mercredi 19 septembre 2007 par Le Patriote

En l'espace de cinq ans, la Primature a connu trois locataires. Record absolu en Côte d'Ivoire depuis l'instauration de la fonction de Premier ministre. A ce niveau, le Président Gbagbo s'est montré beaucoup plus gourmant que ses prédécesseurs. La première des victimes a été le Premier ministre Seydou Elimane Diarra. Nommé par Laurent Gbagbo lui-même à la sortie du conclave de Kléber, l'ancien Premier ministre du Général Robert Guéi a buté dans sa fonction contre la volonté manifeste du clan présidentiel de saboter les accords de Linas Marcoussis. Le dépositaire des accords de Marcoussis dès sa prise de fonction a été farouchement combattu par Gbagbo et ses partisans. De retour de Paris, après les pourparlers de Marcoussis, son avion a été empêché d'atterrir à l'aéroport d'Abidjan Port-Bouët par les jeunes patriotes. Seydou Elimane Diarra s'est heurté à l'intransigeance d'un président qui ne l'a pas choisi de plein gré. Au moment où, lui, réclamait plus de pouvoirs pour exercer son rôle de chef de gouvernement, le président Gbagbo, lui, parlait d'une application dans l'esprit? des accords signés le 24 janvier 2003 en banlieue parisienne. Malgré ses plaintes, au troisième sommet d'Accra, il n'a pu obtenir qu'une étroite collaboration avec le chef de l'Etat. Malgré tout le Premier ministre Seydou Diarra a tenté de faire bouger les choses. Mais en vain. Cette absence de pouvoirs réels a plombé les actions du Premier ministre issu de Linas Marcoussis. A l'heure du bilan, seul le vieux a payé cash l'échec de la Transition. Le président Gbagbo a fini par avoir un adversaire qu'il a toujours considéré comme un allié des rebelles. Instruite des erreurs de l'ère Seydou Diarra, la communauté internationale en décembre 2005 nomme un nouveau Premier ministre. Elle prend le soin avant cette date de tailler le profil et les prérogatives du futur chef du gouvernement dans une Résolution qu'elle adopte en octobre. C'est la 1633. Charles Konan Banny, le nouveau Premier ministre, a des pouvoirs que lui donne cette Résolution. Mais hésite à les utiliser. Il parle de former un tandem? avec Laurent Gbagbo. Le tandem dans l'exercice du pouvoir montre ses limites. Banny exige que ses prérogatives soient plus clarifiées devant un Gbagbo Laurent qui n'hésite à l'occasion d'invoquer la Constitution pour freiner son chef de gouvernement dans ses actions. Banny, finalement, obtient de larges pouvoirs en novembre 2006 inscrits dans la Résolution 1721. Il rentre en conflit ouvert avec Gbagbo dans l'exercice de ses nouvelles prérogatives au cours de l'affaire des déchets toxiques et de la RTI. Mais le réveil est bien tard. Le dialogue direct sonne sa fin à la tête du gouvernement. Le 29 mars 2007, il est remplacé par le Secrétaire général des Forces Nouvelles, Guillaume Soro.

Jean-Claude Coulibaly

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