vendredi 28 septembre 2007 par Le Temps

Après avoir minutieusement traité de la question Kieffer, des ''escadrons de la mort'', de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire, de l'avancée des rebelles sur tous les fronts, après avoir pronostiqué le déferrement du Président ivoirien devant le TPI (Tribunal pénal international),

D'avoir abordé la question des enfants esclaves dans les champs de production du cacao en Côte d'Ivoire, des différentes résolutions sur la Côte d'Ivoire, des sanctions individuelles, après s'être gaussé du Dialogue direct'' et avoir prédit sa mort prématurée, après, comme ailleurs, s'être plus ou moins comporté comme un porte-voix de la rébellion armée en Côte d'Ivoire, après avoir mille et une fois justifié le rôle civilisateur de la France en Afrique et partant, avoir expliqué en quoi les tueries de l'armée française auprès de la rébellion en Côte d'Ivoire était salutaire en ce qu'elles étaient destinées à ramener la paix en Côte d'Ivoire, l'AFP (Agence France Presse) décide, maintenant que la paix est réellement à la portée des Ivoiriens, et que, pour preuve, le Président ivoirien Laurent Gbagbo a pu s'exprimer devant l'Assemblée générale des Nations unies, de boycotter cet évènement et de traiter de sujets autrement plus brulants, c'est-à-dire, la mise à pied et le retrait d'antenne pour 15 jours, de William Leymergie, l'animateur-producteur de l'émission "Télématin", à la suite d'une altercation qui l'a opposé à l'un de ses collaborateurs, ou encore du lancement par la Nasa, de la sonde américaine Dawn vers Vesta et Cérès.
C'est que le président ivoirien, dans un langage châtié à nul autre pareil, a su montrer en quoi l'interventionnisme français en Côte d'Ivoire a été cela même qui a contribué au durcissement de la crise ivoirienne et à sa durée. Ce rendez-vous historique consacre sur la scène internationale l'engagement de la Côte d'Ivoire vers une sortie réussie et pragmatique des affres de la guerre. Cela, après une concertation ivoiro-ivoirienne, loin des diplomates français qui n'auront eu de cesse, durant quatre années, de troubler toutes les solutions de sorties de crise à cause de leur entêtement à vouloir la tête du Président ivoirien.
Cette intervention à l'Assemblée générale de l'Onu met aussi fin à l'ostracisme dont était victime le président ivoirien sur la scène diplomatique internationale. Ceci consacre donc la victoire de David contre Goliath. Car, dans le fond, ce que cette communauté reprochait à Laurent Gbagbo, ne portait pas réellement sur le fond d'un dossier qu'elle n'avait pas vraiment cerné, la Côte d'Ivoire étant un petit pays à l'échelle mondiale. La Côte d'Ivoire en effet, appartient au pré carré français, et les leviers internes de sa déflagration ne pouvaient intéresser que la France. D'ailleurs, dans un premier temps, les enjeux qu'elle soulevait ne pouvaient qu'être superficiels pour ces autres grands que sont la Chine, le Japon ou les USA. Les reproches portés contre la Côte d'Ivoire étaient plus prosaïques les Nations unies, et notamment les Nations européennes, par solidarité, n'ont jamais accepté, ces années durant, qu'un si petit pays puisse vouloir résister au diktat d'une puissance mondiale. Pour ces pays-là, il suffisait que Gbagbo disparaisse du paysage politique ivoirien pour que revienne la paix, selon la théorie qui veut que la solution radicale pour éliminer un dysfonctionnement social consiste à supprimer l'auteur supposé du délit.
On comprend bien le désarroi des ''Fonctionnaires'' de la ''françafrique''. Car en définitive, par ce come back, le Président ivoirien se positionne comme principal leader et rassembleur des différentes factions ivoiriennes, ce qui, de par son action même, pourrait le positionner comme éligible au prix Nobel de la paix.

Par Bamba Cheick Ahmed

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