jeudi 27 septembre 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le président ivoirien a annoncé hier à l'ONU que l'Etat était de retour en Côte d'Ivoire. La communauté internationale qui avait pris en main une partie de sa sécurité est même remerciée, avec diplomatie. Le président ivoirien Laurent Gbagbo a profité hier de la tribune des Nations Unies pour évoquer à mi-mot le départ des forces impartiales, devenues inutiles dans le contexte de l'application de l'accord politique signé dans la capitale burkinabé entre lui et son Premier ministre Guillaume Soro. L'accord de Ouagadougou avait déjà recommandé le départ des troupes impartiales, dont les forces françaises sont régulièrement accusées par les Ivoiriens de chercher à déstabiliser l'exécutif ivoirien. La tension entre Abidjan et Paris devient même purement exécrable à l'issue des évènements de novembre 2004 au cours desquels des centaines de chars français massacrent plus de soixante patriotes à l'hôtel Ivoire. Depuis cette date, des Ivoiriens réclament le départ des troupes françaises, y compris le démantèlement de sa base militaire de Port-Bouët.
Le président ivoirien avait jusqu'à ce jour botté en touche sur la question et, en pure tacticien, avait laissé l'accord de Ouagadougou s'en charger. Et même si Laurent Gbagbo ne change pas vraiment de stratégie, on voit bien désormais quelle est sa ligne de conduite. "Avec l'accord de Ouagadougou, la Côte d'Ivoire est aujourd'hui réunifiée et il appartient donc à l'Etat d'assurer l'ordre et la sécurité publics sur toute l'étendue du territoire national", dit-il, après avoir eu la veille à New-York un entretien avec le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy. Laurent Gbagbo a même fait quelque réflexion à la communauté internationale qu'il a invitée à privilégier les solutions de terrain dans les règlements des conflits. L'ONU, à New-York, devant s'organiser à veiller à l'application des solutions retenues par les parties en conflit?. Alors l'ONU dépassée ? Laurent Gbagbo ne le dit pas, mais il est évident que l'exemple ivoirien risque de faire tâche d'huile. Le président de la commission de l'Union africaine Alpha Oumar Konaré a risqué, avant-hier, une sortie plutôt musclée contre les bases militaires, moins utiles que l'argent frais des occidentaux. Laurent Gbagbo qui en a aussi besoin pour reconstruire son pays a demandé à l'ONU de revoir l'indice de sécurité de la Côte d'Ivoire. "En raison du climat d'apaisement qui règne dans le pays, je souhaite que les Nations Unies revoient à la baisse l'indice du niveau de sécurité. La phase 3 ne correspond plus à la réalité", a dit Gbagbo pour encourager la venue des investisseurs dans son pays. Le président de la République a aussi plaidé pour la levée des sanctions contre Charles Blé Goudé, Eugène Djué et Fofié Kouakou. Le président de l'Alliance des jeunes patriotes avait, ces derniers temps, multiplié les coups de sang, son état-major accusant même Gbagbo d'apathie.
Laurent Gbagbo n'avait pas eu droit à pareils honneurs depuis son élection. Mis au banc des accusés pendant de nombreuses années, il a dû se battre à coup de ruses et de tactique contre l'ONU et la France accusés d'avoir essayé de le dépouiller de l'essentiel de son pouvoir.
Sévérine Blé

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