mardi 18 septembre 2007 par Ministères

Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Présidents des Institutions,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales,
Mesdames et Messieurs les Chargés d'Affaires,
Mesdames et Messieurs les Consuls Honoraires,

C'est un grand honneur pour moi-même, pour mes collaborateurs ainsi que pour la Côte d'Ivoire tout entière de vous accueillir ici, à Abidjan, à l'occasion de la tenue de la Première conférence des Consuls Honoraires de Côte d'Ivoire.

Permettez-moi donc de vous souhaiter au nom du Président de la République, Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, du Premier Ministre, Guillaume SORO, du Gouvernement, du peuple de Côte d'Ivoire et en mon nom personnel le traditionnel AKWABA, c'est-à-dire, la cordiale bienvenue en terre ivoirienne, où bien entendu, vous êtes chez vous.

Je voudrais, avant d'aller plus loin dans mes propos, exprimer ma profonde gratitude au Président de la République Son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO pour sa contribution inestimable à l'organisation de cette Conférence.

Il démontre ainsi son engagement en faveur de la paix et son soutien à la diplomatie ivoirienne, une diplomatie mobilisée aujourd'hui pour relever les défis de la restauration de l'image de la Côte d'Ivoire, pour la relance économique et pour la reconstruction post-crise.

Monsieur le Premier Ministre,

Votre présence à l'ouverture de cette Première Conférence des Consuls Honoraires nous comble de joie autant qu'elle nous honore.

Cette Conférence place à nouveau notre pays dans l'espérance pour entreprendre des actions en vue de son repositionnement sur l'échiquier international. Je voudrais ici, vous remercier pour toute votre sollicitude.

Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais à présent saluer les Présidents des Institutions de la République dont la présence si remarquable et distinguée est la manifestation éloquente de l'intérêt qu'ils portent à la diplomatie ivoirienne. Qu'ils en soient grandement remerciés.

Il me plaît également de saluer les membres du Gouvernement, les Ambassadeurs accrédités en Côte d'Ivoire, les opérateurs économiques et tous nos partenaires qui, il faut le souligner, nous ont apporté un appui décisif pour l'organisation de cette Conférence.

A tous, j'exprime notre profonde reconnaissance.

Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs,

La tenue à Abidjan de la présente Conférence des Consuls Honoraires, la première du genre, démontre que la Côte d'Ivoire est irréversiblement installée dans la paix et que le temps est désormais propice à une relance ambitieuse et courageuse de ses relations internationales.

Mais avec quels pays, me direz-vous ? Y a-t-il, ou mieux doit-il y avoir pour nous des partenaires privilégiés ? Je formulerai ma réponse à cette question en langage diplomatique , ce qui ne vous étonnera point, mais j'ajoute aussitôt que ce qualificatif ne comporte à mes yeux aucune connotation négative ou péjorative. En effet, la diplomatie est précisément l'art du compromis entre les doctrines les plus extrêmes, l'art du juste milieu entre positions partielles parce que les plus partiales et partisanes.

S'agissant de la question de ces partenaires privilégiés dont on aimerait bien savoir s'ils sont aujourd'hui un obstacle ou un instrument entre les mains de notre diplomatie, je dirai que tout dépend de notre attitude :

- Nous pouvons penser notre diplomatie en privilégiant dans nos relations internationales les partenaires historiques qui nous ont accompagné dans notre développement, et à ce titre, nul ne peut nier le fait que nous sommes les héritiers de ces échanges économiques séculaires que nous avons eus, notamment avec la France et, pour des raisons à la fois linguistiques et culturelles, avec les pays francophones d'Afrique et d'ailleurs.

En disant cela, je pense notamment à la Belgique, à la Suisse, au Canada, comme à l'ensemble des pays revendiquant leur appartenance à l'espace francophone, sans parler de la complicité particulière que nous avons avec les pays francophones d'Afrique et plus encore, pour des raisons de proximité, avec les pays francophones d'Afrique de l'Ouest. Il serait irréaliste que de ne pas tenir compte de ces affinités électives qui ont été et qui demeurent l'une des sources et l'un des chemins privilégiés de notre ouverture sur le monde d'aujourd'hui.

