samedi 22 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Sur le chemin de la sortie définitive de crise en Côte d'Ivoire, le n°1 ivoirien joue dans quelques jours, une partie fort importante, à la tribune des Nations unies, à New York.

L'Organisation des nations unies (Onu) tient, fin septembre 2007, les assises de la 62ème session de son Assemblée générale (AG). Et si rien ne vient chambouler l'agenda du président de la République de Côte d'Ivoire, celui-ci participera effectivement aux travaux d'ouverture, en prononçant un discours à la tribune onusienne. Et cela, conformément à la tradition de la maison de verre qui veut que chaque année, le débat général de l'AG soit marqué par des interventions de chefs d'Etat ou de gouvernement, au cours desquelles, les Etats membres expriment leur point de vue sur les questions d'intérêt international les plus urgentes. De l'avis de nombre d'observateurs, c'est assurément une tribune de premier choix pour le président Laurent Gbagbo, pour éclairer la communauté internationale sur la réalité de la crise ivoirienne et expliquer sa démarche politique longtemps perçue, négativement, à l'extérieur. Une mauvaise image, longtemps entretenue par l'administration Annan, toute soumise à l'ex-président français, Jacques Chirac, dont l'aversion pour le régime d'Abidjan n'est plus à démontrer. D'où, si on en croit des sources proches du palais présidentiel d'Abidjan, tout le sérieux avec lequel est traité ce dossier. Rien, confie-t-on, n'est laissé au hasard dans la préparation de ce grand rendez-vous. Tout est réglé comme sur du papier à musique. A commencer par le discours. En effet, selon notre informateur, les spécialistes du Palais, qui sont à pied d'?uvre depuis quelques jours, ont choisi d'articuler l'intervention du " grand patron " autour de trois axes principaux. Il s'agit dans un premier temps, de la crise ivoirienne. Dans ce chapitre, le chef de l'Etat fera la genèse du conflit ivoirien, avec notamment ses différents rebondissements, pour en arriver à l'accord de Ouagadougou, fruit du dialogue direct initié par lui-même. Ensuite, le premier magistrat ivoirien fera une lecture critique du fonctionnement des relations internationales. A ce niveau, dit-on, les multiples résolutions onusiennes prises depuis les salons feutrés de New York et qui s'avèrent inapplicables sur le terrain, seront en procès. Enfin, le discours chutera sur la nécessaire réforme du système des Nations unies, qui devra prendre en compte, plus que par le passé, l'avis des petits Etats, jusqu'à présent, étouffés par les principaux vainqueurs de la seconde guerre mondiale, que sont les membres permanents du Conseil de sécurité de l'organisation mondiale. Aussi, pour couronner de succès, le voyage du président Laurent Gbagbo à New York, la diplomatie du palais a-t-elle actionné sur le terrain des personnalités connues pour avoir des entrées aussi bien au sein de l'administration Ban Ki-moon que de la maison Bush. On cite entre autres, la Tanzanienne Asha-Rose Migiro, n°2 de l'Onu et proche du président Thabo Mbeki, lui-même grand ami du palais d'Abidjan. Il en va de même pour John Boozman et G.K. Butterfield, tous deux membres influents du Congressional Caucus for Côte d'Ivoire ; du nom d'un groupe de pression du Congrès américain pour la Côte d'Ivoire, qui travaille en bonne intelligence avec Mme Sarata Ottro-Zirignon Touré, directeur de cabinet-adjoint du président de la République. Jack Rosen, le président du Congrès juif américain, qui a été décoré le 7 août dernier au palais présidentiel d'Abidjan, et que l'on présente comme l'un des précieux relais du président Georges Bush, figure également sur cette " short list " de lobbyistes, acquis à la cause de Laurent Gbagbo. Idem pour le Français, Albert Bourgi, ami socialiste du chef de l'Etat depuis 25 ans et grand artisan, confie-t-on, de la rencontre Gbagbo-Sarkozy, qui aura lieu en marge des travaux de la 62ème Assemblée générale de l'Onu. Et cela, sans compter le travail de fourmi abattu, au quotidien et loin des regards, par SEM Alcide Djédjé, ambassadeur de la Côte d'Ivoire auprès des Nations unies. Dans les allées de la présidence ivoirienne, l'on lui prête d'avoir réussi, ces derniers mois,-grâce à sa percussion-, à ramollir un certain Jean-Marc de La Sablière, connue autrefois pour son acidité envers le régime Gbagbo. Et comme pour mettre la dernière main à la pâte, l'un des tout premiers lieutenants du chef de l'Etat, dont nous taisons volontairement ici le nom, vient de boucler un séjour d'une semaine au pays de l'oncle Sam. C'est dire si du côté de l'illustre locataire de la rue Jacques Aka, à Cocody, le rendez-vous de New York est important ! Assurément, un grand moment qui, aux dernières nouvelles, mobiliserait tous les diplomates des petits Etats de la planète, à commencer par ceux d'Afrique. Tous verraient en Laurent Gbagbo, l'avocat idéal des petits Etats membres de l'organisation des nations unies. Ca promet !

Yves De Sery
Yvesdesery2@yahoo.fr

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