Ce titre aurait pu être celui d'un mythe Greco-Romain, mais hélas ! Loin d'être un mythe, c'est une réalité vécue. Il est 8h 15 ce samedi 21 septembre 2007, il pleut des cordes alors que le Pdci-Rda a programmé un meeting géant à Dabou. Dois-je m'y rendre ou non ? Je suis envahi par le doute. Je décide tout de même de me rendre à Dabou pour voir ce qui va s'y passer. Il pleut fort, je vois à peine à un mètre. Dans la voiture où je suis avec des amis nous supputons sur le meeting du Pdci-Rda, la probabilité de sa tenue ou de son report. Rien ne permet, en effet, d'affirmer de manière absolue que cette géante rencontre aura effectivement lieu, eu égard à l'agressivité des conditions atmosphériques. Nous roulons entre 40 et 50Km/H. La distance entre Abidjan et Dabou semble avoir doublée pour la circonstance. La pluie tombe toujours ; au passage nous avons vu en cours de route trois accidents : un camion, un minicar Dina et un autobus de la Sotra, qui ont failli tomber dans l'Agneby. Mais heureusement il n'y a eu ni morts, ni blessés. En d'autres circonstances et en d'autres occasions pareilles, le sang aurait coulé en abondance pour payer le tribut au diable et aux vampires avec qui on a signé un pacte démoniaque. Mais ici tout est douceur, tout est fraîcheur et apaisement. Après une heure de route, nous voici sur le pont métallique à l'entrée de la ville de Dabou. Il pleut toujours, je n'en crois pas à mes yeux. Les militants du Pdci-Rda sont là, présents comme des fauves affamés, ils attendent imperturbables sous la pluie leur président : N'Zueba. Nous nous sommes alors dit que c'est N'Zueba qui a provoqué cette pluie comme pour respecter la tradition. Les autorités du parti eux attendent sous un abri de fortune ; le hangar du marché aux poissons que les rafales de vent livrent à la pluie comme pour tester leur détermination, leur abnégation. Ils sont là, présents, regardent les jeunes faire sous la pluie. J'en ai le souffle coupé de constater et de me convaincre de ce militantisme ?'sauvage'', sans faille. C'est tout ça, le mythe du sphinx, de ce personnage énigmatique, l'homme du miracle Ivoirien que les militants attendent ce jour. Nous quittons l'espace du corridor de Dabou pour nous rendre en ville à un Kilomètre de là. C'est gâté ! la rigueur du service d'ordre et de sécurité est impressionnante. Nous avons voulu faire de la résistance, mais rien n'y fit. Le service de sécurité est sans appel. Nous avons été déviés sur une autre voie. Une immense foule a pris d'assaut la place Henri Konan Bédié. Une foule inimaginable en ce temps de pluie. Tout le monde patauge mais il est là. Enfants, jeunes adultes et vieux de toutes les religions et des deux sexes confondus. Il est 10h, nous entendons le sifflement perçant d'une sirène, l'alerte est ainsi donnée. Une centaine de voiture constituent le cortège du président du Pdci-Rda. Surpris par l'allure de l'événement et de ce qui se passe, un militant se hasarde : on dirait qu'il est le président de la République la réplique est alors immédiate, un autre militant subjugué par l'ampleur des faits, affirme il est plus que ça, mon ami. . Nous sommes restés muets devant les faits. Comme par enchantement la pluie s'est arrêtée. Henri Konan Bédié fait son entrée à Dabou. La ville est sans dessus, sans dessous. La foule ne résiste plus à l'attente. Le sphinx est à Dabou. Tout le monde veut le voir, le toucher, le saluer. L'hystérie est généralisée. Le sphinx est dans la ville. Je ne résiste pas à ce spectacle. Je veux voir de plus près mais j'ai du mal à me frayer un chemin, je regarde admiratif N'Zueba saluer son peuple. De sa voiture il descend dans la boue, marche et son peuple lui est reconnaissant. L'apothéose c'est son discours programme où il fait la dissection de la situation socio-politique actuelle et propose des solutions immédiates et à long terme pour sortir la Côte d'Ivoire et les Ivoiriens de la misère et de la déliquescence. Ainsi les Ivoiriens sont venus à Dabou pour admirer le sphinx et sont repartis dans l'espérance du ?'progrès pour tous et du bonheur pour chacun'' nous sommes retournés à Abidjan tard le soir stupéfaits et satisfaits de ce que nous avons vu et entendu.
Anoh Katillon