vendredi 14 septembre 2007 par Fraternité Matin

Le coût de la vie ne cesse d'augmenter. Produits manufacturés comme produits vivriers sont constamment en hausse.
Les Ivoiriens sont confrontés depuis quelques semaines à une hausse très significative des prix des denrées manufacturées. L'huile de table, produit de référence, est passée de 650 à 800 francs le litre. Le sac de 50 kilogrammes de riz de grande consommation est passé de 12 mille à 14 mille francs. Le lait, le savon, la viande de b?uf et bien d'autres produits de grandes consommation ont connu des augmentations substantielles de leurs coûts ces derniers temps. Bien évidemment, cela ne peut que susciter des grincements de dents, voire une grogne dans les milieux modestes. Et le principal accusé, c'est l'Etat qui ne fait rien pour aider la population?. Certains y voient même la complicité du gouvernement qui aurait augmenté ses taxes en vue de renflouer ses caisses pour faire face aux différentes revendications syndicales?. Il leur est difficile de comprendre que l'Etat reste sans réaction face à la flambée des prix?. En fait, la situation n'est pas propre à la Côte d'Ivoire. C'est une conjoncture qui est internationale et qui trouve ses causes essentielles au niveau de l'offre et de la demande de certains produits. Notamment les matières premières. Plusieurs d'entre elles connaissent depuis un certain temps une croissance soutenue de leurs cours grâce à une augmentation de leur demande, du fait de la hausse constante de la consommation chinoise ? celle-ci oscille entre 13 et 15%. L'huile de palme, par exemple, qui est l'une des principales matières premières pour la production de l'huile de table et des savons, connaît une extraordinaire ascension des prix. Les industriels de Côte d'Ivoire font remarquer que le prix de la tonne d'huile de palme brute sur le marché international est passé d'environ 200 000 francs CFA (430 dollars) début 2006 à environ 400 000 francs CFA à fin mai 2007. Soit une augmentation de près de 100% en moins de 18 mois. Pour eux donc, c'est clair. Le facteur principal, à la base de la hausse vertigineuse des cours mondiaux de cette matière première est la croissance de la consommation des huiles alimentaires en Chine. Ce pays représente près de 20% de la consommation mondiale contre 5% dans les années 70. Les raffineurs d'huile et fabricants de savon de Côte d'Ivoire font remarquer que, bien que subissant la flambée des prix de la matière première, ils n'ont pas tout de suite répercuté la hausse sur les produits finis. C'est après plusieurs mois d'observation, qu'ils se sont résolus à le faire à hauteur de 15%. Cette hausse est la première depuis cinq années.
La population se plaint aussi d'une énième hausse du prix du lait. La poudre de lait, faut-il le rappeler, est passée de 131 mille francs CFA, la tonne, à environ 262 mille francs CFA, sur le marché international. Or le lait est la matière première de plusieurs produits dont le yaourt, le beurre, etc. D'où l'augmentation du prix de ses produits dérivés sur le marché. En ce qui concerne spécifiquement l'huile de palme brute, son utilisation croissante comme biocarburant fait aussi partie des facteurs de l'embellie de ses cours. Le maïs connaît aussi une hausse des cours sur le marché international, du fait de l'option grandissante du biocarburant aux Etats-Unis, préoccupés par une alternative au pétrole afin de garantir leur indépendance en hydrocarbures. Cette céréale a connu une augmentation de son prix de l'ordre de 35%. Tout comme toutes les céréales d'ailleurs, au nombre desquelles, le riz et le blé. La première a enregistré une montée de ses cours à 50% sur le marché international. D'où la hausse du prix constatée sur les marchés de Côte d'Ivoire.
