samedi 22 septembre 2007 par 24 Heures

Le gouvernement dont l'on attend toujours qu'il trouve une solution dans l'urgence, à la hausse anarchique des prix, a préféré sévir contre le monde de la santé. Aux termes de son Conseil des ministres du jeudi, ceux-ci seront privés de leurs salaires.

J'ai vécu la grève des médecins comme une phase de la guerre?.
En s'exprimant ainsi le 14 septembre dernier, au lendemain des neuf jours de grève des cadres supérieurs de la santé, le chef de l'Etat Laurent Gbagbo n'entendait pas si bien prévenir, lui qui n'est pas homme à reculer.
Comme il avait sorti, le 19 septembre 2002, l'épée face à la rébellion, Laurent Gbagbo vient de sortir le bistouri contre les médecins.
Bistouri pour bistouri ! Les médecins et assimilés qu'il n'avait pas hésité à qualifier de criminels?, ne toucheront pas leurs salaires du mois de septembre pour certains, selon le verdict du gouvernement qui est tombé le 20 septembre dernier.
Le Conseil des ministres a décidé d'une réduction du salaire dans la proportion de quinze (15) jours pour les cadres supérieurs de la santé ainsi que pour les stagiaires ayant observé un arrêt de travail sans respect du service minimum, dans le cadre de la grève déclenchée le 04 septembre 2007 et de la suppression du salaire au titre du mois de septembre 2007 pour tous les membres du Bureau National du SYNACASS-CI?.
Ainsi donc, le chef de l'Etat a choisi de répondre au crime (s'il en est), par le crime.
Le Premier ministre Guillaume Soro que les médecins avaient qualifié, peut-être hâtivement, de compréhensif parce que lui-même syndicaliste?, entérine de fait l'option du bâton.
En tout cas, le gouvernement n'a pas attendu la suite des négociations qu'il a engagées avec le Syndicat des Cadres Supérieurs de la Santé de Côte d'Ivoire (SYNACASS-CI) de Magloire Amichia.
Signe qu'il ne s'attendait pas à cette gifle, le syndicat, qui s'était donné un délai d'une semaine pour juger de la bonne volonté du gouvernement, a reporté hier son A.G.
Mesures conservatoires : les médecins ont donné congé aux malades hospitalisés, selon nos sources.
Ce qui présage d'une réaction radicale de l'organisation syndicale qui doit décider de la conduite à tenir dans les toutes prochaines heures.
Joint hier, Magloire Amichia s'est refusé de commenter les sanctions prononcées par le gouvernement de transition.
Pour ou contre la grève sans service minimum menée entre le 4 et le 13 septembre dernier par le SYNACASS-CI ? Le débat aurait pu se poursuivre à l'envi, en ces moments de hausse généralisée des prix sur le marché.
Mais le délibéré du gouvernement relègue désormais la question au second plan.
Plus urgente, se pose la question de savoir, si priver les cadres de la santé de leurs salaires est opportun.
Y a-t-il un mérite pour le gouvernement à raidir sa position quand ses représailles pourraient entraîner la fermeture des hôpitaux, avec au bout du compte, un autre décompte macabre de patients qui risquent de crever sur les lits des hôpitaux faute de soins ? Lorsque la sagesse arrive dans un village qu'elle ne voit pas de vieillard, elle se pose sur la tête d'un jeune homme?, déclarait Laurent Gbagbo, reprenant le dicton à son profit dans l'un des ses nombreux discours.
Mais il reste à savoir si ce bras de fer engagé avec les médecins est une option sage de sa part, et s'il ne prend pas plutôt le risque de martyriser les médecins grévistes en plein climat de précarité sociale.
Solution du pire ? L'on n'en est pas loin.

Benoît HILI

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