mercredi 26 septembre 2007 par Fraternité Matin

Sékongo présente, depuis vendredi,
une exposition sur le parcours du Président Gbagbo.
S'appeler Sékongo Nagnéhé, être né à Korhogo, plus précisément à Tioroniaradougou, de ce Nord latéritique, où la mer-soleil, et le sol infécond semblent contrarier tous les rêves, ne sont guère des critères suffisants pour rêver d'être, un jour, photographe du Président de la République. A la limite, photographe d'un chef de village, à l'occasion, rarement, pour ne pas dire du tout; ou de quelques visages anonymes d'un petit bled sans référence. Reste que pour y accéder, tout peut reposer sur quelque chose de tout à fait insignifiant, dont on s'imagine difficilement qu'elle puisse hisser au rang des privilégiés de la République: la chance! Ce ne sont pas mes efforts personnels. C'est une grâce de Dieu, dit, modeste, ce gaillard de 1,78m pour 95 kilos. Cette grâce, un jour, d'un mois de 1995: J'étais parti chez lui (le Président Gbagbo n'était encore que l'opposant, président du FPI) pour une interview en compagnie du journaliste de La Voie du Groupe Nouvel Horizon, Maurice Lorougnon. Maurice a fait la présentation qu'il venait de débaucher un photographe de Soir'Info. A son tour, le Président a dit qu'il avait remarqué depuis un certain moment, qu'il y a un changement qualitatif au niveau des photos de La Voie. Il a apprécié par la suite l'interview, et les photos, et a demandé à mes patrons de me laisser venir faire ses reportages.
Ainsi commence l'aventure de l'enfant de Tioroniaradougou; lui qui a échappé aux gigantesques dabas qui tentent de contraindre, à coups de ahan, sous la mer-soleil, les sols latériques de son terroir pour prendre en main, son destin ; destin d'historien, capteur ou chercheur d'images à immortaliser, lui qui n'avait eu, jusque-là, que des rêves réalistes de simples gens, à défaut d'être ce qu'ils avaient souhaité d'être: Je voulais être historien. Et comme je n'ai pas pu le devenir, je me suis dit qu'avec la photo, je pouvais me rattraper. Même si ce n'est pas le travail des historiens, les photos sont des choses qui peuvent rester dans l'histoire?
Coïncidence? L'historien Gbagbo et le photographe qui rêvait de faire de l'histoire, Sékongo, se sont rencontrés. Le premier, de son verbe et de ses écrits, saisit le temps présent qui passe, ou restitue le passé; et le second saisit dans l'instant fugitif la réalité. Une histoire d'admiration réciproque, sans doute, les lie, depuis. Et cette bague d'alliance, scellée depuis 1995, brille de ses mille flashes, à travers les périples de celui qu'il sert avec une admiration et pointe de dévotion. C'est que sa fascination pour cet homme devenu le Premier citoyen du pays, ne date pas de l'âge du tapis rouge, mais bien avant, comme bien avant les époques de braise: J'ai entendu parler de lui depuis 1983. Avant le multipartisme. Il y avait des choses qu'il disait qui me plaisaient beaucoup. Je l'ai suivi par rapport à ses prises de positions. Et je n'avais jamais pensé qu'il serait devenu, aujourd'hui, Président ; même si je me retrouvais en ce qu'il disait. Charisme d'opposant.
Il a connu, auprès de lui, dans ses tournées, dans les coins et recoins du pays, les durs moments aussi de l'opposant, le calvaire du photographe de l'opposant: Quand on suit un homme politique qui est surtout dans l'opposition, vous êtes d'office en face des gens qui ne vont pas rire avec vous. Nous étions préparés à cela. Nous, il y a des choses qu'on ne pouvait pas leur faire étant au pouvoir. Souvent dans les tournées, on a connu des coupures de courant, pour cafouiller le meeting. On a subi de tels désagréments plusieurs fois... C'était hier: Nous, nous n'avons pas oublié; nous avons pardonné. Nous devons oublier pour avancer. Sa vie, rythmée au calendrier de son Super Grand Patron. Chaque jour, avant de rentrer à la maison, je consulte son programme du lendemain. Au réveil, je le vérifie. Il a parcouru le monde et fixé pour l'éternité du temps ses périples d'ici et d'ailleurs, en somme, presque tous les instants de l'opposant devenu Président de la République: La photo fait partie de l'histoire; elle me permet de montrer là où le Président est passé. Aujourd'hui, même ceux qui ne l'aiment pas, savent que ce n'est pas n'importe qui dans l'histoire de la Côte d'Ivoire. Il garde en souvenir les images mémorables de son premier voyage en France, après l'accession au pouvoir de Laurent Gbagbo: Je me suis dit : Dieu merci! On a souffet dans la brousse; on est dans une grande ville. C'était comme si on était au paradis. J'étais heureux de le voir sur le tapis rouge, avec tous les honneurs. Je revois ces images, avec beaucoup d'émotion. Je me dis: est-ce que je rêve? Est-ce de la réalité?. Grandeur et honneur du pouvoir! Au Palais de la Culture, celui dont la seule admiration se résumait à son cousin photographe, qui l'initie à cet art, a décidé de nous montrer, tout cela, à travers une exposition-photos intitulée: SEPLOU: C'est son nom. Dans sa région natale, les gens le connaissent mieux sous le nom Gbagbo Séplou.
Plus de 300 photos qui retracent, avec le concours des photographes Alain Tieffi et Soro Néhélo, la riche vie de Laurent Gbagbo, La force d'un destin, pour paraphraser le titre du document précieux réalisé sur le parcours de Gbagbo par l'émérite cinéaste Henri Duparc (Paix à son âme). Un hommage à celui qui aime les photos, qui a aimé ses photos, l'oiseau-éclaireur Laurent Gbagbo. Coulisses
SEPLOU. Pour suivre le parcours photographié du Président Laurent Gbagbo dénommé Séplou et qui fait l'objet d'une exposition jusqu'au 27 septembre au Palais de la culture, aujourd'hui mercredi, à 15h, ce sera au tour du général de division Philippe Mangou, chef d'état-major, d'y conduire les Forces de défense et de sécurité. D'ailleurs, le commissariat de l'exposition a été reçu avant-hier à l'état-major au camp Galliéni du Plateau par le général Mangou aux fins de coordonner l'évènement. Toute la haute hiérarchie militaire de tous les corps ainsi que les soldats des différents grades seront de la partie.

Michel Koffi

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