mercredi 26 septembre 2007 par Fraternité Matin

Aujourd'hui, mercredi 26 septembre 2007. Bien qu'elle ait lieu à des milliers de kilomètres, l'intervention du Président de la République de Côte d'Ivoire, à New York, intéresse aussi bien les Ivoiriennes et Ivoiriens d'ici et d'ailleurs, que tous les amis de la Côte d'Ivoire. Toutes et tous savent précisément, en ce mois de septembre 2007, après 5 longues années de guerre et de crise, ce que recouvre et procure la paix. Aussi aspirent-ils, tous, à la paix, même si les mots justes pour le dire et les moyens d'y parvenir sont divers. Même si, curieusement, d'autres empruntent des voies détournées et, parfois, déconseillées par le plus grand nombre. Toujours est-il que ce qui se passe à New York, depuis samedi dernier, voudrait être, à la fois, la suite logique et l'équivalent de ce qui s'est déroulé à Bouaké. Le suspense et la fièvre qui ont entouré les préparatifs de la cérémonie de la Flamme de la paix se sont déplacés au siège de la Communauté internationale. Après s'être battu avec les Forces nouvelles, Laurent Gbagabo est allé dans leur fief déclarer la fin des hostilités, le 30 juillet 2007. Après de nombreuses résolutions onusiennes, et autres, qui ont connu une application difficile, après l'Accord de Ouaga qui poursuit son petit bonhomme de chemin, Laurent Gbagbo se retrouve, aujourd'hui, au c?ur de la Communauté internationale. Pour sceller la paix avec elle aussi.
Paix à l'intérieur, avec Soro Guillaume et le Rassemble-ment des Houphouétistes pour la démocratie et la paix, RHDP. Paix à l'extérieur, avec Ban Ki-moon et les chefs d'Etat considérés par Abidjan comme des opposants à la politique de Laurent Gbagbo. Aux yeux des populations, réussir à New York ce que le Président de la République a obtenu de Bouaké serait conclure la paix totale. La paix sans frontières. Aux yeux des habitants de la Côte d'Ivoire, réaliser la paix totale équivaudrait au réchauffement des relations humaines et d'affaires tous azimuts; au respect du droit, du devoir, de la justice et de la légalité; à la reconnaissance de leurs propres forces et faiblesses. Toutes choses qui ont été régulièrement portées absentes au tableau du quotidien, de septembre 2002 à septembre 2007. La présence du Président Laurent Gbagbo à l'Assemblée générale de l'ONU marque la volonté de la Côte d'Ivoire d'aller à la rencontre du monde entier, son désir de s'expliquer et d'expliquer le chemin parcouru et, surtout, le processus de paix et la réaffirmation de ce qu'aucun pays ne peut vivre en vase clos. La Côte d'Ivoire ne peut pas se passer des autres. Quels qu'ils soient. Et les autres le savent. Ils ne peuvent pas non plus se passer d'elle. Quelle que soit sa taille. La nuit des conflits a beau être longue, le jour de la réconciliation définitive est en train de poindre à l'horizon. Du moins, il faut l'espérer et le souhaiter. En ne se posant aucune question, en n'étant habité par aucun doute et en effectuant le déplacement de New-York avec beaucoup d'entrain, Laurent Gbagbo traduit la volonté des populations, et la sienne propre, de briser l'épais mur de méfiance dressé depuis 5 ans, entre la Côte d'Ivoire et la Communauté internationale. Que Laurent Gbagbo n'ait été ni précédé ni accompagné de commentaires désobligeants atteste de ce que la classe politique, pourrait-on le soutenir, lui souhaite une bonne mission, une mission sans accroc. Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) a choisi de se rendre à Dabou, le week-end dernier. Le président du Rassemblement des républicains (RDR) est attendu demain à Abobo. Le président de l'Union pour la démocratie et la paix de Côte d'Ivoire (UDPCI) revient d'une tournée politique. Pendant que le clou du séjour new-yorkais du Chef de l'Etat réside dans la journée d'aujourd'hui, mercredi 26 septembre 2007. Même si Laurent Gbagbo et Ban Ki-moon ont eu un tête-à-tête; même si le Président des Etats-Unis et le secrétaire général de l'ONU ont, chacun, offert une réception aux participants de l'Assemblée générale de l'ONU, même si les conférences sur les changements climatiques, sur la paix et la sécurité en Afrique sont considérés, à juste titre, comme des défis à relever par les gouvernants; même si ces rencontres au sommet ont été des occasions pour les grands invités de se côtoyer et de se parler, c'est véritablement ce jour, mercredi 26 septembre 2007, qui est considéré comme la journée de la Côte d'Ivoire. C'est ce mercredi que la parole est donnée à la Côte d'Ivoire, elle qui ne s'est pas fait entendre au plus haut niveau, depuis longtemps, selon les propres termes du Président Laurent Gbagbo. C'est donc aujourd'hui que le Chef de l'Etat prend solennellement la parole pour s'adresser à ceux qui dirigent l'ONU et ses institutions, à ceux qui, comme lui, sont à la tête d'un Etat, à tous les décideurs de ce monde pour dire ce dont on a besoin et ce dont on n'a pas besoin. La Côte d'Ivoire et son Président se savent attendus, très attendus. En pareille circonstance, les mots et les tournures auxquels l'on a recours habituellement ou qu'on a l'habitude d'entendre, prennent des proportions parfois bien inimaginables. Les gestes et les réactions qui les accompagnent deviennent plus significatifs qu'ils ne l'ont été jusque-là. Laurent Gbagbo sera face aux femmes et hommes qui le connaissent bien. Face à d'autres qui n'ont qu'entendu parler de lui. Le Chef de l'Etat sera aussi face aux décideurs qui partagent sa vision du monde. Et face également à ceux qui sont opposés à sa manière de voir les choses de ce monde en perpétuel mouvement.
En peu de temps, il faut réussir à passer les messages essentiels qui, pour un pays qui sort de crise, sont nombreux.
Autant l'avenir de la Côte d'Ivoire s'est joué jusqu'à hier, autant il se joue encore et davantage ce mercredi. Quelques instants pour capter l'attention de femmes et d'hommes aux intérêts divers. Pour rallier des positions. Pour ôter un doute. Pour renforcer des convictions. C'est pourquoi les Ivoiriens croisent les doigts. Eux au nom desquels le Président de la République prend la parole Eux dont le message, sur les lèvres du Président Laurent Gbagbo, s'adresse aussi bien aux gouvernants qu'aux décideurs économiques. Eux qui rêvent d'une paix totale, sur toute l'étendue du territoire, mais aussi avec les Etats frères et amis, avec les institutions régionales et internationales.
Et y parvenir sera la preuve que le Chef de l'Etat, dans un processus de sortie progressive de crise, donc délicat par nature, aura réussi le pari de parler avec le c?ur de 20 millions d'habitants, d'exprimer les soucis de son peuple, de traduire les préoccupations de toutes les sensibilités en présence. FPI, PDCI, RDR Forces nouvelles, nord, sud, est, ouest, centre. Mais, comment tenir un discours dans lequel tous se reconnaissent?
Dans tous les cas, une prestation de cette dimension ne s'analyse pas seulement au moment où elle se déroule. L'appréciation, que les observateurs attentifs en font, intègre aussi bien les éléments précurseurs que les réactions qui en découlent. C'est pourquoi rien ne doit être négligé, ni au jour J ni au lendemain du temps de parole du Président de la République. Ce qui est en jeu, ce jour, dépasse la seule personnalité de Laurent Gbagbo. C'est toute la Côte d'Ivoire qui, après s'être réveillée de bonne heure, saute du lit, fait sa toilette, prend un bain, se présente à la face du monde, défend ses chantiers et ses projets. En espérant trouver une oreille attentive auprès des partenaires au développement. Pour financer sa santé malade, pour renvoyer en classe l'école buissonnière. Pour donner du travail aux sans-emploi

Par
Alfred Dan-Moussa

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