mercredi 19 septembre 2007 par Le Patriote

De tous les médicaments ? pour emprunter la fameuse image du chef de l'Etat ? que la Côte d'Ivoire, malade de la crise la plus grave de son histoire, a été amenée à se faire administrer depuis cinq ans, l'Accord de Ouagadougou signé le 04 mars dernier, reste de loin le plus porteur d'espérance.
La raison en est simple : c'est le seul Accord à l'issue duquel des actes concrets en faveur de la normalisation du pays sont perceptibles. Parmi ces actes figure inéluctablement la nomination au poste de Premier ministre de Guillaume Soro, le chef du mouvement armé qui, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, tenta un coup d'Etat contre le régime en place. Coup d'Etat qui se mua plus tard en une rébellion qui croisa le fer avec l'armée loyaliste dans une guerre intense, bien que brève dans sa manifestation combattante. Une guerre qui engendrera cependant une crise aussi longue qu'harassante et qui inscrira notre pays parmi les nations dont un conflit politico militaire a battu le record de tentatives de résolution, en termes de sommets internationaux et d'Accords signés. De Lomé à Marcoussis, d'Accra à Pretoria, d'Addis-Abeba à New York, que d'efforts au plan diplomatique déployés pour régler ce conflit !
Que Soro Guillaume soit aujourd'hui nommé chef du gouvernement au côté de l'homme qu'il voulait renverser il y a exactement cinq ans, est un signal extrêmement parlant de l'évolution positive du processus de paix. Que les deux hommes en arrivent par surcroît à afficher une complicité quasi parfaite dans la conduite des affaires de l'Etat, est un motif supplémentaire d'une espérance en une Côte d'Ivoire normalisée.
Une autre raison d'espérer en une fin de guerre définitive reste sans conteste la situation géographique du pays dont la partition en deux zones depuis le déclenchement de la guerre n'est plus qu'un souvenir, dès lors que l'Accord de Ouagadougou a prescrit le démantèlement de la ligne de démarcation entre les deux belligérants, appelée zone de confiance . La cérémonie de la flamme de la paix qui a donné lieu au bûcher de la paix , lequel a consisté à brûler publiquement et en présence de cinq chefs d'Etat étrangers le 30 juillet, les armes qui ont servi à la guerre, a été perçu comme l'expression de la volonté farouche des principaux protagonistes de la crise de matérialiser la paix. D'autant que c'est une occasion dont le chef de l'Etat a mis à profit pour se rendre physiquement à Bouaké. Même si au niveau de cet autre maillon important de la résolution du conflit que constitue la réunification de l'armée, quelques points d'achoppement subsistent, notamment au sujet de la question des grades, on peut dire que les choses ont notablement avancé.
Il reste toutefois que dans ce qui est considéré comme les fondamentaux de cette crise, c'est-à-dire principalement la question cruciale de l'Identification, les choses ont tendances à traîner en longueur, même si les audiences foraines sont annoncées pour avant la fin de ce mois de septembre. Les angoisses des uns et des autres sont justifiées par les tensions extrêmes suscitées par ces audiences qui ont occasionné par le passé des heurts entre les militants du parti au pouvoir et ceux de l'opposition. Nul n'a oublié les pertes en vies humaines qui ont été déplorées à cette tragique occasion.
Mais dans ce qui se présente comme une normalisation progressive de notre pays, un déclic qui peut aboutir à la fin réelle du conflit, certains événements ont quelque peu obscurci le ciel de l'atmosphère générale plutôt conciliant. Parmi ces événements, l'attentat, le 29 juin dernier, contre l'avion du Premier ministre à Bouaké. Attentat qui a fait quatre morts parmi ses collaborateurs. Bien que sorti indemne de l'agression, la question cruciale des commanditaires de cet assassinat manqué est restée entière. Et ce malgré l'ouverture d'une double enquête nationale et internationale.
L'autre point noir dans ce tableau relativement positif, c'est la question des exilés politiques, pour la plupart en treillis dont personne ne sait vraiment ce qui les anime et jusqu'où ils peuvent aller pour laver ce qu'il peuvent considérer comme un affront contre l'un ou l'autre des deux têtes de l'Exécutif ivoirien. Citons pêle-mêle le Général Doué Mathias, le Colonel Gaoudit Oulatta, le Commandant Sidibé Adama, mais surtout le Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB

Koré Emmanuel

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