lundi 24 septembre 2007 par Fraternité Matin

Le Président de la République a informé samedi, ses compatriotes vivant aux États-unis, sur l'évolution du processus de paix. Un message empreint d'espoir. La grande salle du somptueux hôtel Waldorf Astoria, à Lexington avenue de New York, était pleine de monde ce samedi, en fin de journée. Arrivé dans la matinée pour prendre part à la 62ème assemblée générale des Nations unies, le Chef de l'Etat y rencontrait ses compatriotes qui sont arrivés de plusieurs villes américaines pour l'entendre.
Aux Ivoiriens qui, selon l'ambassadeur Ilahiri Alcide Djédjé, Représentant permanent de la Côte d'Ivoire auprès de l'ONU, souhaitaient l'écouter depuis le depuis de notre crise, Laurent Gbagbo a tenu des paroles d'espoir. Nous avançons à grands pas aujourd'hui, a-t-il affirmé pour saluer l'Accord de paix de Ouagadougou conclu le 4 mars dernier. Car vingt-deux résolutions onusiennes et de nombreux accords conclus sous les auspices de l'ONU à Linas-Marcoussis, Accra, Pretoria n'ont pas permis de faire revenir la paix dans notre pays. En quatre ans, aucun des deux Premiers ministres (Seydou Elimane Diarra et Charles Konan Banny) imposés n'ont réussi à résoudre la crise armée. Leur talon d'Achille, selon Laurent Gbagbo, est qu'ils n'avaient aucune prise ni sur lui-même, ni sur la rébellion. C'est pourquoi il a pris sur lui de demander, le 19 décembre 2006, le dialogue direct pour discuter avec ceux qui détiennent les armes. Grâce à cette compilation des concessions obtenues, de part et d'autre, entre les belligérants sous la facilitation de Blaise Compaoré, la rébellion a pris sa place au sein du gouvernement, et on avance. Il y en a qui parlent, parlent. Parler est facile, agir est difficile, s'est élevé Laurent Gbagbo pour condamner les commentaires acerbes tendant à relever les lenteurs de l'opération, avant de saluer les progrès réalisés depuis mars dernier et qui marquent la réunification du pays: démantèlement de la zone de confiance, destruction de 2500 armes à Guiglo (siège des groupes d'autodéfense de l'Ouest) et à Bouaké (fief de la rébellion) qui marque le début du désarmement, organisation des examens sur l'ensemble du territoire national au même moment et avec les mêmes épreuves, redéploiement des préfets et des magistrats. Nous marchons à grands pas vers la paix, a-t-il insisté sous les hourrah et vivats des Ivoiriens tous acquis au Chef de l'Etat. Cependant, tout n'est pas fini et tout n'est pas achevé, a reconnu Laurent Gbagbo. Plusieurs chantiers sont en souffrance: le déploiement, sous la supervision du Centre de commandement intégré (CCI), des forces mixtes sur l'ensemble du territoire pour garantir la sécurité des populations et des biens; l'organisation des audiences foraines. Sur ce dernier point, il a fait les précisions suivantes: ceux qui ont émigré aux USA et leurs enfants qui y sont nés ne sont pas concernés, car n'obéissant pas aux conditions requises (n'avoir jamais été déclaré à l'état civil et être né sur le territoire ivoirien). Ces audiences foraines ne devraient pas concerner beaucoup de personnes, a-t-il assuré, rejoignant Pascal Affi N'Guessan, président du FPI, qui évalue le nombre de personnes concernées à 300 mille, loin des 3,5 millions avancés par certaines chapelles politiques.
Des consignes strictes et claires ayant été données aux magistrats et au corps préfectoral, Laurent Gbagbo ne craint aucune fraude sur l'identité ivoirienne. Les fausses déclarations ne serviront à rien. Elles seront découvertes et annulées, a-t-il prévenu. A partir de cet instant, les listes électorales de 2000 seront mises à jour en rayant tous les cas de décès et en prenant en compte ceux qui ont acquis la majorité en vue des prochaines consultations générales. Le Chef de l'Etat a relevé les supputations qui vont bon train sur la date de la présidentielle. Le Cadre permanent de concertation (CPC) a proposé le premier trimestre 2008 quand la Commission électorale indépendante (CEI) la prévoyait au plus tôt en octobre 2008.
Aux yeux du Chef de l'Etat, cette guerre des dates montre que certains ne veulent pas aller aux élections alors que d'autres, comme lui, sont pressés d'en découdre. Sans compter que, selon lui, certains de ses adversaires ne sont pas des démocrates. Celui qui va à une élection et qui ne prend pas en compte la dimension de l'échec n'est pas un démocrate. S'il ne l'a pas cité nommément, Laurent Gbagbo fait, sans doute, allusion à Alassane Ouattara, président du RDR, qui déclare sur tous les toits qu'il est le prochain Président de la République.
Pour toutes ces raisons, le Président de la République sollicite donc le soutien actif et ferme de la communauté internationale pour conduire à son terme le processus de paix. Je suis venu participer à cette assemblée générale parce qu'il y a longtemps que la Côte d'Ivoire ne s'est pas fait entendre au plus haut niveau. La Côte d'Ivoire est debout. Elle a mis un genou à terre, mais elle ne s'est pas effondrée, a-t-il insisté avant de dénoncer les peaux de banane: Il faut qu'on nous laisse avancer. Je vais dire ce dont on a besoin et ce dont on n'a pas besoin dans cette évolution.
En attendant, il a demandé au ministre Youssouf Bakayoko des Affaires étrangères de réveiller la direction des Ivoiriens de l'étranger qu'il a créée pour deux objectifs: primo faire rentrer les Ivoiriens qui ont émigré et secundo, attirer les investissements de ceux qui sont à l'étranger. En outre, s'inspirant de la théorie de l'économiste Keynes et de l'expérience américaine Roosevelt avec ses brain trust, il a lancé des grands travaux. Il s'agit du transfert de la capitale qui se déroule à Yamoussoukro et bientôt de l'agrandissement du port autonome d'Abidjan. Nous sommes en plein travail, a-t-il conclu.

Ferro M. Bally
Envoyé spécial à New York

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