jeudi 20 septembre 2007 par Notre Voie

Comme annoncé, le quotidien du Rassemblement des républicains (RDR), Le Patriote, nous sert l'interview d'Alassane Ouattara dans sa parution depuis lundi. Le président du RDR est catégorique : il sera au palais à la prochaine présidentielle. Je serai élu président?, annonce-t-il sans sourciller. On peut le dire, Ouattara est ambitieux. Chose normale pour un candidat à une élection. Mais ce qui est intrigant, c'est que l'ancien Premier ministre se présente aux Ivoiriens sous des jours les plus irréprochables. Il se fait passer pour un homme moderne, travailleur, expérimenté. Mieux encore, Ouattara se présente comme un démocrate et veut accéder au pouvoir d'Etat par les urnes. Tout le monde a été accusé d'être le parrain de la rébellion. Nous n'avons jamais acheté d'armes pour qui que ce soit, nous n'avons pas de stocks d'armes. Ceux qui en ont sont connus ! Nous sommes un parti politique et nous voulons accéder au pouvoir par les urnes?, a laissé entendre le président du RDR. Si telle est la nouvelle voie que veut emprunter Alassane Dramane Ouattara, Dieu soit loué ! pour la sagesse qui commence à visiter. Il ne s'arrête pas là. Ma conception de la politique n'est pas de sacrifier les populations ou brûler le pays pour arriver à ses fins. Je ne le ferai jamais?, avance l'interviewé qui estime que l'opposition ne peut rien faire face à un régime qui n'hésite pas, selon lui, à utiliser la police, la gendarmerie, l'armée pour mater les populations, pour tuer des centaines de personnes à l'occasion d'une simple marche et bombarder ses propres citoyens. Il est allé jusqu'à priver les populations d'eau et d'électricité sur une partie du territoire?.Et de conclure que la Constitution n'est pas respectée parce que la liberté de manifester et de s'exprimer n'est pas garantie. Nous souhaitons que la Côte d'Ivoire devienne un véritable Etat démocratique?.
A le lire, on ne peut s'empêcher de se demander si ce n'est pas le même Alassane Dramane Ouattara qui a dit à Korhogo, dans la cour de Amadou Gon, que s'ils veulent qu'on mélange ce pays, nous allons le mélanger?. N'est-ce pas le même qui a crié sur tous les toits qu'il n'attendra pas 2005 pour être au pouvoir. N'est-ce pas encore lui qui a dit, en 1999, parlant du régime Bédié, que quand je frapperai ce pouvoir il tombera?? En décembre 1999, ses éléments ont frappé effectivement le pouvoir Bédié et il est tombé pour ne plus jamais se relever. Le 19 septembre 2002, il a effectivement mélangé ce pays grâce à ses mêmes éléments. D'ailleurs, en disant qu'il n'attendra pas 2005 pour arriver au pouvoir, le président du RDR savait bien qu'après l'élection présidentielle de 2000, il n'y avait pas une autre occasion de devenir président de la République avant 2005. Si ce n'est par un coup d'Etat. A quoi faisait-il donc allusion si ce n'était pas à un coup de force ?
Les Ivoiriens se rappellent aussi la célèbre déclaration de Ally Couylibaly, lieutenant du président du RDR, sur les antennes d'une radio étrangère et reprise par les militants du RDR, au soir de l'élection de Laurent Gbagbo à la présidentielle d'octobre 2000 : Le pouvoir est dans la rue?. Ces propos n'étaient pas fortuits puisque par la suite, Ouattara a déversé ses militants dans la rue pour affronter le nouveau régime afin de lui arracher le pouvoir par la force. Il a même tenté, en vain, de convaincre Laurent Dona Fologo pour qu'il associe les militants du PDCI aux siens.
Dramane Ouattara dit par ailleurs ne pas comprendre que l'Etat utilise les moyens en sa possession pour maintenir l'ordre là où ses militants, munis d'armes à feu, cassent tout sur leur passage, violent, égorgent (policiers et agent des Impôts à Treichville) et brûlent. Que Ouattara se tranquillise. Les Ivoiriens savent que son programme de gouvernement, c'est créer la chienlit et user de la violence pour prendre le pouvoir. Ils gardent de lui l'image de quelqu'un qui est arrivé en Côte d'Ivoire pour prendre coûte que coûte le pouvoir. Les images, les sons qui attestent de sa volonté de brûler ce pays existent encore heureusement. Comme ces images des chefs de guerre de la rébellion dirigés par Koné Zakaria, qui expliquaient aux populations de Korhogo, pourquoi leurs actions devaient être soutenues parce qu'ayant le soutien sans faille de Ouattara. La preuve de ce soutien se trouve, ont-ils argumenté, dans les 25 millions de FCFA que Dramane Ouattara leur envoyait depuis son exil pour les soutenir et les aider à préparer l'attaque du 19 septembre 2002. Les Ivoiriens ne sont donc pas dupes. Ils n'ont pas du lait sur leurs dents pour croire en Alassane Dramane Ouattara, pour croire en sa reconversion d'homme politique qui a abandonné la violence et les coups de force pour devenir un politicien qui cultive la démocratie.
Les Ivoiriens se souviennent comme si c'était hier qu'au Nord, le parti de Ouattara a semé la mort parmi ceux qui n'adhéraient pas à sa politique et brûlé tout ce qui appartenait à l'Etat. Le sous-préfet de Kong avait même été chassé. Il ne fait l'ombre d'aucun doute que Dramane Ouattara n'est pas le modèle à proposer aux Ivoiriens au moment où leur pays sort d'une guerre dont il ne peut pas dire qu'il n'est pas le parrain.







Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr

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