En ce qui concerne le blé, la conséquence, pour le commun des consommateurs, est l'augmentation du prix de la baguette de pain. Pour l'instant, le pain ne s'est pas encore engagé dans cette valse des prix. Mais, il en est de plus en plus question... Les meuniers ne sont pas sûrs de pouvoir tenir longtemps sans revoir le prix de la farine à la hausse. Car le prix du blé, matière première dans la fabrication du pain, se maintient dans l'ascenseur. La hausse frôle même les 60% pour la campagne d'août 2007. Les observateurs font remarquer que la conséquence est une augmentation du prix de la farine à près de 35%. Comme quoi, après l'augmentation du prix de la baguette de pain en 2006, suite à une hausse du prix de la farine de blé de l'ordre de 17% en Côte d'Ivoire, les consommateurs ne sont pas à l'abri d'une autre hausse. On parle d'une majoration de 14%. Cependant, les professionnels du secteur pensent que le prix de la baguette ne dépassera pas les 150 francs autorisés par le gouvernement ivoirien. Puis- que à cause de la concurrence, les boulangers n'ont jamais appliqué dans les faits ce prix qui leur a été pourtant concédé.
Une chose est certaine, l'augmentation de la farine de blé est inévitable en Côte d'Ivoire. Surtout que des pays de la sous-région ont déjà procédé à des réajustements. Dès juin-juillet, le Mali est passé à 350 mille francs la tonne après répercussion des premières évolutions du prix du blé de juin et juillet 2007. Soit une hausse de 15%. Le ciment, élément essentiel dans la construction des maisons, fait aussi partie des produits qui occupent les premières places dans la flambée des prix. Ce matériau a enregistré une hausse de 30%. Les raisons sont encore liées à une augmentation de la demande mondiale. Celle-ci a atteint 30 % cette année. Les coûts du transport des marchandises vers la Côte d'Ivoire font partie aussi des facteurs externes de la hausse des prix. Le directeur de la métrologie, du contrôle de la qualité et de la répression de la fraude au ministère du Commerce, M. Kamissoko Mamadou Ba, indiquait, récemment sur le plateau de la première chaîne de la télévision nationale de Côte d'Ivoire, qu'ils ont atteint 69,32%. Pour lui, cette donne ne saurait être négligée dans la situation qui prévaut. La flambée des prix constatée actuellement en Côte d'Ivoire s'explique aussi dans une certaine mesure par des causes internes au pays. Il s'agit notamment des tracasseries des forces de l'ordre auxquelles font face les opérateurs économiques. Des associations de commerçants estiment à près de 20% le poids du racket des policiers et gendarmes dans la composition des prix de certaines marchandises. Les commerçants aussi ne sont pas exempts de reproches. Certains procèdent à des augmentations non justifiées sous le prétexte de l'application de la facture normalisée. Ils imposent des prix plus élevés aux clients qui réclament ce document institué l'année dernière par la Direction générale des impôts dans le cadre de sa lutte contre la fraude fiscale... Quand d'autres font de la surenchère sur certains produits lors des pénuries. C'est le cas du gaz domestique qui fait pourtant partie des produits péréqués par l'Etat. Malgré la péréquation, des revendeurs se permettent d'augmenter les prix des bouteilles à l'occasion des pénuries auxquelles ils ne seraient pas étrangers. Ainsi, au lieu de 1500 francs, comme indiqué par le gouvernement, la bouteille de 6 kilogrammes est vendue parfois jusqu'à 3000 francs. Les ménagères, face au coût très élevé du gaz, n'ont pas d'autre choix. Et la calice continue d'être bue
Alakagni Hala
Option : Infernal !
