jeudi 20 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Depuis Octobre 2005, le mandat constitutionnel du président Gbagbo a expiré. La crise déclenchée le 19 Septembre 2002, servant de paravent, les élections présidentielles sont prolongées de mois en mois et d'années en années. Après plusieurs reports, intervient l'accord de Ouagadougou qui, dit-on, est porteur d'espoir. Mais cet accord, à peine signé, monsieur le Premier ministre Guillaume Soro demande aux Ivoiriens de "sortir du fétichisme des dates". Le jeudi 13 Septembre dernier, c'est au tour du président de la CEI, monsieur MAMBE Robert, de faire le constat : les élections ne pourront se tenir en mars 2008, conformément à l'accord de Ouagadougou. Par conséquent, la date la mieux indiquée serait Octobre 2008. Dès lors, plusieurs interrogations s'imposent. Monsieur Mambé a-t-il ?uvré pour respecter le calendrier électoral de l'accord de Ouagadougou et rencontré des obstacles au point de s'avouer impuissant et incapable d'organiser les élections ? A-t-il essayé un schéma pour rattraper le retard ? Que cache-t-il ? Pourquoi le mutisme des acteurs politiques et de la société civile ? Vu ce qui précède, nous sommes en droit de nous demander : à qui profite le report intempestif des élections ? Voyons à la loupe chaque camp : opposition (RHDP), la société civile, les Forces nouvelles et le camp présidentiel. 1-L'opposition
L'opposition, représentée en grande majorité par le RHDP croyant tenir les rênes des affaires, observe avec passivité ce fait (le report). Ce que les dirigeants de l'opposition ignorent, c'est que le temps peut avoir raison des militants de base devenus oasifs du fait de la pauvreté et surtout avec la course à l'achat de conscience des militants de l'opposition devenu le jeu favori du camp présidentiel. Au PDCI, par exemple, les sections n'ayant pas de subvention de la direction du parti, ce sont les secrétaires généraux de section qui entretiennent la base sur fonds propre. Combien de temps cela durera-t-il ?
L'opposition doit prendre ses responsabilités et jouer le rôle qui est le sien en luttant pour la restauration de la démocratie vraie et la justice pour tous. 2- La société civile
Toutes les organisations de la société civile sont également muettes face à cette situation qui n'honore aucunement notre beau pays. La pauvreté s'accentuant par la crise savamment entretenue par ceux qui en profitent, les hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs, l'école fait place aux agoras et parlements, lieux d'enrichissement à grande vitesse. Prendre deux repas par jour est un luxe. La Jeunesse n'a plus de repère. C'est une société en déliquescence qui, si on n'y prend garde, ne tardera pas à se faire entendre, tant dans la " Côte d'Ivoire utile " qu'en zone sous contrôle des Forces nouvelles. 3-Les Forces nouvelles
Plus le temps passe, plus des factions s'annoncent dons le camp Forces nouvelles. Les retombées économiques de la guerre ne profitent qu'à une minorité. Les jeunes enrôlés dans la rébellion attentent impatiemment la clarification de leur sort. Combien de temps mettraient-ils à scruter le ciel, la lune et les étoiles ? Là-bas aussi, misère et pauvreté riment avec la désolation. C'est une bombe à retardement. Organiser les élections le plus tôt possible ne désamorcerait t-il pas cette bombe aux mains de monsieur le Premier Ministre avant que le compteur ne soit à zéro ?
