mercredi 19 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Au terme de la caravane initiée dans sa région, le colonel Kahiba fait le bilan, exhorte les uns et les autres à aimer l'arbre. Mais surtout plaide pour qu'on leur donne des moyens pour une surveillance accrue de la forêt en voie de disparition

Vous venez de parcourir quatre régions de la Côte d' Ivoire qui sont sous votre couvert .Au terme des journées éclatées commémorant la journée nationale de l'arbre dont les cérémonies officielles se sont déroulées à MAMA, village natal du chef de l'Etat, que doit- on retenir des régions visitées ?
D'entrée, je voudrais remercier toutes les personnes qui nous ont aidés pour la concrétisation de ces différentes cérémonies. Il s'agit, entre autres des conseils généraux , des mairies, du ministre Christine Adjobi ,du professeur Francis Wodié ,du maire de Cocody, du président de l' Assemblée Nationale, le préfet de la région des lagunes, de Paul Yao N'dré, du maire d' Agboville, de M'Bolo Martin, opérateur économique .Au terme des journées de la région du sud qui regroupe, le sud Bandama, le sud Comoé, la région de l' Agnéby et celle de la région des lagunes, une seule préoccupation se dégage. C'est celle exprimée par le ministre de l'environnement, des Eaux et Forêts à MAMA, qui consiste à sensibiliser les populations à aimer l'arbre. Afin que chacun plante au moins un arbre pour freiner l'avancée à grand pas du désert.

Durant les cérémonies éclatées, avez-vous eu le sentiment que les populations ont réellement perçu la menace que constitue la déforestation estimée à 200 voire 300 mille hectares du couvert forestier par an ?
Je tiens à vous dire que j'ai eu l'impression que notre message a été bien reçu par les populations. Ce qui fait que je suis sûr qu'avec le temps et avec les changements climatiques observés par les paysans eux -mêmes, ils vont changer d'attitude. A Bonoua, par exemple, le Roi de Bonoua nous a approché pour dire qu'il est intéressé .Nous avons fini par comprendre au terme de ces différentes cérémonies éclatées que le problème des paysans se situe au niveau de la communication puisqu'ils n'avaient pas les chiffres de la déforestation .Chez eux, lorsqu'on parle de l'arbre, c'est une ?uvre de longue haleine .Mais, lorsqu'on leur a fait comprendre que l'arbre peut être exploité sur plusieurs années, ils ont alors souscrit au concept de l' épargne verte lancé par le ministre à MAMA.

Existe-t-il des sanctions contre les personnes, qui sont prises en flagrant délit de pillage de la forêt ?
Pour ce qui est de cette question, il est fixé pour la région du sud des mesures .Quand on coupe 150 m3 de bois, il faut obligatoirement planter un hectare. Au niveau de Yamoussoukro, Tiébissou etc, 250 m3 de bois coupé, il faut aussi planter un hectare. C'est dire que les opérateurs ont l'obligation de reboiser par rapport au volume qu'ils coupent. Ils sont aidés et entretiennent l'espace à reboiser par les services déconcentrés des Eaux et Forêts au bout de trois ans. Mais pour arriver à atteindre nos objectifs, il est important qu'on renforce nos approches parce que tout le monde ne peut pas être du coup intéressé par la sensibilisation. A preuve, avec l'expansion de l'hévéaculture et autres, les choses vont être difficiles mais pas impossibles .Etant entendu que les planteurs s'occupent de la spéculation par rapport au coût mondial .Hier, c'était le palmier à l'huile, aujourd'hui, tous penchent pour l'hévéaculture. Mais, c'est parce qu'ils ne connaissent pas la valeur de l'arbre.

Existe-t-il une politique de suivi au niveau du reboisement imposé aux opérateurs ?
Les opérateurs qui exercent sur tout le territoire sont répartis par la Direction Régionale. Actuellement, nous avons dix directions régionales, mais seulement six sont fonctionnelles du fait de la guerre. Chaque fois que le ministère délivre une autorisation d'exploitation, on nous détermine le volume à exploiter au cours de l'année. Et par rapport à son volume, il doit planter par exemple 10 hectares .Lorsqu'il n'a pas de terre, il s'adresse soit à la SODEFOR ou à d'autres particuliers. Lorsqu'il (l'opérateur) possède de la terre, il est suivi depuis les préparations de la pépinière jusqu'à l'étape finale. Mais, lorsque l'opérateur dit qu'il ne peut pas planter, alors il est pénalisé par une amende de 300 mille FCFA par hectare payable à la direction du reboisement. Aujourd'hui, le ministre a décidé que le couvert détruit soit reconstitué. Et donc, il n'est plus question qu'on paie à la place du reboisement. Il faut impérativement reboiser, faute de quoi, l'opérateur s'expose à des sanctions.

Il nous revient de façon récurrente que les agents des Eaux et forêts se rendent complices des opérateurs véreux pour piller la forêt. Qu'en dites-vous ?
C'est comme si on disait que les policiers, gendarmes etc. sont aussi complices des voleurs. Et ce, malgré leur présence dans le District d' Abidjan. Il faut que les gens comprennent que nos forêts sont généralement situées dans les villages. Donc, si on veut pousser les complicités, on parlera même des villageois. Je pense qu'aujourd'hui, on a deux modes d'exploitation au niveau des forêts. Il s'agit de l'exploitation au niveau des forêts classées confiées à la SODEFOR. Pour ce faire, la SODEFOR est à même d'avoir des agents pour surveiller ces forêts. Nous (agents des Eaux et forêts) qui représentons le ministère de l'environnement, nous vérifions aussi toutes ces exploitations. Au niveau de la zone rurale, l'exploitation se passe sur des périmètres. Si, aujourd'hui, les agents sont accusés de complicités, c'est peut-être parce qu'il existe en notre sein des brebis galeuses. Mais, sur la question relative au pillage de la forêt, c'est parce que les agents des Eaux et forêts n'ont aucun moyen. Est-ce que vous vous imaginez que pour aller contrôler, c'est l'opérateur que vous êtes censé encadrer qui vous remet son véhicule ? Cela constitue un véritable problème. Je pense que si les agents avaient des moyens adéquats, le pillage de nos forêts n'atteindrait pas de telles proportions. Avec la prise de conscience des autorités, nous espérons que des moyens seront mis à notre disposition pour faire face à la menace qui guette la Côte d' Ivoire. Je souhaite vivement qu'avec le retour de la paix, que cela soit ainsi. Je réitère pour dire que les agents des Eaux et forêts ne sont pas complices des opérateurs.

Souscrivez-vous aux déclarations de Fologo et de l'opérateur M'Bolo Martin qui plaident pour l'instauration de la lutte contre la déforestation dans les programmes d'enseignement scolaire ?
C'est une très bonne chose dans la mesure où le milieu scolaire, constitue la base où on doit inculquer l'amour de l'arbre. Mais avant de mettre un terme à cet entretien, je voudrais dire que l'arbre a une fonction écologique, économique et est source de vie.

GAS

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023