mercredi 26 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Le discours que devrait tenir Laurent Gbagbo devant la 62e Assemblée Générale de l'ONU est-il un évènement en soi ? Le monde entier attend-il vraiment ce discours d'un Chef d'Etat qui s'est plutôt distingué comme un mauvais élève, un rebelle à la communauté internationale au cours de ces dernières années ? Sous quel regard les chefs d'Etat et de gouvernement, présents à New York, observeront-ils ce Laurent Gbagbo qui a refusé d'appliquer toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU dans le cadre du règlement de la crise ivoirienne ? Gbagbo peut-il encore tromper le monde après les récentes sorties de Bédié et de Ouattara qui ont largement instruit le monde sur la vraie nature du chef de l'Etat ivoirien ?
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Koudou Gbagbo n'est pas un invité spécial à cette 62e Assemblée générale des Nations Unies. Il n'y est pas non plus particulièrement attendu. La vérité, c'est que les 192 Etats du monde qui ont adhéré à la charte de l'ONU sont d'office membres et invités à toutes les assemblées générales de cette organisation mondiale. C'est pourquoi, certains présidents comme le souverain iranien, en rupture de ban avec la communauté internationale, peut aller à New York et s'adresser au monde depuis la tribune de l'ONU. Le fait que Gbagbo soit donc présent et prenne la parole à la tribune des Nations Unies ne relève en aucune manière d'une prouesse diplomatique particulière ou de son come-back sur la scène internationale. Tous les Chefs d'Etat, même les plus infréquentables de la planète, y ont droit. Au demeurant, la prise de parole ne dure que 10 à 15 minutes maximum. Et si vous n'êtes pas un Chef d'Etat respecté, si votre pays n'est pas considéré et si votre diplomatie n'est pas assez efficace en matière de Lobbying, votre chef d'Etat peut parler au moment où la salle est vide. Si on ne vous considère pas et si les gens n'éprouvent aucun intérêt à vous écouter, vous risquez de parler devant une assemblée clairsemée. Hier, la plupart des pays importants du continent ont parlé. Mais la question fondamentale ici reste de savoir si Laurent Gbagbo peut redorer son blason en 10 minutes de parole de l'AG de l'ONU. Peut-il convaincre les Chefs d'Etat et l'ONU qu'il a défiée il n'y a pas plus de 10 mois sur sa bonne foi, sur sa volonté d'aller à la paix ?
Le chef de la refondation a un casier bien connu à l'ONU. Il a une réputation pas très enviable au sein de l'organisation mondiale. En septembre de l'année dernière, il avait refusé de déférer à une convocation de l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui se proposait d'organiser une réunion d'évaluation du processus de paix en Côte d'Ivoire avec les principaux acteurs de la crise ivoirienne. De plus en novembre 2006, Gbagbo avait refusé de se soumettre à la résolution 1721 du Conseil de sécurité, accusant l'ONU de jouer les putschistes contre son régime. On devine qu'aujourd'hui, pour espérer attirer l'attention de la communauté internationale, Laurent Gbagbo va parler de nouvelle trouvaille, l'accord de Ouaga. Un autre accord qu'il avait promis faire appliquer en 10 mois mais qui tarde à décoller sur le terrain. Les audiences foraines qui devraient démarrer il y a 3 mois, ont connu un début symbolique, hier, dans les localités d'origine de Gbagbo et de Soro, Ouragahio et Ferké. Quand on sait qu'il y a 3,5 millions d'Ivoiriens concernés par cette opération qui doit s'achever dans 3 mois maximum, on peut conclure que les 2 belligérants sont tout, sauf pressés.
Le travail de Bédié
et de Ouattara
Au-delà de la réputation de Laurent Gbagbo que tout le monde connaît sur la scène internationale, il faut dire que les récentes sorties des présidents Bédié et Ouattara ont largement permis à la communauté internationale de se forger une idée très précise sur le processus de paix actuel. A Dabou, le week-end écoulé où il s'est exprimé sur la situation socio-politique nationale, le président Henri Konan Bédié a dénoncé comment après avoir détruit ce pays et son image, Gbagbo man?uvre pour ne pas aller aux élections. Le président du PDCI a retracé la longue histoire des accords de paix et des résolutions du Conseil de sécurité que celui qu'il qualifie de "président usurpateur" depuis un certain 30 octobre 2005, refuse d'appliquer. Il a tenu à attirer l'attention des uns et des autres, en d'autres circonstances, qu'il existe un écart considérable entre ce qui est promis et ce qui est effectivement réalisé. Le président du RDR, Alassane Ouattara, est lui aussi depuis un moment très offensif sur le terrain. Il réclame une et une seule chose, les élections. Il prépare ses militants à cette éventualité. Samedi dernier encore, devant ses militants, le président des républicains a rappelé que "la présidentielle doit être l'unique priorité de tous les militants du RDR à l'heure actuelle". Mais avant, le président Ouattara a honoré deux importants rendez-vous avec ses militants de la diaspora, aux Etats-Unis et en France. A ces occasions, la Côte d'Ivoire et l'accord de Ouaga étaient au centre des débats. Le président du RDR a expliqué, arguments et exemples à l'appui, comment Gbagbo et le FPI font des pieds et des mains pour retarder les élections en Côte d'Ivoire. Les échos de ces différentes rencontres sont parvenus jusqu'aux oreilles du monde grâce au pouvoir magique de l'Internet et de la presse. De sorte qu'aujourd'hui, Gbagbo peut parcourir des milliers de kilomètres, traverser l'atlantique, mais il ne peut tromper personne sur la réalité de la situation politique en Côte d'Ivoire.

Akwaba Saint Clair

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