mardi 18 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Il me faut avouer d'entrée de jeu, que je suis vraiment déçue de nos politiciens : ceux qui sont au pouvoir, aussi bien que ceux de l'opposition, disons de la classe politique toute entière. Je suis déçue, aussi, des houphouétistes ou néo-houphouétistes ou paléo-houphouétistes (c'est la même race). Il me faut expliquer les raisons de ma déception : dans un pays comme la Côte d'Ivoire, où la population souffre, où la jeunesse est désespérée, livrée à elle-même et sans perspective d'avenir, tout ce que nos intellectuels trouvent de bon à dire, et à faire, c'est de produire des discours sur l'houphouétisme (et puis quoi encore ! woblou !).
Cela est peut-être bien et bon, pour le plaisir égoïste des intellectuels. Mais toutes ces belles proses sur Houphouët, le Pacte colonial, la liberté, la dignité, apportent-elles vraiment des réponses aux problèmes que la Côte d'Ivoire vit, actuellement ? A la même page de Fraternité Matin de samedi dernier, où l'article du Président Mamadou Koulibaly a été publié, se trouve, un pathétique appel lancé par " Le collectif des jeunes diplômés de Côte d'Ivoire " aux gouvernants. Je vous rapporte quelques lignes de cet appel : " La désintégration lente, mais sûre, de la société ivoirienne qui résulte de l'absence de perspectives, appelle les réflexions suivantes : l'Education en générale, et l'Ecole en particulier, constituent-elles vraiment une priorité pour les gouvernants ? Quelle place occupe encore l'avenir de la jeunesse, aux yeux de nos dirigeants ?
() Il faut se convaincre, jeunesse ivoirienne diplômée et jeunesse ivoirienne tout court, que notre avenir a cessé de préoccuper les autorités et que cet avenir s'assombrit chaque jour davantage et ce, par l'incurie de certaines de nos autorités et gouvernants" Le texte dit aussi : "Si donc on traite ainsi le bois vert, qu'adviendra-t-il du bois sec ?" Je suis sûre que peu de lecteurs ont fait attention à cet article. Mêmes nos néo-houphouétistes, n'y ont pas prêté attention. Savent-il seulement, les uns et les autres, que la jeunesse fut un des piliers de l'action du président Félix Houphouët-Boigny ? J'avoue, encore, que j'ai du mal à comprendre que M. Mamadou Koulibaly, 3ème vice-président du FPI, le parti au pouvoir, Président de l'Assemblée nationale, se donne tant de temps et de peines, à revendiquer le droit ridicule de cogiter sur Houphouët et les néo-houphouétistes, à un moment où l'on attendait de lui, qu'il nous donne, en tant que deuxième personnage de l'Etat, des réponses aux problèmes cruciaux et vitaux que rencontre la population : la cherté actuelle des produits alimentaires ; la pauvreté qui lamine le peuple ; le spectre de la rentrée scolaire qui angoisse les pères et mères de familles ; les malades qui meurent dans des hôpitaux abandonnés par des médecins inconscients ; l'insécurité galopante ; le chômage des jeunes (diplômés comme non diplômés), etc. J'ai du mal à comprendre que tout cela n'interpelle pas notre Président de l'Assemblée nationale. Quelle est la position de l'Assemblée nationale sur ces problèmes ? Et quelles solutions proposent-elles ? Sans doute le combat contre... le Pacte colonial ! On peut donc mourir, en attendant qu'on gagne la guerre héroïque et patriotique contre la France, pendant que nos dirigeants s'engraissent sur le dos du peuple; Je pense, finalement, que le Président Koulibaly a bien eu les néo-houphouétistes : son intention était de détourner l'attention de l'opinion sur de vagues problèmes théoriques (qui n'intéressent pas du tout le peuple), à un moment où le pouvoir des refondateurs est en difficulté: la grogne sociale monte; le rang des mécontents qui s'élargit de plus en plus. L'espoir qu'avaient suscité les refondateurs est devenu, pour nombre d'entre nous, un véritable cauchemar ; au point où, des milliers de jeunes se demandent, aujourd'hui : quand finira la refondation et son combat pour la dignité, pour la liberté, pour la souveraineté, son combat contre le pacte colonial, contre la France, contre les envahisseurs, contre..., etc., etc.
Bientôt, ils vont nous dire qu'on doit mener une guerre de libération contre les habitants de la planète Mars, qui sont jaloux de notre bonheur terrestre que Gbagbo veut construire. Gbagbo, ce héros national, révolutionnaire authentique de la trempe de Lumumba, de Sankara ou de Che Guevarra!
A quand la construction des hôpitaux qu'on nous avait promis ? A quand les écoles, les universités, les livres, les routes ? A quand le travail pour les jeunes ? A quand les promesses enfin tenues ? Où est l'opposition ivoirienne, pendant que le peuple se bat ? Elle est vraiment irresponsable, notre opposition. Est-ce ainsi, en se désintéressant des problèmes du peuple, qu'elle veut accéder au pouvoir ? M. Koulibaly, et vous autres, néo-houphouétistes : nous voulons, simplement, du travail ; car, nous avons faim. Nous avons soif et froid. Nous avons le droit de profiter de notre jeunesse, de construire sereinement notre avenir, de nous épanouir, en jouissant pleinement de fruit de notre travail. Et que nous importe, que cela soit fait de manière houphouétienne ou de manière refondatrice, ou de manière révolutionnaire. Nous voulons travailler. C'est TOUT. POUR GAGNER NOTRE VIE. Donnez-nous donc du travail. Nous sommes fatigués d'errer comme des âmes en peine, à longueur de journée. Donner du travail à la jeunesse : est-ce si difficile que cela ?
Que ceux qui ne peuvent pas le faire, dégagent. Et qu'ils nous confient, à nous, les jeunes, la direction de ce pays. Non seulement nous sommes majoritaires, mais en plus de cela, nous sommes certains de pouvoir faire mieux que vous tous. Nous pouvons relever les défis de la modernité, et en finir avec la démocratie à l'africaine et les hurlements ridicules contre la colonisation. De toute façon, nous les jeunes, nous n'avons pas connu la colonisation. Ce que nous avons connu et que nous connaissons, ce sont nos mauvais dirigeants. Et ce sont des africains, et non des colons blancs.
Oui, je suis indignée !
Démissionnez, tous !
Et laissez le pays aux jeunes !
*Christiane Djahuié
Une jeune ivoirienne, déçue.
Présidente du Parti de la Jeunesse Ivoirienne (PJI)
Tél : 07 85 24 76. Email : kikidcf@yahoo.fr
Ampliation à Fraternité-Matin

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