samedi 22 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Recevant le mardi 11 septembre 2007 des parlementaires burundais venus s'enquérir de l'expérience de la Côte d'Ivoire sur la bonne gouvernance, voici une partie des propos que monsieur Mamadou Koulibaly, président de notre Assemblée nationale, deuxième personnalité de l'Etat, troisième vice-président du FPI (parti au pouvoir malgré tout), a tenu à ses honorables collègues burundais.
"C'est quand l'Etat sera sur toute l'étendue du territoire qu'on parlera de bonne gouvernance. On ne peut pas se plaindre des policiers et des gendarmes qui rackettent sur nos routes parce qu'ils sont là pour assurer la sécurité. Le racket devient donc une annexe à la sécurité. Quand la paix reviendra et que les policiers et gendarmes seront dans les casernes, on pourra mieux les contrôler. On saura qui est dans tel barrage et qui fait quoi, etc." Propos recueillis dans l'Inter du mercredi 12 septembre 2007.
Merci beaucoup monsieur Koulibaly, vous nous avez, en quelques phrases, fait le résumé de la situation dans laquelle la Côte d'Ivoire vit depuis 2002.Ainsi, vous nous apprenez que la Côte d'Ivoire n'est plus gouvernée depuis septembre 2002 et que la guerre ne prendra jamais fin puisque le racket des forces de l'ordre, dû uniquement à la guerre, selon vous, contribue à sécuriser la Côte d'Ivoire et les Ivoiriens.
Je suis sûr et certain que, en vous entendant faire ainsi l'apologie du racket, vous, la deuxième personnalité de l'Etat, qui pouvez, à tout moment, devenir président, selon notre Constitution, nos forces de l'ordre ont, sans aucun doute, sauté de leurs fauteuils pour vous applaudir longuement. Vos gardes du corps qui, les premiers, ont entendu vos propos, ont dû dépenser une fortune pour communiquer la nouvelle à leurs camarades qui sont sur nos routes.
Enfin, une personnalité reconnaît l'immense utilité du racket pour le peuple de Côte d'Ivoire.
Ainsi, selon vous, monsieur Mamadou Koulibaly, si les forces de l'ordre "assassinent économiquement" les opérateurs économiques et les populations ivoiriennes, c'est pour mieux assurer leur sécurité. Si donc les Ivoiriens veulent plus de sécurité, ils n'ont qu'à descendre dans les rues pour une grande marche de soutien au racket des policiers, gendarmes et douaniers parce que le racket est "une annexe à la sécurité". C'est monsieur Jean Louis Billon, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire qui doit être en ce moment l'homme le plus malheureux du monde, lui qui consacre depuis des années, toute son énergie à attirer l'attention des autorités que vous êtes, sur les dangers que le racket représente pour une économie fragile comme la nôtre.
Non, monsieur Koulibaly, le racket n'est pas et ne peut pas être "une annexe à la sécurité", et je suis sûr que vous ne parliez pas sérieusement lorsque vous avez tenu ces propos devant vos collègues burundais qui ont dû s'en rendre compte eux-mêmes. Autrement, ce serait dramatique pour ce pays. Je vous rappelle que vous êtes l'une des personnalités dont les propos engagent quel que soit le lieu, l'avenir de la Côte d'Ivoire.
Je voudrais vous informer, monsieur Mamadou Koulibaly (mais je sais que vous le savez déjà et c'est pourquoi je doute de la sincérité de vos propos), que selon Le Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, le racket se définit comme "une association de malfaiteurs organisant, par chantage, intimidation ou terreur, l'extorsion de fonds à des commerçants ou à des particuliers".
Comme vous le voyez, monsieur Koulibaly, ceux qui pratiquent le racket, en l'occurrence les gendarmes et les policiers, pour utiliser vos propres mots, sont des malfaiteurs et, vous ne nous ferez pas l'injure de nous faire croire que vous ne savez pas, vous, le président de notre Assemblée nationale, que la place d'un malfaiteur n'est pas dans une caserne, mais plutôt dans une prison aux portes hermétiquement fermées et surveillées par des agents armés jusqu'aux dents.
Il est vrai que lorsqu'on met vos propos dans le contexte qui est le vôtre, on les comprend plus facilement. La Côte d'Ivoire n'est, selon vous, plus gouvernée et donc n'est plus un Etat de droit. Mais on ne commettra pas l'erreur de vous suivre dans de telles aventures langagières parce que nous continuons à croire que la Côte d'Ivoire demeure, malgré la guerre de trois semaines, un Etat de droit et que rien, vous entendez, absolument rien, pas même la sécurité de ce pays et de ses populations, ne peut justifier le racket des forces de l'ordre. Avez-vous une seule fois subi l'humiliation du racket ? Je peux vous donner des témoignages pathétiques parce que moi je vis dans le monde des victimes du racket et croyez-moi, personne ne peut être heureux après s'être fait racketter.