4- Le camp présidentiel et le FPI
Voulant gagner du temps en créant chaque fois les conditions du report des élections, le Président Gbagbo se retrouve devant une triste réalité : les "refondatiologues" (idéologues de la refondation), appuyés par les "patriotologues" (idéologues de la galaxie patriotique), l'ayant induit en erreur par leur radicalisme, il a le dos au mur, pris dans un engrenage. Face à cette situation obscure aux horizons incertains, des voix s'élèvent de plus en plus au sein des " refondatiologues" pour dénoncer la gestion du régime d'Abidjan. Ça grogne dans le clan. Le butin de la lutte patriotique ne profite qu'à une minorité. Il n'y en plus d'engouement pour la défense "patriotique"des institutions de la République. Les bottes de la grande muette se font entendre. Tout dégringole autour du chef, au fil du temps. En outre le "constitutionphile" est rattrapé par la Constitution depuis la flamme de la paix, célébrée à Bouaké et qui consacre la réunification du pays. Plus d'obstacle à l'organisation des élections. Pourquoi ce silence coupable du clan présidentiel et du FPI face à la déclaration de monsieur Mambé ? En tirent-ils profit ? Je n'y crois pas. Les vrais respectueux de la Constitution savent que d'ici octobre 2007 s'il n'y a pas d'élection, le Président de l'Assemblée Nationale serait en droit d'assurer l'intérim et organiser les élections comme le prévoit notre Constitution dans le cas de figure. CONCLUSION
Comme on le voit, la prolongation perpétuelle des élections n'arrange personne:
ni l'opposition, ni la société civile, ni les Forces nouvelles, ni le parti au pouvoir le FPI, ni la Côte d'Ivoire, ni la sous région. C'est le lieu d'attirer l'attention du facilitateur de l'accord de Ouagadougou, son excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso afin de veiller au respect du calendrier électoral établi par l'accord. C'est le lieu également d'interpeller le président de la CEI et tous ceux qui interviennent dans le processus électoral. Le peuple n'accepterait pas de souffrir éternellement. Si rien n'est fait, le front social, déjà en ébullition, se transformera en fronde sociale. Ivoiriens et Ivoiriennes, nous sommes tous concernés, oeuvrons pour l'organisation pas trop prolongée des élections, abrégeant ainsi notre souffrance pour le bonheur de chacun.
Kouassi Famien Georges, Secrétaire Général de section PDCI-RDA
Ayahou Sud VIII Attossé (Bouaflé) membre du Grand Conseil Pascal Affi N'guessan sur RFI, hier : Robert Guéï était à la cathédrale?- L'accord de Ouagadougou ne fait pas l'unanimité au FPI?. 19 septembre 2002-19 septembre 2007, cela faisait bien cinq ans hier qu'a éclaté la rébellion armée qui a scindé le pays en deux. Hier sur RFI, le président du Front Populaire Ivoirien, Pascal Affi N'guessan, a fait des révélations sur la gestion de cette crise. Ci-dessus, l'intégralité de son intervention. Pascal Affi N'guessan, bonjour
Bonjour
Où étiez-vous quand le soulèvement a éclaté le 19 septembre 2002 ?
J'étais précisément à Yamoussoukro à un atelier sur la reforme de la filière café-cacao lorsque nous avons appris, dans la nuit, la tentative de coup d'Etat à Abidjan.
Comment avez-vous réagi en urgence ?
Dans l'urgence, c'était d'abord de rentrer en contact avec le ministre de la Défense Lida Kouassi, le ministre de l'Intérieur feu Boga Doudou pour voir comment organiser la riposte.
Savez-vous dans quelles circonstances a été tué le ministre de l'Intérieur Emile Boga Doudou le 19 septembre 2002 ?
Vous savez, étant donné que nous sommes pour le moment dans le processus de restauration de la paix, il y a un certain nombre de questions qui ne seront élucidées qu'après la crise.
Certains ont dit que Boga Doudou avait été tué par des gens de son propre camp. Oui, vous savez, on a présenté au début de la crise comme un règlement de compte entre les cadres du Front Populaire Ivoirien. Mais je crois qu'aujourd'hui, tout le monde sait la réalité de cette tentative de coup d'Etat. Dans la matinée du 19 septembre 2002, l'ancien président Robert Guéï a été exécuté par une unité de l'armée. Qui a donné l'ordre de l'éliminer ?
Vous avancez, par une unité de l'armée. Pour le moment, on ne sait pas grand-chose. On sait seulement le lieu où il s'est retrouvé.
Il était à la Cathédrale ?
C'est ça. Et je crois que c'est les enquêtes après la sortie de crise qui nous permettront d'être situé sur le rôle que chacun a joué.
Pourquoi sa femme et d'autres membres de sa famille ont-ils été tués ?
