vendredi 28 septembre 2007 par Le Rebond

Bonjour cher Président. Nous nous retrouvons. Tout le plaisir est pour moi. J'espère que tu le partages. Je t'ai laissé souffler un tout petit peu. Question de te permettre de bien préparer ton intervention à la tribune de l'assemblée générale de l'organisation des Nations Unies. Tu ne pouvais penser à autre chose tant que tu n'avais pas profité de cette tribune pour rabattre le caquet à tous ceux que tu soupçonnes d'en vouloir à ton pouvoir. Maintenant que tu as vidé ton sac des rancunes politiques et t'es fait applaudir par quelques dizaines de diplomates curieux de découvrir ce chef de l'Etat dont on dit qu'il est un champion de la roublardise, nous pouvons discuter de nos problèmes. Evidemment, non sans avoir analysé quelque peu ton intervention tant attendue par tes concitoyens.
Cher Président, je t'ai regardé et écouté. Vérité pour vérité, je n'ai pas reconnu le ??woody'' qui sur les bords de la lagune Ebrié, est le maître à penser et qui ne prend pas de gants pour dire ce qu'il pense à tous les empêcheurs de gouverner ( ?) dans la tranquillité. J'ai découvert par surprise un homme qui semblait ne pas être dans son élément. Plutôt que de crever l'abcès et d'étaler les raisons profondes d'une crise, exposer les efforts déployés pour sa résolution et surtout proposer les termes de la conduite à tenir pour que son pays ne connaisse plus jamais un tel conflit, tu as louvoyé allant de remerciements en remerciements. Une démarche qui a révélé que tu as la rancune tenace. Tu te relirais que tu te rendras compte que de tous tes pairs qui ont participé à la résolution du conflit tu n'as cité que deux noms : Thabo Mbeki et Blaise Compaoré. Ce dernier est passé du statut de parrain de la rébellion à celui de facilitateur. Il mérite désormais tous les honneurs. Chirac, Bongo, feu Eyadema, Kufor, Obasandjo, Tedjan Kabah, Wadene méritent pas que leurs noms soient cités à une tribune aussi prestigieuse que celle de l'assemblée générale de l'Onu. Tu retiendras quand même qu'il est très difficile de prétendre falsifier l'histoire. La crise ivoirienne est récente, trop récente pour qu'on maquille les faits. Tes proches restés sur leur faim (ils attendaient de toi que tu dénonces Chirac et la France, les rebelles buveurs de sang, égorgeurs d'enfants, éventreurs de femmes enceintes) ont difficilement accepté tes jeux de jambes avec les termes ??rebelles'' et ??ex rebelles''. Tactique guidée par la recherche effrénée de la paix ? Toi seul peux répondre à cette question. On est où là ?
Cher Président. Je te le dirai par honnêteté. Peut-être est-ce moi qui devrais retourner à mes livres, mais à vrai dire, je ne t'ai pas compris. Maintenant que tu as un peu plus de temps, j'aimerai que tu donnes des réponses claires à ces questions : la guerre est-elle finie ? Le pays est-il réunifié ? L'administration a-t-elle été redéployée ? Les élections auront-elles effectivement lieu ? Si oui, quand le seront-elles ?
Ces interrogations parce que je t'ai tantôt entendu dire que ??un grand pas a été fait vers la paix'', tantôt que ??les ivoiriens sont résolus à faire la paix''. La paix est là oui ou non. Il te faudra être clair une fois pour toutes. Oui, parce que j'ai eu froid dans le dos lorsque tu as, sans hésitation, plaidé pour une ??levée partielle de l'embargo sur les armes''. A quelle fin ? Selon toi, ??pour permettre à l'Etat d'assurer sa fonction régalienne de sécurisation des personnes et des biens. Je me demande de quelques armes tu as besoin pour assurer la sécurité des populations vivant dans ton pays. Si tu n'en es pas informé, je t'apprends que les FDS sont dans tous les coins de rue d'Abidjan, armées de fusils mitrailleurs s'adonnant au racket pendant que les braqueurs barbotent dans les banques et grandes surfaces commerciales. Non ! Il n'y a rien à revoir quant à l'embargo. Tu ne peux pas déclarer que la paix est à consolider (celle que nous vivons donc est précaire) et militer pour la levée de l'embargo sur les armes. Les va-t-en guerre du palais ne peuvent avoir le dessus sur la communauté internationale. C'est connu : ??qui a bu, boira''. L'opération dignité est encore fraîche dans les esprits. On est où là ?
Cher Président, je m'interroge encore une fois : on est où là ? Voilà un chef de l'Etat qui se veut le plus grand démocrate que l'Afrique ait connu. Nelson Mandela même pâlirait de jalousie. Un démocrate qui a pour souffre-douleur les journalistes de son pays. Lui ne les met pas en prison, il les fait disparaître purement et simplement quand il n'envoie pas des bidasses, à son entière disposition saccager leurs bureaux et détruire le matériel de travail. Après bien d'autres confrères, nous en payons le prix ces dernières semaines. Le couple présidentiel et son bouffon de service réclament 170 millions à ??Le Rebond''. La faute commise : avoir publié une liste de milliardaires dans laquelle ils sont en bonne place. Ils ne démentent pas mais ils veulent sévir : faire fermer le journal. En somme réduire la liberté de l'expression et en finir avec le droit à l'information. Tu vois, Président, ce qui s'est passé ici pendant que tu quémandais l'aide de la communauté internationale. On est où là ? En tout cas pas sur Mars.

Bouah de Maniasso

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