Vous prophétisez que la fin de la guerre mettra fin au racket ? De quelle guerre parlez-vous ? Où est la guerre ? Vous parlez du complot collectif national contre le peuple ivoirien ? Non, monsieur, le racket ne prendra pas fin avec la fin de votre guerre parce que le racket n'est pas né à la faveur de la guerre. Le racket est né et a prospéré dans ce pays grâce et uniquement à l'impunité. C'est tout.
Il y a à Yopougon-Niangon, un carrefour dénommé "Carrefour policier". Ce n'est pas un carrefour à partir duquel on peut se rendre dans un commissariat de police. C'est tout simplement le "Carrefour policier". Je vous conseille d'aller le visiter un jour. C'est l'un des hauts lieux où se sont écrites et continuent de s'écrire les plus belles pages du racket .Ce carrefour existe depuis 1990 et ce n'est pas la fin de votre guerre qui empêchera les policiers d'y exercer leur activité favorite : le racket.
Un autre haut lieu du racket, qui contredit votre prophétie, est le poste de contrôle de la douane qui se trouve sous le pont d'Attingué à quelques kilomètres d'Abidjan, sur l'autoroute du nord. A ce poste, deux douaniers, presque toujours les mêmes, immobilisent des cars de transport pendant des heures, tout simplement parce que de pauvres commerçantes d'ustensiles de cuisine fabriqués à Yopougon, refusent de payer les "frais de dédouanement", qui vont de 3000 à 10000 Fcfa. Ce haut lieu de racket "douanier" existe depuis au moins 20 ans et ce n'est pas la fin de votre guerre qui le fera disparaître.
Alors, monsieur Koulibaly, si après avoir affirmé que vos camarades au pouvoir sont en train de piller toutes les ressources existantes du pays au nom de la guerre parce qu'ils sont, eux aussi, des humains (j'aurais préféré des hommes, parce que les humains ne volent pas), vous n'avez aucune autre solution à nous proposer pour mettre fin au pillage et au racket, vous pouvez nous dire tout ce que vous voulez. Mais de grâce, ayez pitié des Ivoiriens que nous sommes et ne nous dites pas que si les forces de l'ordre nous " assassinent " économiquement par le racket, c'est pour mieux assurer notre sécurité.
Si selon vous, le racket est "une annexe à la sécurité", pourquoi souhaitez-vous y mettre fin ? Vous voulez plonger le pays dans l'insécurité ?
Pauvres de nous ! Ainsi, si nous arrivons à dormir heureux et en sécurité dans nos quartiers précaires, à la merci des eaux souillées, des moustiques et des déchets toxiques qui continuent de nous tuer, c'est grâce au racket des gendarmes et des policiers. Chapeau messieurs les policiers, vous faites un excellent travail pour les Ivoiriens à travers le racket. Bravo !
Merci beaucoup monsieur Mamadou Koulibaly. Je comprends mieux à présent pourquoi malgré votre rigueur et votre honnêteté intellectuelles, vous n'avez pas résisté à l'envie de vous octroyer nuitamment, vous et tous vos collègues députés (dont certains sont des présidents de conseils généraux qui utilisent l'argent des Ivoiriens pour payer uniquement leurs salaires au lieu de lutter contre la pauvreté), une allocation viagère (jusqu'à la mort), de près de un million par mois (un salaire jusqu'à la mort), pendant que le peuple qui a fait de vous ce que vous êtes, croupit dans la plus humiliante des misères et qu'il devra (cela ne fait plus l'ombre d'un doute), attendre octobre 2010 et non 2008, pour qu'on se préoccupe de ses problèmes. En fin de compte, le gros dindon de toute la farce, c'est le peuple de Côte d'Ivoire.
Merci monsieur Koulibaly, mais votre solution ne nous arrange pas. Vous êtes député et dans deux ans, c'est-à-dire en 2010, vos collègues et vous, non contents d'avoir été payés pendant 10 ans à ne rien faire d'utile pour les Ivoiriens, allez descendre dans nos quartiers précaires en vous bouchant le nez pour ne pas respirer notre air de déchets toxiques et en portant des lunettes fumées comme les vitres de vos voitures, pour ne pas voir la misère choquante dans laquelle nous vivons, pour nous demander de vous accorder encore cinq ans : le temps d'envoyer une bombe atomique pour faire disparaître définitivement les pauvres que nous sommes. Non, ça suffit !
