mercredi 26 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Un arrêté de l'actuel Premier ministre vient de mettre officiellement fin aux activités de la structure chargée de gérer la lutte contre les déchets toxiques.

Suite à l'éclatement du scandale environnemental avec le déversement des déchets toxiques, le Premier ministre d'alors, Charles Konan Banny, avait pris une série de mesures. Au nombre de celles-ci, la création, par arrêté N°171 du 18 septembre 2006, de la Cellule opérationnelle de coordination du plan national de lutte contre les déchets toxiques. 3 missions principales ont été assignées à cette structure. Elle devait coordonner et évaluer l'ensemble des actions menées dans le cadre de la lutte contre la dépollution consécutive au déversement des déchets toxiques dans le District d'Abidjan, garantir plus de cohésion et d'efficacité dans la gestion de la crise des déchets toxiques et mettre en ?uvre, de façon opérationnelle, le plan national de lutte contre les déchets toxiques.

Une gestion jugée opaque
Le 14 septembre 2006, par arrêté N°166 du 14 septembre 2006, le Premier ministre Charles Konan Banny nomme sa directrice de cabinet adjointe, Mme Safiatou Ba N'Daw, présidente de la Cellule opérationnelle. Elle est également coordinatrice du plan national de lutte contre les déchets toxiques que cette cellule devait mettre sur pied. Et à ce double titre, Charles Konan Banny lui a recommandé de ne rendre compte de ses activités qu'à lui seul, même pas à Laurent Gbagbo qui l'a nommé. La consigne étant respectée à la lettre, Mme Safiatou Ba N'Daw était dès lors, libre d'entreprendre tout ce qu'elle voulait, sans que personne n'ait mot à dire. Même pas le président de la République à qui elle se refusait de donner des informations relatives à la gestion de l'opération de lutte contre les déchets toxiques. Ce n'est pas le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, qui dira le contraire, lui qui, le jeudi 10 mai 2007, lors du lancement de l'audit environnemental, au Centre ivoirien anti-pollution (CIAPOL), a fait une révélation de taille. "La situation financière de la cellule était sans lisibilité. Le président de la République n'avait aucune information sur l'engagement financier pris par l'Etat. Les démarches que j'ai moi-même entreprises à sa demande auprès de cette cellule se sont révélées infructueuses", a déclaré Désiré Tagro qui représentait le Premier ministre Soro Guillaume à ce lancement. Aussi a-t-il ajouté que pour avoir des informations, il a dû s'adresser, en sa qualité de porte-parole de la présidence, au ministre de l'Economie et des Finances. C'est ainsi qu'il a appris que la cellule avait demandé un budget de 40 544 502 077 Fcfa. 27 717 533 650 Fcfa ont été engagés et il restait à réunir la somme de 12 826 978 427 Fcfa. Désiré Tagro qui a expliqué que pour le volet Communication, la cellule opérationnelle a demandé et obtenu 265 000 000 Fcfa, a expliqué les raisons qui ont poussé le président à accepter l'accord avec Trafigura, le pollueur. En effet, a-t-il dit, c'est la difficulté à réunir les fonds restants et pour diverses autres raisons, la situation sanitaire précaire et la lenteur judiciaire en ce qui concerne la procédure de dédommagement qui ont justifié cet arrangement. Lequel a suscité une polémique au sein de la population. Même la présidente de la cellule opérationnelle s'est laissée gagner par le vent de la contestation qui a soufflé. Notons que le vendredi 16 février, lors des matinales organisées par le Centre d'informations et de communication gouvernementale (CICG), Mme Safiatou Ba N'Daw, a répondu avec une forte dose de regret que sa cellule n'avait pas été consultée avant que le président ne donne son feu vert pour l'accord avec Trafigura qui a porté sur 100 milliards. C'était à la question d'un journaliste. Sa réaction a été perçue avec ironie par certains observateurs comme une expression de dépit de quelqu'un qui voyait filer sous son nez, une bonne affaire. Comment comprendre, en effet, qu'elle trouvait juste de faire de la rétention d'informations quand le président de la république la sollicitait et qu'à son tour, elle trouvait illogique d'être ignorée dans une affaire initiée par celui à qui elle refusait des informations ? Soro Guillaume a pris ses responsabilités Pour certains membres de la cellule, à savoir des représentants des ministères, cette structure ne fonctionnait plus. A preuve, il n'y avait plus d'activités ni de réunions que la présidente avait mandat pour convoquer. Ainsi les représentants des ministres concernés ne se rendaient plus au siège de la cellule qui, entre temps, avait quitté les locaux de la Primature pour les II-Plateaux, à proximité de l'Ecole nationale d'administration. Cette cellule a continué d'exister bien qu'officiellement, elle avait arrêté tout fonctionnement. Un opérateur de la téléphonie mobile avec qui la cellule opérationnelle avait tissé un partenariat continuait d'émettre ses factures. Et c'est la Primature, qui était chargée de régler les montants qui étaient bien souvent exorbitants. Depuis le mardi 11 septembre, l'actuel Premier ministre, Soro Guillaume a décidé de prendre ses responsabilités. Et ce, en mettant officiellement fin aux activités la Cellule opérationnelle de coordination du plan national de lutte contre les déchets toxiques à travers l'arrêté N° 146/PM/CAB/ du 11 septembre 2007. En son article 2, l'arrêté souligne que désormais, c'est la direction de cabinet adjointe chargée des Affaires générales et institutionnelles qui va exercer la coordination des activités des départements ministériels en rapport avec les déchets toxiques. Evidemment, le présent arrêté abroge les deux pris par le Premier ministre Charles Konan Banny qui portaient nomination de Safiatou Ba N'Daw, présidente de ladite cellule.

JOSIANE BADET

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