mercredi 19 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

La guerre est finie. Le pays est réunifié. La Côte d'Ivoire retrouve au fil du temps le rythme d'un ''pays normal'' suite à l'Accord de Ouaga. Pour Me Ndri Claver, il est inconcevable que le Conseil de sécurité tarde encore à lever ses sanctions contre Charles Blé Goudé, Eugène Djué et Fofié Kouakou.

"Les Parties au présent Accord conviennent de saisir l'Union Africaine, par l'intermédiaire de la CEDEAO, pour demander au Conseil de Sécurité des Nations Unies la levée immédiate des sanctions individuelles frappant les acteurs de la crise ivoirienne". Voila ce que dit le point 6.4 de l'Accord politique de Ouaga. Mais jusque là, l'ONU traîne encore les pas pour la levée des sanctions qui frappent Blé Goudé, Eugène Djué et Fofié Kouakou. Me N'dri Claver, l'avocat-conseil du président du Cojep s'en est offusqué hier au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à l'hôtel Ivoire. A en croire l'homme de droit, l'accord de Ouaga est un tout. Les acteurs ne doivent donc pas privilégier certains points au détriment des autres. "L'accord de Ouaga, ce n'est pas seulement les audiences foraines ou la nomination d'un premier ministre. L'Accord de Ouaga a prévu une voie pour la levée des sanctions. Il faut donc que les acteurs écrivent à l'UA par le biais de la Cedeao afin que le Conseil de Sécurité lève ces sanctions. Il faut que l'Etat ait de la mémoire. Mon client a tout sacrifié pour venir défendre son pays. Alors au moment où il vit une injustice il faut que l'Etat réagisse", a martelé l'Avocat-conseil de Blé Goudé. Selon lui, ces sanctions sont illégales et apparaissent comme un non sens. Pour le démontrer, l'homme de droit a fait une analyse juridique de la décision prise le 7 février 2006 par le comité de sanction du conseil de sécurité de l'Onu. Me N'dri Claver a axé sa démonstration sur certains points. Le premier a porté sur le chapitre 7 de la charte de l'Onu. Ledit chapitre énumère les différents privilèges reconnus au conseil de Sécurité, ne stipule nulle part que ledit conseil est une juridiction. Et en la matière, ses seuls interlocuteurs sont les Etats. Il n'a pas compétence pour établir la responsabilité pénale d'un individu. "C'est un comité incompétent parce qu'en droit les faits qu'on leur reproche (viols, exactions) sont des actes délictueux. Et ce comité n'a pas compétence pour déterminer la responsabilité pénale d'un individu", a-t-il expliqué. Par conséquent, ce n'est pas à ce comité d'infliger une interdiction de voyage et le gel des avoirs qui sont des peines privatives de liberté à des individus. Surtout que cette décision a été prise de façon unilatérale et sans début de preuves. Me N'Dri qui estime que ces sanctions sont arbitraires et constituent une menace sur les droits de l'homme, s'est dit étonné que jusque-là les organisations de droits de l'homme n'aient jusque là pas réagi face à ce cas flagrant de violation. Mais pour lui, tout ce qui arrive est du fait de la manipulation de la France : " C'est sous l'impulsion de la France que le comité de sanction s'est discrédité en prenant une telle décision. Nous savons les manipulations qui ont été à l'origine de cette décision. C'est une nouvelle arme que l'Occident vient de fabriquer pour encore asservir les Etats Africains. Mais le temps où on nous imposait de dire que tout ce qui vient de l'Occident est juste est dépassé. C'est pourquoi, mon client ne remplira aucun des documents exigés par le point focal du comité de sanction. Nous ne sommes pas demandeurs. La levée de ces sanctions est un point de l'Accord de Ouaga. Il faut donc que ce point soit appliqué ", a-t-il conclu.

Mireille Abié

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