Non, monsieur Koulibaly, nous préférons l'insécurité au racket et vous savez pourquoi. C'est nous qui vous avons votés et nous vous demandons au nom de notre Constitution, de voter une loi pour faire du racket un crime puni par une peine privative de liberté plus lourde que celle du viol. Faites cela si vous aimez les pauvres qui vous votent. Oui, faites cela et vous verrez que deux jours après la promulgation de cette loi, il n'y aura plus un seul policier, un seul gendarme ou un seul douanier sur nos routes, en dehors des corridors, en train de racketter à un faux barrage.
Selon monsieur Ange Kessi, notre démuni procureur militaire qui n'a pour seul moyen de lutte contre le racket des forces de l'ordre que sa volonté, "celui qui rackette est un délinquant", et comme vous le savez, la place d'un délinquant, qu'il soit en cravate ou en tenue militaire, se trouve dans une prison de haute sécurité.
Voulez-vous que je vous rappelle encore la définition que Le Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, donne du racket ? Le racket est une "association de malfaiteurs organisant, par chantage, intimidation ou terreur, l'extorsion de fonds à des commerçants ou à des particuliers".
Pour finir, votre solution, monsieur Koulibaly, n'est pas viable, même si elle a, au moins le mérite d'avoir appris aux forces de l'ordre que le racket est une activité d'utilité publique.
Je comprends à présent pourquoi des policiers n'hésitent pas à ouvrir le feu sur les chauffeurs, apprentis et passagers des "gbaka" et taxis d'Abidjan. C'est pour mieux les protéger.
Je comprends également pourquoi vous avez décidé de verser des primes de guerre à des gens qui n'ont jamais été au front et qui ont passé le plus clair de leur temps à piller les poches des populations sur nos routes et à s'entraîner aux tirs en prenant pour cibles, les enfants de pauvres qui sont à l'université de Cocody.
Je comprends encore pourquoi des policiers en service au commissariat de Tiassalé se sont permis (en 2005), de déchirer les pièces d'identité de deux pauvres paysans de Koyékro (sous-préfecture de Tiassalé), qui se rendaient à Abidjan pour le mariage de leur fille. C'était pour mieux assurer leur sécurité.
Je comprends enfin, pourquoi un policier en service au commissariat de Tiassalé a failli tirer sur moi le 7 mars dernier au corridor de N'douci. J'ai porté plainte au tribunal de Tiassalé pour tentative de meurtre. J'attends la suite.
Je comprends enfin et enfin pourquoi des policiers en service au commissariat de Tiassalé (encore eux), ont arraché il y a un mois de cela, la pièce d'identité verte d'un pauvre paysan de Koyékro(monsieur Boua Assalé), qui a osé refuser de leur donner 2000 Fcfa au motif que sa pièce d'identité verte serait périmée ; alors que les résolutions du séminaire de Bassam sur la réglementation de la circulation des biens et des personnes sur le territoire ivoirien (résolutions approuvées et signées par tous les premiers responsables de la police nationale, de la gendarmerie nationale, de la douane, des eaux et forêts y compris le chef d'état major des armées lui-même), stipulent que toutes les pièces d'identité (jaunes, vertes, attestations, cartes de séjour, etc.) doivent être contrôlées sans tenir compte de leur date de péremption.
Ces mêmes résolutions affirment qu'aucun Ivoirien ne doit donner 5 Fcfa à un policier ni à un gendarme pour une pièce d'identité périmée, de même qu'aucun policier ni gendarme n'a le droit de retirer la pièce d'identité d'un citoyen libre sans lui remettre un papier comportant le numéro matricule de cet agent et le motif du retrait de la pièce.
Alors monsieur Koulibaly, si vous voulez rendre un service aux Ivoiriens, appelez les commissaires de police et demandez-leur de libérer les pièces d'identité des pauvres paysans analphabètes, pièces que les policiers payés par l'argent du cacao, détiennent dans des cartons depuis des mois parce que cela ne participe en rien du tout à la sécurisation du pays.
On peut mettre fin au racket, rien qu'en s'appuyant sur notre code pénal et en disant aux Ivoiriens que le racket est puni par la loi et qu'ils ont le droit de poursuivre en justice tout individu qui ose (en plus de son salaire), leur extorquer de l'argent en utilisant le chantage, l'intimidation ou la terreur.
Merci encore monsieur Mamadou Koulibaly et que vive l'éveil des consciences.

ASSALE TIEMOKO ANTOINE
Président de l'Association : " Ma Vie est dans ma Prise de conscience " M.V.P.C.
Premier vice-président du Collectif des Jeunes Diplômés de Côte d'Ivoire chargé de la Fonction Publique.
31 BP 533 Abidjan 31
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