dimanche 16 septembre 2007 par ONUCI

Bamako - L'analphabétisme ne saurait être une fatalité. Nous pouvons et nous devons le combattre et le vaincre , a déclaré S.E. Ousmane Issoufi Maïga, Premier ministre du Mali, à l'issue de la Conférence régionale sur l'alphabétisation en Afrique, qui s'est tenue du 10 au 12 septembre à Bamako (Mali).

Lors de la clôture, les participants - ministres, représentants des universités, de la société civile et des agences des Nations Unies - ont lancé l'Appel de Bamako. Ils ont insisté sur la nécessité de donner une impulsion nouvelle à l'alphabétisation en Afrique et de faire en sorte que les engagements pris en faveur des personnes qui ne savent ni lire ne restent pas lettre morte. De leur côté, les vingt-deux Premières Dames présentes ou représentées à la Conférence se sont engagées à prendre une part plus active dans l'alphabétisation. Elles ont collectivement exhorté les Etats à revoir à la hausse les budgets alloués à l'éducation non formelle .

Inaugurée par le président du Mali, Amadou Toumani Touré, par Cheick Omar Sissoko, ministre de l'Education du Mali et par le Directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, la Conférence, intitulée Le Renouveau de l'alphabétisation pour faire face aux défis africains et internationaux a réuni plus de 300 participants. Dans un message vidéo diffusé au cours de la cérémonie d'ouverture, Laura Bush, Première Dame des Etats-Unis et Ambassadrice Honoraire pour la Décennie des Nations Unies pour l'alphabétisation, a rappelé à quel point l'investissement dans l'alphabétisation est un élément clé du développement pour le continent.

Savoir lire et écrire est un droit humain fondamental : gage d'accès à l'éducation, à la santé et au bien-être , a déclaré Koïchiro Matsuura. Or, sept ans après le Forum mondial sur l'éducation de Dakar (Sénégal), le bilan est très contrasté. Si le taux régional d'alphabétisation a augmenté de 10% depuis 1990, l'Afrique subsaharienne compte encore 150 millions d'adultes analphabètes, soit moins de 60% des adultes qui savent lire et écrire. Il s'agit de l'un des taux d'alphabétisation les plus bas du monde. Le Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous (EPT) estime que le nombre d'analphabètes en Afrique subsaharienne devrait atteindre 168 millions d'ici 2015. De plus, près de 38 millions d'enfants n'y sont pas scolarisés et environ deux tiers d'entre eux quittent l'école prématurément ou achèvent leur cycle sans réelle maîtrise des compétences de base. Les disparités entre les sexes restent par ailleurs préoccupantes.

Pendant deux jours et demi, les participants ont examiné les réalisations accomplies, passé en revue les engagements pris et mesuré les défis spécifiques au continent africain. L'alphabétisation mère-enfant, l'alphabétisation pour la santé ou pour la génération de revenus ou encore l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) faisaient partie des thèmes abordés. Au cours des discussions, la nécessité de voir le secteur privé jouer un rôle beaucoup plus actif en matière d'alphabétisation a été plusieurs fois soulignée. La formation des personnes chargées d'apprendre à lire et écrire, l'alphabétisation dans la langue maternelle et la nécessité de renforcer les liens entre éducation formelle et non formelle sont également apparus comme des sujets clé pour la région.

Cette conférence visait aussi à établir une coopération entre les différents acteurs concernés par l'alphabétisation afin que des progrès soient réalisés et se traduisent par des résultats tangibles pour les populations. Koïchiro Matsuura a rappelé que, malgré les efforts consentis ces dernières années, les budgets consacrés à l'éducation de base restent très insuffisants. Il a invité la communauté des donateurs à consentir un effort plus important dans ce domaine. L'aide à l'éducation de base devrait en effet s'élever à 4 milliards de dollars par an d'ici 2010, soit un montant très inférieur aux 11 milliards de dollars annuels nécessaires à la réalisation de l'Education pour tous (EPT). De plus, la part de cette aide destinée à l'alphabétisation est minime.

La réunion de Bamako s'inscrit dans une série de six conférences régionales et sous-régionales destinées à combattre l'analphabétisme dans le monde. Les deux premières réunions de cette série ont eu lieu à Doha (Qatar), en mars, et à Beijing (Chine) en juillet-août 2007. D'ici la fin de l'année 2008, trois autres conférences du même type auront lieu en Inde, au Costa Rica et en Azerbaïdjan.

Ces initiatives font suite à la Conférence sur l'alphabétisation dans le monde, organisée par la Maison-Blanche à New York le 18 septembre 2006, sous le patronage de Mme Laura Bush. Cette conférence avait marqué le début d'une vaste campagne internationale en faveur de l'alphabétisation dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l'alphabétisation (2003-2012) et de l'initiative spéciale de l'UNESCO : savoir pour pouvoir, LIFE (2006-2015).

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