisations de la planète, l'Europe a universalisé la connaissance avec des méthodes, des théories cohérentes, des applications apodictiques. Acquis qui contrastent toutefois avec les visées expansionnistes et européocentristes des scientifiques de ce continent. Les échanges entre les Immortels dont les professeurs Jacqueline Oble, Saliou Touré, Séry Bailly, Kouakou N'Guessan, Barthélémy Kotchy ont permis de percevoir la pertinence du thème disséqué par leur pair Pierre Kipré. Et de comprendre que les pouvoirs politiques se doivent d'encadrer et financer les chercheurs au profit et dans la perspective d'une postérité prospère. Créée en 2003, l'ASCAD est une société savante de 50 membres nommés par décret présidentiel et dont les expertises sont avérées dans tous les domaines de la connaissance.

Rémi Coulibaly

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