vendredi 21 septembre 2007 par Le Patriote

La première édition du Festival international du film documentaire, publicitaire et industriel de Korhogo (Festiko) se déroulera du 1er au 8 décembre prochain. Initiateur de l'événement, le cinéaste Yéo Kozoloa dévoile les ambitions de ce festival et surtout fait le point des préparatifs.

La première édition du Festival international du film documentaire, publicitaire et industriel de Korhogo (Festiko) se déroulera du 1er au 8 décembre prochain. Initiateur de l'événement, le cinéaste Yéo Kozoloa dévoile les ambitions de ce festival et surtout fait le point des préparatifs.
Le Patriote : Comment a germé l'idée de ce festival ?
Yéo Kozoloa : L'idée a germé depuis que j'ai commencé les films publicitaires en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire depuis mon retour d'Europe. Il est temps d'observer, trente ans après, ce que la publicité pourrait apporter à la production cinématographique.
Ensuite, il n'existe pas sur le continent africain de Festival de films publicitaires.

L.P : Justement, que visez-vous avec ce projet ?
Y.K : L'ambition est de discuter avec les agences de publicité, toutes les structures qui peuvent aider le cinéma à émerger. Nous nous sommes aperçu que, même si nous n'avons pas ce que nous attendions de l'Etat, il était intéressant de chercher à mieux s'organiser. Si nous réussissons à nous concerter régulièrement avec les agences de publicité, elles pourront éventuellement donner du travail aux maisons de productions ivoiriennes qui pourront ainsi mieux s'organiser, ne serait-ce que, pour survivre. Et attendre les projets qui sont longs à être traités.

L.P : Le festival se tiendra dans un peu plus de deux mois. A quel stade des préparatifs êtes-vous ?
Y.K : Nous sommes en train de mettre en place un certain nombre de choses pour que le festival ait effectivement lieu. Nous sommes en train de rénover la salle de cinéma, afin qu'elle ait le confort de celles d'Europe. Les travaux avancent très bien. L'autre aspect concerne les appareils de projection dont nous avons besoin pour que le festival puisse se dérouler bien. Des délégations viendront du Ghana, du Bénin, du Sénégal, du Mali, du Togo, du Burkina Faso, du Cameroun pour que nous puissions échanger.

L.P : Combien de films seront en compétition à ce Festiko ?
Y.K : Les films viendront d'un peu partout. Certains sont déjà arrivés d'Europe et aussi d'Afrique. Nous attendons au moins une quarantaine voire une soixantaine de films. Nous sommes pour l'instant satisfait des films déjà enregistrés. Je précise également qu'un comité de sélection s'attèlera à choisir aussi bien en Côte d'Ivoire qu'à l'étranger les films qui participeront à ce festival.

L.P : Au lancement du festival, il y a deux mois, vous aviez révélé que vous n'aviez pas encore le soutien des autorités. Est-ce le cas toujours ?
Y.K : (Il réfléchit) () J'attends de voir. Je pense que c'est la première édition, le tout premier festival du genre. L'Etat a tout intérêt à nous aider. Quand je fais le tour des salles de cinéma de Côte d'Ivoire, j'ai du mal à admettre que notre cinéma soit tombé aussi bas. Si nous faisons ce festival, c'est pour le relever. Si nous rénovons une salle, c'est pour montrer, au monde entier, que quelque chose est en train de se faire. Cela aurait dû se faire avec le soutien réel de l'Etat. Il faut que le festival se déroule.

L.P : Concrètement, qu'attendez-vous de l'Etat ?
Y.K : Il nous faut des moyens financiers. C'est ça l'essentiel. Nous avons élaboré un budget qui vacille entre 300 et 500 millions. Nos recherches vont dans tous les sens. Nous sommes prêts à accueillir tous les organismes qui éprouvent le besoin et le devoir d'aider le cinéma. Nous serons surtout ravis de leur appui, qu'il soit matériel ou financier. Nous avons besoin de projecteurs, cameras, de lumière bref, nous avons besoin de tout. Le cinéma a du mal à exister. Pourquoi ? Les cinéastes ivoiriens ont apporté tout ce qu'ils avaient pour produire leurs films sans, en retour, le soutien de l'Etat ? Désiré Ecaré a été primé sur le plan international, ainsi que Fadiga Kramo Lanciné et Roger Gnoan M'Bala. Nous avons vu Timité Bassori faire un grand film. Moi, j'ai été également primé sur le plan international avec les films publicitaires. A un moment donné, notre cinéma était la fierté pour la Côte d'Ivoire. Mais l'Etat ne s'est pas soucié qu'il fallait mettre des structures adéquates sur pied pour que le poids de ce cinéma ne repose pas uniquement sur les cinéastes. On s'est contenté des prix que la Côte d'Ivoire a glanés et on n'a pas cherché à asseoir les bases de ce cinéma. Nous sommes en train d'en faire les frais aujourd'hui. Ils se sont endettés pour faire plaisir à la Côte d'Ivoire. Mais en retour, il n'y a rien. Pour moi, une médaille ne me dit rien si je dois la prendre et marcher pour rentrer chez moi. Ce n'est pas glorieux.

L.P : Comment comptez-vous vous y prendre pour pérenniser ce festival et quelle sera sa périodicité ?
Y.K : Cela va dépendre de ce que l'on veut. Notre intention est d'abord de l'enraciner et ensuite, on définira sa périodicité. Ce festival est aussi celui du Tourisme et de l'Artisanat. Après Bassam, Korhogo est la deuxième destination touristique de la Côte d'Ivoire. J'ai reçu récemment une délégation de commerçants venus de Korhogo pour discuter avec nous de l'organisation du festival et surtout prendre leur part de responsabilité. Ils m'ont demandé de faire des films sur tous les produits de la Côte d'Ivoire. Ces films pourraient promouvoir, dans le monde entier, les spécialités agricoles, artisanales de Korhogo, afin de leur ouvrir de nouveaux marchés. Nous nous sommes également engagés à faire des films sur tous les sites touristiques de Korhogo et un petit documentaire sur toutes ces femmes qui se battent, à longueur de journée. Je voudrais remercier le ministre de la Culture et de la Francophonie, son homologue de l'Intérieur Désiré Tagro. Je tiens également à remercier le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Konaté Sidiki, qui nous a apporté son soutien pour que nous puissions organiser ce festival. Merci également au ministre Sébastien Dano Djédjé qui n'a cessé de nous apporter son soutien, ainsi que l'Unartci ( Union nationale des artistes de Côte d'Ivoire). Je remercie également le ministère de l'Intégration, le Conseil général et la mairie de Korhogo pour leur soutien. Nous avons aussi sollicité les chefs coutumiers de Korhogo, dirigés par Kassoum Coulibaly pour qu'ils nous apportent leur soutien. Nous demandons, au moins, l'apport de tous les fils de la région pour que cette manifestation devienne un vrai festival.
Réalisée par Y Sangaré

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