Nous ne remercierons jamais assez les Gouvernements de tous ces pays amis qui n'ont cessé d'apporter un appui multiforme à notre développement et qui sont demeurés à nos côtés tout au long de ces années difficiles.

Nous pouvons à l'inverse chercher à éviter d'entrer dans l'avenir à reculons, et privilégier au contraire nos relations avec de nouveaux pays, qu'ils soient pays émergents comme le Brésil, Singapour, l'Afrique du Sud ou la Corée du Sud, ou qu'ils aient plus ou moins récemment accédé au statut incontesté et envié de grand pays industrialisé, comme l'Inde ou la Chine. Le danger, devant un aréopage de personnalités qui représentent dignement le monde entier, comme vous le faites aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les Consuls, c'est de citer certains pays au détriment d'autres comme s'il existait pour nous une hiérarchie. Sachez qu'il n'en est rien et que, dans mon c?ur et dans mon esprit, je n'en oublie aucun, tout en vous dispensant de m'entendre réciter la liste exhaustive des pays membres de l'Organisation des Nations Unies !

Conférer une importance particulière à notre diplomatie en direction de nouveaux partenaires, ce n'est pas seulement céder à la mode et au battage médiatique qui accompagne leur développement fulgurant, c'est plus profondément rééquilibrer notre positionnement en le situant résolument dans la perspective de l'avenir de l'humanité en général et de notre continent en particulier. Je suis en effet intimement persuadé que nous devons impérativement faire partie de ces pays qui auront su accepter et promouvoir l'idée selon laquelle les cités pilotes de demain seront celles qui auront su intégrer de façon harmonieuse des populations étrangères les unes aux autres et construire un monde en commun en bâtissant sur leurs différences. Oui, nos références, c'est Vancouver, c'est Johannesburg, c'est Melbourne ou encore Hongkong ! Bien sûr, cela prendra du temps, la nouvelle Tour de Babel ne s'édifiera pas en un jour, mais cela ne nous interdit pas, bien au contraire, de construire des alliances, de jeter des ponts : c'est précisément parce que le chemin sera long qu'il nous faut commencer tout de suite à le construire et à l'emprunter ! Permettez-moi de partager ce rêve avec vous : que demain (ou, si l'on veut donner du temps au temps, qu'après-demain), nous puissions avoir le sentiment que dans tous les pays et sous tous les climats, on est entre humains , parce que le multiculturalisme aura remplacé le communautarisme.

Nous assumons donc pleinement cette contradiction : nous avons des partenaires privilégiés, des amitiés et des habitudes historiques qui sont un héritage qui ne demande qu'à être fructifié et que nous ne cesserons d'entretenir, mais nous avons aussi et précisément pour les mêmes raisons, des relations nouvelles à promouvoir avec les pays qui ont plus récemment accédé à la notoriété internationale, et à l'égard desquels, pour des raisons de rééquilibrage de notre politique étrangère, nous entendons pratiquer un élargissement de notre champ diplomatique.

Mesdames et Messieurs les Consuls Honoraires,

La politique étrangère conduite par mon Département, à l'initiative de Monsieur le Président Laurent GBAGBO et sous la direction du Chef du Gouvernement, Monsieur le Premier Ministre Guillaume SORO, tend à faire en sorte que rien de ce qui est humain ne nous soit étranger .

C'est donc bien à chacune et à chacun d'entre vous que je m'adresse et c'est dans cet esprit que je me propose d'emprunter avec vous ce chemin qui nous conduira à

- expliciter le rôle que jouent les Consuls Honoraires, à

- rappeler en quel sens les conditions me paraissent favorables pour une relance de votre action d'intermédiation et enfin à

- élaborer de concert avec vous un plan de redéploiement et de redynamisation de notre diplomatie de proximité.

Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs,

Les missions d'un Consul Honoraire se définissent par opposition à celles des membres du corps diplomatique proprement dit. Nos diplomates sont des ivoiriens qui représentent notre Gouvernement à l'étranger et qui, à ce titre, ont pour tâche de représenter notre pays, de lui fournir les renseignements utiles pour la conduite éclairée des relations bilatérales, de conduire d'éventuelles négociations ainsi que de protéger nos ressortissants.

En revanche, les Consuls Honoraires sont des personnalités qui ne disposent pas à proprement parler de ce droit de représentation, même s'ils sont dans les faits également chargés par le Gouvernement de défendre les intérêts de nos ressortissants ainsi que d'accomplir différentes tâches administratives dévolues au corps consulaire proprement dit.

En réalité aujourd'hui : nous avons un impérieux besoin de consulter nos Consuls d'écouter leurs conseils avisés. Plus près des conditions de vie qui sont celles de nos compatriotes expatriés, au fait des réalités économiques, sociales et culturelles de leur pays d'origine, nos Consuls Honoraires sont pour nous tout à la fois des témoins et des acteurs qui nous permettent d'apprécier les situations et d'éclairer nos choix. Lorsqu'une difficulté se présente, lorsqu'une décision s'impose, il nous incombe de nous mettre à leur écoute.

Voilà pourquoi Mesdames et Messieurs les Consuls honoraires,

A mes yeux, vous êtes bien plus que de simples consultants , ces professionnels du conseil qui se targuent de connaître tous les pays pour avoir le droit de n'en aimer aucun, parce que vous avez, vous aussi, des affinités électives vis-à-vis de ce seul pays qui est cher à votre c?ur, dont vous aimez à dire qu'il est votre seconde patrie et auquel votre chaleureuse et attentive présence donne un nom : la Côte d'Ivoire !

Une chose est certaine en tout cas c'est qu'il y a bien longtemps que le contexte n'a pas été aussi favorable à la reprise de notre action diplomatique multipolaire et que de plus en plus vous avez un rôle essentiel à jouer, Mesdames et Messieurs les Consuls Honoraires, en tant qu'interface de cette action. C'est sur ce point que je voudrais maintenant insister.

Contexte favorable, dis-je, dans le sillage de l'Accord de Ouagadougou signé le 4 mars 2007 entre les deux ex-belligérants et accepté également par toutes les autres parties ivoiriennes. L'Accord de Ouagadougou a le mérite de dessiner les étapes du processus de réconciliation nationale et de prévoir jusqu'à ses obstacles, tout en nous indiquant les voies et moyens de les contourner.

Il s'agit d'un Accord équilibré dans la mesure où il garantit le respect mutuel entre les anciens belligérants et tourne résolument la page d'un recours à la force quand des difficultés imprévues se présentent.

Disons le tout net : ceux qui voudraient que les conditions de la reprise de notre diplomatie de proximité soient remplies avant d'entreprendre son redéploiement et sa redynamisation n'ont pas une vision claire de l'action diplomatique. Sachons nous satisfaire d'une amélioration et exploiter cette fenêtre d'activité au mieux de nos mutuels intérêts. Il s'avère en effet que la reprise de notre action diplomatique est elle-même un des facteurs favorables au retour de la confiance et à la reprise de la croissance : comme DIOGENE, prouvons donc le mouvement en marchant et laissons aux professionnels du scepticisme et du pessimisme le soin de disserter sur le principe de sa possibilité et demain nous serons fiers de pouvoir dire : c'était possible, la preuve, c'est que nous l'avons fait ! .

Cela ne signifie pas que nous puissions nous contenter d'imprimer cette nouvelle impulsion, sans avoir au préalable défini les conditions nouvelles de son exercice, conditions qui sont autant de qualités personnelles et professionnelles que nous attendons de vous. Le monde d'aujourd'hui obéit à certaines règles et principes nouveaux qu'il faut prendre en compte dans le choix des pays partenaires et dans celui des Consuls Honoraires qui nous servent de relais. Ainsi, selon moi, l'expérience accumulée ne suffit pas : nous avons besoin d'agents opérationnels au fait des pratiques les plus récentes en matière de relations internationales. Je me contenterai de rappeler quelques exigences essentielles de notre diplomatie en général et de notre diplomatie de proximité en particulier :

- Nos représentants et agents doivent être imprégnés des réalités économiques, culturelles, sociales et politiques constamment actualisées des deux pays concernés. Je dirai que c'est encore plus vrai pour un Consul Honoraire que pour un Ambassadeur, dans la mesure où il s'agit pour nous de constituer à travers le Consul un portefeuille de relations diverses, en complément du réseau institutionnel qui relie notre Gouvernement à nos interlocuteurs publics, par la filière diplomatique proprement dite.

