mercredi 26 septembre 2007 par Notre Voie

M. Diabaté Bêh est le directeur départemental de campagne du candidat Laurent Gbagbo à Boundiali. Il a effectué récemment une visite de deux semaines dans le département. Dans cet entretient, il fait le point de son déplacement.

Notre Voie : Quel constat avez-vous fait durant votre séjour à Boundiali ?
Diabaté Bêh : Je me suis rendu au village pour vivre les manifestations socio-culturelles que nous avons l'habitude d'organiser pendant les vacances. En tant que politique, j'ai rencontré les populations, plus précisément les militants du Front populaire ivoirien (FPI) pour évoquer un certain nombre de questions politiques. Au terme de ce séjour, j'ai noté trois choses. Sur le plan politique, je puis affirmé qu'aujourd'hui, le FPI se porte mieux qu'avant la guerre dans la zone. Pendant les deux semaines, nous avons pu constater l'affluence de nouveaux militants vers notre formation politique. Cela nous a fait chaud au c?ur.

N.V. : Comment avez-vous fait ce constat ?
D.B. : Nous avons tenu une assemblée générale au niveau de la fédération. A cette occasion nous avons enregistré l'arrivée de nouvelles personnes, prêtes à défendre les idéaux du parti. Ils viennent du PDCI, du RDR, certains sans affiliation politique. Pour me résumer, je dirais donc que le FPI se porte bien. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est d'accroître les chances du parti dans le nord en y mettant des moyens conséquents. Parce qu'une victoire du FPI au nord, c'est la véritable fin de la guerre. Sur le plan administratif, nous avons d'énormes problèmes. Le retour des services de l'Etat se fait attendre. Aujourd'hui, tout se meurt au nord. Il n'y a pas d'école, il n'y a pas de service de santé. En son temps, il y avait un système de bénévolat aussi bien dans l'enseignement que la santé. A l'heure actuelle je puis vous dire qu'il n'y a plus rien de tout cela. Les populations continuent de mourir sans soins. Alors que les classes viennent de rouvrir, là-bas, les élèves et les parents d'élèves ne parlent pas encore du sujet. Les bénévoles, qui donnaient les cours, attendent de recevoir leurs arriérés de salaires. C'est vrai aujourd'hui, il y a une relative liberté de circulation. Mais cela ne cache pas les difficultés qui existent. Partout où nous sommes passés, nous avons payé des taxes aux éléments des Forces nouvelles. Pour rentrer à Korhogo, il faut payer 400 F, et le ticket n'est valable que 24 h. Les gros camions paient plus. L'autre constat est la mort de l'économie. La situation économique est mauvaise. Cette année, les parents ont refusé de cultiver le coton. Ils soutiennent que tout le temps qu'a duré la crise, ils n'ont rien eu. Des gens ont pris leurs produits, mais ils n'ont jamais reçu le moindre centime.

N.V. : Votre constat n'est-il pas trop alarmiste ?
D.B. : Il y a plus qu'une urgence au nord, pour le redéploiement des services de l'Etat. Les grands espoirs qu'ont nourris les populations au lendemain de la cérémonie de la flamme de la paix sont en train de se transformer en désespoir. Lorsqu'on dit aux gens que la guerre est finie, ils te disent, laisse tomber ça. Les hommes politiques répètent ce discours à longueur de journée, mais les jeunes gens sont toujours sur la route pour nous fatiguer.

N.V. : Quel message politique avez-vous livré aux populations ?
D.B. Nous avons livré un message d'espoir. Nous avons fait comprendre que bien qu'il y ait des problèmes, la sortie de crise est un processus. Les choses ne vont pas au rythme souhaité, mais la crise passe. Aujourd'hui, il n'y a plus de situation de belligérance. Les militaires sont résolument engagés dans la voie de la paix. J'ai pris l'engagement de faire l'écho des préoccupations des populations auprès des pouvoirs publiques, afin q'une solution soit trouvée le plus rapidement possible. A ce niveau de mon intervention, je voudrais attirer l'attention des uns et des autres sur un fait. Les émissions de la radio et la télévision nationale ne sont pas suivies au nord. Je pense que ce n'est pas normal. Tout le temps que j'ai passé, j'étais sans nouvelles du pays. Il faut que quelque chose soit fait rapidement à ce niveau. Les villageois prennent beaucoup de plaisir à écouter ceux qui viennent d'Abidjan, parce qu'ils ont soif d'informations.

N.V. : Comment le Front populaire ivoirien et les autres formations politiques fonctionnent aujourd'hui sur le terrain ?
D.B. : Le FPI est en restructuration de ses sections à Boundiali. Avant la guerre, nous avions des responsables qui étaient des fonctionnaires originaires du sud et des autres régions. Ils ont fui la zone avec le déclenchement du conflit.Vous comprenez qu'on soit aujourd'hui dans une situation inconfortable. Après cela, nous allons voir, et je ne vous apprends rien que le parti est la colonne vertébrale de la campagne du candidat Laurent Gbagbo. Nous allons voir, dis-je, ce qu'il faut faire, pour que la campagne électorale soit bien menée. Comme je l'ai indiqué plus haut, les rapports humains se sont nettement améliorés. Ceux qui étaient leurs bourreaux d'hier sont devenus pour la plupart d'entre eux, des amis ou des camarades. Certains ont réaffirmé leur volonté de faire campagne pour le FPI aux prochaines élections. Certains anciens rebelles ont pris leurs cartes de militants au FPI.

N.V. : Qu'en est-il des autres partis ?
D.B. : Nous échangeons également avec les camarades, les choses se passent bien. Nous avons convenu avec certains de faire un travail pour changer l'image négative de Boundiali, aujourd'hui vu comme une ville où il y a la violence.




Interview réalisée par César Ebrokié

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