Le cercueil de Serge Kuyo a fait tomber, samedi dernier, le malheur sur Logobia, le village natal de du général terrain?. Suivant les pas des porteurs de la dépouille mortelle de leur ancien secrétaire général, les éléments de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) ont incendié plusieurs maisons.
" En Afrique, certains morts parlent et désignent leurs bourreaux ".
Samedi dernier, Serges Kuyo Bogia ne s'est pas tu.
Alors que ses parents, amis et compagnons de lutte syndicale l'accompagnaient à sa dernière demeure, l'ancien secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) a parlé?.
Le corps dit qu'il n'avance plus, il veut désigner ses assassins.
C'est une affaire mystique?, a lancé l'un des rares jeunes villageois restés en place.
Les porteurs, malgré les efforts déployés pour avancer, ont été, semble-t-il, contraints de s'arrêter.
S'ils t'ont tué, il ne faut pas partir comme ça, dis nous et on va te venger?, ont menacé les étudiants.
Après plusieurs balancements, le cercueil a fait demi-tour pour retourner au village.
Sa première halte a été dramatique pour la maison indexée.
Après avoir tout cassé, les étudiants y ont mis le feu.
Les constructions traditionnelles et alentours n'ont pas été épargnés.
Les quelques villageois restés sur place ont regardé en silence, transits de peur, les jeunes gens mettre tout sens dessus, sens dessous.
Les éléments des forces de défense venus en grand nombre pour assurer la sécurité des populations ont eux aussi assisté, impuissants, à ces représailles.
C'est une affaire de famille.
Un règlement de compte entre la famille d'adoption, la FESCI, et la famille légitime de Logobia.
On ne peut pas intervenir?, a justifié tranquillement un élément des FDS, avant d'inviter les sapeurs-pompiers militaires présents, à éteindre les premières flammes.
Le secrétaire général du gouvernement, Félix Tiéoulou, qui a voulu ordonner que l'on gaze les étudiants, a de peu manqué d'être molesté par quelques uns d'entre eux.
Le cercueil, ramené au centre du village, le secrétaire général actuel de la FESCI, Serges Koffi, a calmé ses hommes.
Serges Kuyo a parlé, nous l'avons compris et nous avons exprimé notre douleur.
Je vous appelle maintenant à rester tranquilles afin qu'il soit inhumé dans la dignité.
Parce qu'il n'est pas n'importe qui.
Faisons taire nos passions et la violence qui bouillonnent en nous et accompagnons-le, dans le calme ", a t-il déclaré.
Suite à cette déclaration saluée par le ministre du Plan, Bohoun Bouabré, et le ministre de la Réconciliation nationale, Dano Djédjé, le corps a été déposé dans un corbillard et conduit à sa dernière demeure avec beaucoup d'émotions.
Des délégations de la présidence, de la primature, de la galaxie patriotique et de la jeunesse des Forces Nouvelles ont tenu la main? de Serges Kuyo Bogui pour ce dernier voyage.
A.E.O.