Justement, je ne peux rien vous dire puisque personne ne sait exactement dans quelles conditions tout cela est intervenu.
Certains disent qu'il y a eu ordre d'éliminer Robert Guéï au plus haut niveau. Je ne sais pas, à quel niveau ?
Au niveau du président, de vous-même ou du ministre de la Défense. Je ne le pense pas du tout. Pourquoi donnerait-on cet ordre-là ? Pourquoi lui et pas d'autres ?
Vous dites pourquoi lui et pas d'autres, mais Alassane Ouattara lui aussi a été menacé. Il a dû s'enfuir chez l'ambassadeur d'Allemagne. Vous avez le nom de celui qui l'a menacé ? Par mesure de prudence, un leader politique peut vouloir se mettre à l'abri dans une ambassade. Cela ne signifie pas qu'il est menacé.
Pascal Affi N'guessan, pourquoi le soulèvement a-t-il échoué à Abidjan et réussi à Bouaké ?
A Abidjan, le soulèvement a échoué grâce à la mobilisation des forces de défense et de sécurité. Par contre, la rébellion s'est enracinée à Bouaké parce que les autorités françaises ont prétexté l'évacuation de leurs ressortissants occidentaux dans cette ville. Et ont donné ainsi l'occasion à la rébellion de s'enraciner. Les Forces nouvelles disent exactement le contraire. Elles disent que ce sont les Français qui les ont stoppées dans leur marche vers Abidjan, fin septembre. Je pense qu'aujourd'hui, ce ne sont pas des questions qui intéressent l'actualité. L'actualité, c'est qu'après bien de supputations, nous sommes parvenus à un accord. Nous sommes ensemble pour sortir le pays de la crise. Cinq ans après, le chef de cette insurrection est le Premier ministre de Laurent Gbagbo. En tant que président du FPI, vous savez très bien que tout le monde n'est pas d'accord dans votre parti avec cet accord de Ouagadougou.
Quelles que soient les tendances internes, le Front Populaire Ivoirien soutient l'accord. Ce n'est pas l'unanimité, mais c'est une position majoritaire du Front Populaire Ivoirien. C'est un accord qui ne passe pas bien pour certains gardiens du temple comme Mamadou Koulibaly. Il n'a jamais dit publiquement qu'il était opposé à l'accord de Ouagadougou. Au terme de l'accord de Ouagadougou, les sans-papiers ivoiriens devraient être identifiés au cours d'audiences foraines. Combien de personnes peuvent être concernées ?
Au Front Populaire Ivoirien, nous estimons que le nombre de sans-papiers ne peut pas excéder trois cent mille personnes. Cela est loin des trois millions cinq cent mille avancés par certains acteurs politiques ivoiriens. Et quand auront lieu les élections ?
Si les audiences foraines ont lieu maintenant, nous pensons que la date du premier semestre 2008 ne devrait pas être dépassée.
Le Premier ministre Guillaume Soro est trop jeune pour se présenter. Qui soutiendra-t-il à votre avis ?
C'est au Premier ministre Guillaume Soro qu'il faudra poser cette question. Mais en tant que chef des Forces nouvelles, n'est-il pas l'allié naturel d'Alassane Ouattara ?
Je ne sais pas. Dans tous les cas, c'est à lui de répondre sur la base certainement des intérêts communs qu'ils partagent. Mais nous savons, nous, qui nous soutenons. Et nous souhaitons que ce soutien soit le plus large possible. Guillaume Soro pourrait-il soutenir le candidat Gbagbo ?
S'il pense que dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire, il faut Laurent Gbagbo à la tête du pays, ce serait une très bonne chose. Et nous l'applaudirons. Ce qui veut dire qu'il y a un accord secret entre les deux hommes ?
Je ne crois pas. Le président Gbagbo lui-même l'a dit, s'il y a un deal, c'est un deal pour la paix. C'est le deal ici de l'accord de Ouagadougou. Sinon je ne vois pas en quoi ils peuvent nouer un deal.
Propos recueillis sur RFI
par Paul Koffi

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