mercredi 26 septembre 2007 par 24 Heures

En sept mois de gestion intérimaire à la tête de la Société nationale des transports terrestres (SONATT), Koné Harouna a pillé les comptes. Au point que les Administrateurs et le personnel de l'entreprise sonnent l'alerte. La SONATT est au bord de la faillite.

La Société nationale des transports terrestres (SONATT) est au bord de la faillite.
Le directeur général par intérim Koné Harouna, lui-même, le reconnaît.
Mais il refuse d'endosser la responsabilité de la mise à mort de la structure dont il a pourtant la gestion.
Ce n'est pas l'avis du personnel et du défunt conseil d'Administration.
Dans un rapport adressé au nouveau président du conseil d'Administration, Gilbert Kato, son prédécesseur tire la sonnette d'alarme sur la gestion hasardeuse du directeur général par intérim.
Un rapport d'une dizaine de pages, énumère les dérapages de l'actuel patron par intérim de la SONATT.
L'ancien conseil d'Administration attire l'attention du nouveau président sur les dangers qu'il y a à garder Koné Harouna aux commandes de la SONATT.
A l'en croire, celui-ci n'a pas la qualification requise pour être à ce poste.
Nous tenons à préciser que nommé dans l'urgence, nous avons demandé au Directeur général par intérim de nous présenter ses diplômes par la suite, pour une régularisation administrative de son dossier.
Force est de constater que jusqu'à ce jour, monsieur Koné Harouna n'a pas daigné donner de suite à cette sollicitation du Conseil d'Administration.
En lieu et place des diplômes demandés, il a fourni un curriculum vitæ faisant mention de diplômes, mais ne précisant ni l'année d'obtention ni les établissements d'enseignement fréquentés.
Ce qui laisse supposer que nous sommes en présence d'un document qui ne retrace pas de façon fidèle le cursus scolaire de monsieur Koné Harouna.
Eu égard à ces constats, nous avions envisagé la procédure de contrôle de l'authenticité de ses diplômes au moyen d'une demande de confirmation adressée aux établissements scolaires qui l'auraient accueilli , a écrit l'ex-conseil d'Administration.
Mais au-delà, le président du conseil sortant a tenu à porter, à la connaissance des nouveaux administrateurs, les actes attestant de la mauvaise gestion des sept mois d'intérim de Koné Harouna.
Les faits portent sur le détournement d'environ un milliard de nos francs des comptes de l'entreprise.
Des recherches étaient en cours pour retrouver les traces des sommes ci-dessous dans les comptes de la société : 375 000 000 Fcfa seraient disponibles dans nos comptes.
Cette information nous a été donnée par le Directeur général par intérim au cours d'un conseil d'Administration.
Vérification faite, cela s'est avéré inexact ; 360 000 000 Fcfa virés par le Trésor sur les comptes de la SONATT.
Vérification faite, aucune trace de ce virement effectif n'a été retrouvée ; 50 000 000 Fcfa virés par le Trésor sur les comptes de la SONATT au titre de la subvention 2007.
Vérification faite, aucune trace de ce virement effectif n'a été retrouvée ; Acquisition de véhicules à usage personnel : nous avons noté qu'en moins de sept mois de fonction, Monsieur Koné Harouna a acquis deux véhicules (un véhicule 4X4 et une BMW X-5) à usage personnel , s'est-il alarmé.
Les actes délictueux commis par le directeur par intérim ne s'arrêtent pas là.
Le conseil a relevé qu'il a effectué des opérations malgré l'opposition du conseil d'Administration.
Il a fait signer par exemple des contrats avec des clauses en or pour certains de ses proches.
Il a octroyé des prêts faramineux à ses proches.
Malgré notre opposition, suggérant d'attendre un meilleur équilibre des comptes financiers de la Société, le directeur général par intérim a pris sur lui d'octroyer des prêts importants à ses proches qui restent à évaluer.
Monsieur le Directeur général par intérim a mis tout en ?uvre pour retarder, sinon empêcher un audit que souhaitait réaliser le ministère de l'Economie et des Finances.
Le directeur général par intérim a octroyé à certains hauts cadres de la société, des clauses particulièrement avantageuses en cas de rupture de contrat de travail hors faute lourde : paiement des droits légaux + 12 mois de salaire brut , a-t-il indiqué.
Le conseil, avant de rendre le tablier, a voulu ainsi alerté son successeur sur les graves manquements orchestrés par Koné Harouna.
En fait, à la SONATT, plus rien ne va sous l'ère du directeur général par intérim.
Et le personnel de l'entreprise a décidé aussi d'attirer l'attention des autorités.
Dans une lettre adressée au nouveau conseil d'Administration le 19 mars denier, le collectif du personnel dit ne plus pouvoir supporter la façon dont Koné Harouna dirige la SONATT.
Le personnel menace de se mettre en grève si rien n'est fait pour stopper le directeur général par intérim.
Le collectif du personnel dénonce, en effet, des affectations arbitraires et des salaires sous pression de certains employés dans le collimateur du directeur par intérim.
Nous pensons que la nouvelle direction générale, étant intérimaire, elle ne peut prendre de telles décisions.
C'est pourquoi nous vous demandons de prendre les mesures idoines afin de remettre de l'ordre.
Faute de quoi, nous nous réservons le droit d'aviser , a menacé le collectif.
Le nouveau conseil d'Administration dirigé par Gilbert Kato est prévenu.
Hervé Akaché ________________________________________________________ Encadré.
Le directeur général par intérim se défend.
Il devrait en principe quitter la direction de la SONATT.
Mais le directeur général par intérim Koné Harouna man?uvre pour conserver son siège.
Après avoir défié le gouvernement sur la question des permis de conduire, il tente d'arrondir les angles.
Depuis quelques jours, il joue sur la fibre religieuse pour garder son poste.
Pour dissuader El hadj Abdallah Mabri Toikeusse de le débarquer, il vient de lui envoyer son oncle Idriss Koudous, président du conseil national islamique.
Le Guide spirituel a été chargé donc de convaincre le ministre des Transports, lui aussi, musulman de fermer les yeux sur les agissements de son neveu, au nom de leur communauté.
Le directeur général par intérim que nous avons rencontré reconnaît ses liens avec Koudous, mais a nié toutes les accusations portées contre lui.
Koné Harouna a expliqué la situation de la SONATT.
Une entreprise selon lui qui est en faillite et qui doit être liquidée.
Pour ce qui est des reproches formulés par le personnel, Koné Harouna a confié que tous les employés étaient responsables devant lui.
Par conséquent, il était en droit de révoquer celui qu'il voulait.
A l'en croire, il a résolu la tension née de sa sortie sur les antennes pour braver la décision de sa tutelle sur les permis de conduire.
C'était juste un malentendu , nous a-t-il confié.
Le directeur général par intérim dit être en contact permanent avec le ministre des Transports Albert Toikeusse Mabri pour recevoir des nouvelles directives concernant l'entreprise.
Entre la tutelle et lui, les choses baignent dans l'huile.
Le ministre est au Canada, je lui ai téléphoné hier parce que je voulais parler de certaines choses avec les journalistes, il m'a demandé d'attendre , a-t-il confié.
Hervé Akaché

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