jeudi 27 septembre 2007 par Le Rebond

Hier, les 5 journalistes de ??Le Rebond'' et de ??Le Jour Plus'' ont comparu pour la 3e fois consécutive devant le tribunal de première instance d'Abidjan Plateau dans le cadre du procès intenté conjointement par le procureur de la République (pour le compte du chef de l'Etat Laurent Gbagbo) et Mme Gbagbo ainsi que le député William Atteby.
Débuté le 17 septembre dernier, ce procès qui a enregistré hier, pour la première fois, la présence de toutes les parties, a été débattu dans le fond et la forme. Dès l'ouverture de l'audience à 9h40, Me Bleoué du conseil des avocats de ??Le Jour Plus'' a souhaité la disjonction des procédures pour les deux quotidiens. Cette demande a été acceptée par Mme la présidente du tribunal, chargée de connaître le dossier. Ainsi les journalistes de ??Le Rebond'' ont d'abord été appelés à la barre. Mais avant, leur conseil composé de Me Blessy et Me Messan ont observé que Mme Gbagbo qui prétend avoir été lésée n'a été entendue nulle part alors que la loi fait obligation à la personne qui se sent léser de comparaître obligatoirement afin de mieux comprendre ce qui a pu bien porter atteinte à sa personne. Mme la présidente a dit qu'on peut se contenter de son conseil et appeler Paul Arnaud Digbeu auteur de l'article incriminé ??les 38 milliardaires du Fpi'' afin qu'il fournisse les preuves de ses allégations. Et lui de répondre. J'ai été suffisamment clair dans mes écrits. J'ai cité des noms, les pays et les banques. Je souhaite donc ne pas dévoiler ces sources pour des raisons purement professionnelles . Si vous ne voulez pas nous faire partager vos sources d'informations nous serons obligés de constater que vous n'avez pas de preuves a rétorqué Mme la présidente.
A sa suite, ce fut le tour du directeur de publication M. Assouman N'guetta qui lui a dit je fait confiance à mes journalistes . Quant à Laure Gozo, auteur de l'article ??dilapidation de 9 milliards par Gbagbo et Soro pour l'organisation du bûcher de la paix'' il dira : mon intention n'est pas d'offenser le Président, ni le premier ministre. Je voulais seulement attirer leur attention . Après leurs confrères de ??Le Rebond'' ce fut le tour des journalistes de ??Le Jour Plus'' qui sont poursuivis à l'instar de leurs compagnons de ?'offense au chef de l'Etat'' de se présenter à la barre.
Ainsi, Nouré Alexis, auteur de l'article incriminé ??blanchiment d'argent. Enrichissement illicite'' qui est passé en premier a soutenu qu'il a écrit après avoir recoupé les informations qu'il a reçues. Il a été succédé par son directeur de publication, Seydou Coulibaly qui lui a affirmé que c'est l'attitude du chef de l'Etat qui a fait plané la suspicion sur lui. C'est parce que les partenaires américains ont été rassurés par le chef de l'Etat Gbagbo qu'ils se sont lancés dans une telle aventure , a-t-il martelé en brandissant des documents. Ces documents, le parquet ne s'est pas fait prier pour dire qu'ils ne concernent pas la procédure.

Le réquisitoire

Me Daguié, constitué pour la défense des intérêts de Mme Gbagbo et du député William Atteby, a dit pour sa part que les journalistes de ??Le rebond'' n'ont pas de preuves. Leur objectif était de montrer que la première dame s'enrichit dans une société atteinte de plus en plus par la misère. Nous allons bientôt aux élections. Ma cliente est l'épouse du chef de l'Etat qui sera candidat a dit l'avocat de la partie civile prétextant que la diffamation à l'encontre de ses clients étant, il demande une réparation du préjudice subi de 100 millions pour Mme Gbagbo et 50 millions pour William Atteby. Lui emboîtant le pas, le parquet est arrivé à la conclusion que les délits d'offense au chef de l'Etat et la diffamation sont constitués avant de demander à chaque quotidien en cause le paiement d'une amende de 20 millions de nos francs et qu'il leur soit ordonné la publication de cette décision dans leur journaux respectifs.

La plaidoirie

C'est Me Messan qui a d'abord pris la parole pour démontrer que le délit de diffamation n'est pas constitué. Il a été appuyé par son collègue Me Blessy Chrysostome qui lui a démontré que la diffamation est le fait d'imputer des faits (faux ou vrais) à une personne et que ces faits portent atteinte à sa vie privée ou à sa dignité. La preuve des allégations qu'on a passé tout le temps du débat à rechercher n'était pas la solution. Car pour lui la preuve pouvait être apportée et on pouvait avoir affaire à une diffamation comme elle pouvait ne pas l'être. Il a donc déduit que le fait justificatif n'est pas un élément de la diffamation. Se prévalant de ce que l'avocat de la partie civile ai dit que les chiffres que les journalistes ont avancé, pour la période de 7 ans, relèvent de l'impossible, Me Blessy a déduit qu'il est impossible de fonder une diffamation sur un fait qui est impossible. Il a alors plaidé non coupable pour ses clients et demander leur relaxation. A sa suite, Me Traoré et Me Bleoué pour le compte de ??Le Jour Plus'', ont plaidé non coupable pour leur client et demander qu'ils soient relaxés. Nous n'avons pas vu la plainte de Gbagbo, encore moins relever les propos qui ont offensé le chef de l'Etat. Il n'y a donc pas d'infraction ont-ils martelé. C'est sur cette note qu'à 12h40mn, le tribunal a renvoyé le délibéré au mercredi 3 octobre prochain. Espérons que ce jour, le droit et rien que le droit sera dit.

François Kouassi

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