jeudi 20 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

La langue a-t-elle trahi involontairement un secret ? "Les élections vite, vite, vite" que revendique Laurent Gbagbo à cor et à cri depuis un moment pourraient être tout sauf des élections propres, parfaites. Tout simplement parce que, selon le chef de l'Etat, il n'existe pas d'élection idéale. On fait juste des efforts pour réduire la fraude. Mais question essentielle, Gbagbo est-il prêt à reconnaître la victoire de Bédié ou d'Alassane Ouattara à la prochaine présidentielle si cette élection était entachée d'irrégularités avérées ? Ceux qui avaient très tôt prédit un remake d'élections calamiteuses en Côte d'Ivoire n'ont pas tort. Gbagbo est obsédé par le désir de se succéder à lui-même, quelle que soit la manière. En effet, le 30 juillet dernier à Bouaké, lorsque dans un enthousiasme démesuré il lançait son nouveau slogan "allons aux élections vite, vite, vite", pour un mois plus tard, annoncer qu'il fallait tout faire pour que les élections se tiennent avant fin décembre 2007, beaucoup d'observateurs adeptes du rationalisme avaient, à juste titre, pris ces propos de M. Gbagbo pour de la plaisanterie, une façon pour lui d'amuser et d'animer la galerie politique, et certainement de montrer à l'opinion sa volonté d'aller aux élections ou son refus de s'éterniser dans le manteau d'un "président usurpateur" selon l'expression du Président Henri Konan Bédié. Mais comme beaucoup, nous nous sommes royalement trompé, Gbagbo était très sérieux dans sa volonté d'aller aux élections vite, vite, vite. Avant-hier devant les enseignants du MIDD venus le rencontrer au palais de la nation, Laurent Gbagbo est allé un peu plus loin dans l'explication de sa pensée. Il s'est insurgé, sans les citer, contre tous ceux qui retardent, selon lui, l'échéance électorale. "Ce sont des criminels", a-t-il déclaré. C'est-à-dire des bandits, des gens qui sont contre le peuple. Car si jusqu'ici, il a parlé d'élections vite, vite sans indiquer dans quelles conditions celles-ci pourraient se tenir aussi rapidement, avant fin 2007, Gbagbo a quelque peu précisé sa pensée en manifestant très peu d'égard pour la transparence du scrutin. Pour lui, on perd le temps en cherchant le sexe des anges. Il n'y a pas d'élection idéale, parfaite. Vaut mieux chercher à organiser ces élections qu'à vouloir des élections sans tache et sans bouton. Ça n'existe pas. Pour appuyer sa thèse, le chef de l'Etat va citer l'exemple des Etats-Unis d'Amérique où l'on a eu recours au décompte des voix après des réclamations exprimées par les démocrates suite à la victoire de Bush devant John Kerry.
Gbagbo sait qu'en Afrique, les contestations des élections pour irrégularités des scrutins n'ont jamais empêché un président mal élu de s'installer au pouvoir. L'exemple le plus récent et le plus proche est celui du Nigeria où la communauté internationale a unanimement parlé de parodie d'élection. N'empêche, le successeur d'Obasanjo est bien là, assis dans son fauteuil. Et aujourd'hui les clameurs se sont tues. En Côte d'Ivoire, pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant ? L'ONU est fatiguée, elle vient de retirer son Représentant spécial chargé de certifier la régularité des élections, la France a été écartée par les acteurs du dialogue direct. Aujourd'hui, le souci des acteurs de ce dialogue, c'est comment faire pour que la communauté internationale ne se réinstalle au c?ur du processus. La classe politique est avertie.
Akwaba Saint Clair

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