- Nos représentants et agents doivent avoir une situation complète sur les ivoiriens résidant dans leur circonscription.

- Nos représentants et agents doivent également être au fait des nouvelles technologies de l'information et de la communication, car la rapidité et la réactivité sont aujourd'hui des qualités indispensables dans le monde des affaires, c'est-à-dire dans un monde où l'économie est globalisée et interactive.

- J'ajoute encore que je crois personnellement beaucoup à la coopération décentralisée et qu'elle doit constituer l'un des champs d'application majeurs de votre action : multipliez les relations entre collectivités territoriales, les jumelages et les parrainages. A travers eux, c'est tout le réseau de proximité des Maires et des Conseillers Généraux qui irrigue le milieu intérieur de nos relations bilatérales, dans leurs relations directes avec le monde des entreprises et des services.

- Mention spéciale enfin sur l'importance du réseau associatif (Associations et ONG) dont nous avons pu nous-mêmes apprécier sur le terrain le travail remarquable accompli par les meilleures d'entre elles en direction des populations bénéficiaires. Sur ce dernier plan, l'action de nos Consuls Honoraires peut et doit s'exercer de façon significative et pérenne.

Mesdames et Messieurs,

Il me reste à évoquer la question de l'organisation de cette diplomatie de proximité que vous avez la charge de mettre en ?uvre. Je ne souhaite pas à ce stade apporter des réponses, alors que précisément nous sommes ensemble pour en débattre. Je me contenterai de vous inviter à vous exprimer librement, sincèrement au cours des échanges qui vont avoir lieu. Nous devons mettre à profit votre présence en Côte d'Ivoire pour repenser avec vous nos missions, nos priorités en convainquant nos interlocuteurs de leur utilité et de la forte valeur ajoutée que représentent nos consulats honoraires.

Au terme de cette allocution, je voudrais dire, pour conclure, que bien évidemment, pour coopérer, il faut être deux, ce qui signifie qu'il vous revient de faire en sorte que l'intérêt des responsables de votre propre pays soit éveillé pour qu'ils acceptent de contribuer à la relance de notre action diplomatique et, au-delà, à la reviviscence de notre pays. Je n'ai pas souhaité, pour les raisons évoquées tout à l'heure, choisir entre les solidarités historiques et les alliances nouvelles. En revanche, l'impératif catégorique qui guide désormais chacune de nos décisions, chacun de nos engagements, c'est l'obligation de réciprocité, car, pour contracter une alliance, il faut être deux et il faut que la relation associe les deux partenaires en les situant sur un même pied d'égalité.

C'est ce que me rappelait avec humour l'un de mes bons amis qui me disait ceci : quand j'avais 20 ans, j'étais très amoureux d'une actrice très célèbre . Et il ajoutait : ça n'a pas marché, pourtant, j'avais une chance sur deux, moi je voulais et elle, elle ne voulait pas ! . Une chance sur deux, c'est ce que nous, les ivoiriens, nous avons de célébrer, avec chacun de vos pays respectifs, le mariage de la passion et de la raison, de pouvoir vivre une rencontre d'exception où la fraternité et l'utilité se conjuguent harmonieusement. De retour chez vous, soyez nos Ambassadeurs, que dis-je, plus encore, soyez nos Consuls Honoraires écoutés et appréciés afin que vos pays respectifs coopèrent activement avec la Côte d'Ivoire.

Vive la Côte d'Ivoire,
Vive la coopération internationale,
Vive l'amitié entre tous les peuples de bonne volonté,

Je vous remercie.

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