mardi 25 septembre 2007 par Flashafrik

Quelques heures seulement après l'explosion de sa dernière bombe musicale, l'une des mines d'or du zouglou, Soum Bill, s'est confiée à Flash afrik. Son nouvel album, les blessures de la Côte d'Ivoire, sa famille sont au compteur. Sur un ton direct et franc.

Tu viens de sortir un nouvel opus. Peut-on en avoir une idée ?
Oui, c'est l'album Que la lumière soit! Nous l'avons préparé pendant près de 4 ans. C'est mon troisième album solo et il comporte 14 titres.
Pourquoi 4 ans pour préparer un album ?
On a mis ce temps pour trois raisons. D'abord, la situation de crise qui ne favorise pas une commercialisation efficiente de nos ?uvres, ensuite, les nombreuses sollicitations qui bouffent mon temps. Enfin, on voulait un album très mature. Il nous fallait par conséquent trouver un timing entre deux concerts, et des musiciens à la hauteur de l'objectif.
Que la lumière soit, est un titre évocateur
C'est une parole biblique qui incarne aujourd'hui l'espoir par rapport à la société dans laquelle on vit. Que la lumière soit, pour que toutes les vibrations négatives qui polluent notre univers soient effacées.
Où a été arrangé l'album?
Les arrangements ont été faits à Abidjan et à Paris. Tout le mastering a été fait en France.
Qui est derrière Soum Bill pour ce produit ?
Il y a du monde derrière moi. Je veux dire les maisons qui ont travaillé sur l'album en terme de production, il y a aussi les managers, la structure Plus prod et les fans qui nous donnent toujours une forte envie de nous battre et nous surpasser.
Quelle est la différence entre toi et les autres artistes zouglou ?
Bof, je ne sais pas quelle est la différence. Je pense tout simplement qu'il appartient au public d'établir la différence.
Tes textes sont incisifs. Doit-on en déduire que tu es un artiste engagé ?
On peut le dire mais moi, je me vois plutôt comme un artiste concerné par un certain nombre de faits qui entravent l'évolution positive de l'espèce humaine. Chez moi, l'humanité est une passion. Je me préoccupe des aspirations, des cris des faibles pour proposer ce qui peut permettre d'améliorer leurs conditions de vie. C'est ce qui explique que tout le monde se retrouve dans mes chansons. Devant des maux, des problèmes qui persistent, il faut des paroles fortes.
Les paroles seules ne suffisent pas. Soum Bill joint-il l'acte au discours ?
Absolument, sinon notre combat n'a pas de sens. Ça m'arrive souvent de prendre des coups sur certains cas mais le plus important pour moi, c'est de partager le minimum qu'on a et pouvoir toujours incarner cet espoir-là. Si le geste ne suit pas les paroles, on est faux envers nous-mêmes et donc faux envers les autres.
Qu'est-ce qui a provoqué le clash du groupe les Salopards ?
C'est l'immaturité. Un groupe qui sort de nulle part, sans encadreur de coffre, et qui est tout de suite propulsé au devant de la scène, il fallait être solide dans la tête. Ce qui a fait défaut. Avec le recul, on se dit que ce sont des choses qu'on aurait pu éviter. Mais, tout ce que Dieu fait est bon, l'essentiel a été sauvegardé, c'est-à-dire l'amitié.
Tu as dit dans l'une de tes anciennes chansons : Trop de frustrations amènent la révolution. C'était presque une prophétie ?
Il y a eu beaucoup de prophéties. Un artiste est comme un scanner pour la société. On entend, on regarde, on voit. Je crois que la Côte d'Ivoire est arrivée à l'inévitable. On a posé des actes qui ont eu des répercutions. Nous avons vu les choses venir. Malheureusement, rien n'a été fait pour les éviter. Il va falloir que les gouvernants fassent désormais attention à ce que nous chantons.
Qu'ils ne passent plus leur temps à nous traiter comme des blakro qui traînent dans la ville. Forcement, Dieu nous parle parce que c'est lui qui nous inspire. Pour fêter sa victoire, Nicolas Sarkozy s'est entouré que d'artistes. Ça veut dire ce que ça veut dire. Nous sommes le reflet d'une société. Nous tirons la sonnette d'alarme.
Où passes-tu tes moments de détente ?
Souvent je suis à la plage pour m'inspirer ou je reste devant la play station. A part ça, je suis au maquis de mon manager Jaguen Aboué, pour regarder et écouter les autres.
Sur ta table, que trouve-t-on régulièrement.
Le riz à la sauce aubergine.
Ton animal domestique ?
J'aime bien les chiens mais j'en ai peur.
Que t'inspire la flamme de la paix ?
L'espoir. J'ose espérer que tout ça n'est pas du pipo. On en avait vraiment besoin. C'est vrai qu'il y a beaucoup de plaies à cicatriser mais c'est un acte important. Mais il ne s'agit pas que de brûler les armes. Il faut laisser les gens parler, extérioriser ce qu'ils ont emmagasiné. C'est inévitable qu'on évacue toutes ces énergies. Les acteurs de la crise doivent persister dans la voix de la réconciliation. On ne peut pas faire autrement.
Soum et le mariage ?
Je me marie très bientôt. Ma compagne est adorable. Nous avons des enfants, ça se passe bien.
Quel est le plus grand enseignement que tu retiens de la vie ?
La vie m'a appris qu'il faut être franc jusqu'au bout. Quand vous pouvez faire quelque chose, dites-le. Quand vous ne le pouvez pas, avouez-le, ça évite beaucoup de désagréments. Aujourd'hui, plus que jamais, je suis sincère dans tous mes rapports. Il faut être en harmonie avec soi-même.

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