vendredi 28 septembre 2007 par Le Temps

Quand Jupiter veut perdre son enfant, il le rend fou, dit l'adage. C'est le cas du président du Rassemblement des Républicains (RDR) . Alassane Dramane Ouattara se sert de l'instant d'un meeting (suicidaire) d'Abobo, hier, pour fixer sa potence.

L'homme se voit désormais comme un condamné à la potence, au supplice. Tel est le langage qu'il faudra décrypter de cette réunion. En tout état de cause, les Abobolais ont été témoins d'une dérive verbale jamais proférée depuis l'ère du multipartisme. Cette fois, M. Ouattara qui ne veut épargner personne met les petits plats dans les grands. Gbagbo, Bédié, les FDS et les Forces nouvelles, tout y passe.
On peut comprendre qu'il traite Gbagbo de " sanguinaire ", le chef de l'Etat ivoirien l'ayant empêché de " ramasser le pouvoir dans la rue " en octobre 2000. En revanche, pour le président du PDCI-RDA on peut dire que Ouattara fait mentir le président du Directoire du RHDP Djédjé Mdy qui croit aveuglément à cette alliance. Le mentor a carrément piétiné Bédié. Ce dernier ne serait qu'un faire-valoir, un marchepied à ses yeux, dans la course à la Présidence dont lui Ouattara se servirait le moment venu. C'est ce que signifie, la boutade : Je serais Président?. Sans le citer. D'aucuns diront même qu'il a ignoré Bédié, mais en réalité, ce n'est pas le cas. Car, Alassane Dramane Ouattara a une réelle ambition de supplanter son allié du G7 et du RHDP dont il veut se débarrasser avant le deuxième tour où il se voit déjà. Bédié ? Allez voir ailleurs. Quant à l'Armée ivoirienne, elle est plus que jamais dans le viseur du " Républicain ". Et c'est ici que le mentor du RDR entre sur la scène où l'attend la pièce ''cabri mort n'a pas peur de couteau''. Pour y jouer un mélodrame, certes virtuel pour le moment mais en réalité, un mélodrame qui peut s'avérer rétroactif et nocif pour lui. " On ne joue pas avec l'Armée " murmurait un témoin auditif et oculaire du meeting d'Abobo. Ouattara sait mieux que quiconque la charge martiale que contient ce genre d'avertissement. Mais il continue d'infantiliser, de défier, de diaboliser l'Armée nationale de Côte d'Ivoire. Sur qui compte-t-il, pour traiter de "sanguinaire", toute l'Institution militaire prête à veiller sur lui quand il accédera au pouvoir d'Etat ? Face à autant d'immodération, l'on est tenté de lui demander de quoi est constituée sa garde rapprochée. A moins que le président du RDR ne dise aux Ivoiriens que celle-ci n'est uniquement constituée que d'étrangers. La deuxième scène de la pièce ''cabri mort n'a pas peur de couteau'' est une scène dont l'issue reste incertaine. Car. rébellion, ça ne connaît pas loi?. La plus grande surprise de ce meeting reste sans conteste, la rébellion (le mot est approprié) de M. Ouattara contre ses filleuls des Forces nouvelles. Lisons ensemble ce qu'il dit des Forces nouvelles version Guillaume Soro : " On a attaqué la Côte d'Ivoire et on l'a salie. Plus jamais ça. Nous allons nous engager à combattre les forces de régression ". ça, c'est du Ouattara, plus imprévisible que naguère. Et donc " Le Père de la rébellion " se rebelle contre sa propre créature. Le président du RDR ne veut plus accepter la tutelle de ce qu'il estime être une contrainte insupportable : la rébellion de Guillaume Soro, Soumaïla Bakayoko, Gueu Michel, Tuo Fozié, Chérif Ousmane, Koné Zakaria, Koné Messamba, Morou Ouattara, Fofié Kouakou... Trop coûteuse et moins productive à son goût. En définitive, Ouattara en a marre de jouer les seconds rôles derrière Gbagbo, le souffre-douleur de l'Armée nationale et plus grave encore, le ''parrain payeur'' des Forces nouvelles, ces " bons petits " qu'il a extrait de la misère de l'exil.

Simplice Allard

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