Le coût de la vie ne cesse de grimper. Vertigineusement. Les salaires, eux, sont bloqués au compteur depuis Mathusalem. Les ménagères, si promptes à faire danser l'anse du panier, doivent man?uvrer serré pour espérer garder quelque chose. La vie est chère. Nul ne saurait le nier. Comment donc s'arrange-t-on aujourd'hui pour joindre les deux bouts? La réponse est sans doute connue de tous, mais nul n'osera l'avouer ouvertement, tant elle met à nu les libertés que le commun des citoyens est obligé aujourd'hui de prendre avec les lois et la morale. L'existence détermine la conscience, a dit Marx. Le système D a pris racine partout et prospère allègrement. A-t-on vraiment le choix? Devant l'échéance d'une facture d'électricité à régler alors qu'on a les poches désespérément vides, tout raccourci semble devenu bon pour éviter l'humiliation d'une coupure aux conséquences traumatisantes pour les siens et catastrophiques pour son honneur personnel. Vivre décemment à Abidjan aujourd'hui, nécessite un salaire de 300 000F au moins. Combien sont-ils les travailleurs, du secteur public surtout, et même du privé, qui jouissent de cette manne? Très peu On s'efforce de maintenir un niveau de vie enviable au prix de mille et une acrobaties
En décidant de suspendre la TVA sur les denrées de grande consommation (riz, lait, huile etc.) le gouvernement prend, assurément, une mesure salutaire qui va tendre moins les cordons de la bourse. La TVA, dans un certain passé et la facture normalisée plus récemment, ont souvent servi de prétextes (justifiés, malheureusement) aux commerçants pour revoir à la hausse ces produits qui, comme leur appellation l'indique, sont de toute première nécessité et incontournables. La nouvelle, communiquée aux associations de consommateurs remontées contre la flambée des prix par le ministre de l'Economie et des Finances, vient à point nommé. Les entreprises importatrices vont bénéficier d'allègements fiscaux, promet l'argentier du gouvernement. Dès la semaine prochaine, les produits de grande consommation devraient alors revenir à leur prix normal. Puissent-ils y être stabilisés.
par Elvis Kodjo
L'incidence des tracasseries routières
On ne peut plus rien acheter au marché de Yamoussoukro. Les coûts des produits vivriers ont subitement connu une hausse. Les tubercules d'igname, de manioc et de taro ne sont plus que des aliments de luxe. Pareil pour les légumineuses qui sont devenues quasiment rares. Un vrai casse-tête pour les ménagères. Surtout celles qui ont une famille nombreuse. A l'image de dame Valerie Niamien, habitant le quartier SOPIM. Nous l'avons rencontrée au marché central. Elle fait des va-et-vient entre les différents étals. Elle touche et retouche les différents tas d'aubergine et de gombo. La mine renfrognée. Puis entre deux murmures, elle ouvre son porte-monnaie et tend des piécettes à la vendeuse. Cette dernière, toute souriante, réconforte sa cliente avant de la servir. Ce n'est pas notre faute madame. Nous sommes obligées de placer les condiments en fonction des prix auxquels les grossistes nous les livrent. On va faire comment? Tout est cher?. De fait, dame Valerie Niamien a tous les problèmes pour faire son marché. Avant, a-t-elle indiqué, elle le faisait avec 2000 frs. Mais aujourd'hui, il lui faut 5000 frs. Et de plus, cela lui prend plus de temps, car il lui faut se promener longtemps pour avoir satisfaction.
Elles sont nombreuses les ménagères qui sont dans cette situation et qui s'en plaignent. Car, les paniers reviennent à la maison à moitié pleins. A cette allure, nous risquons de ne plus tenir?, déplore dame Kouassi Agnès. Selon les commerçantes des produits vivriers, la hausse des prix est le fait des éléments des forces de l'ordre présents sur les routes et des transporteurs. Les premiers exigent de l'argent aux dames avant de les libérer. Quand on arrive au corridor, les policiers nous demandent de dédouaner nos bagages?, révèle dame Koffi Akissi, revenue de Kononfla (département de Sinfra) avec de la banane, des sacs de graine et de taro. De Kononfla à Yamoussoukro, distant de moins de 40 Km, dit-elle, elle a dépensé 5.000 frs sur la route. J'ai donné de l'argent aux douaniers à Gohi, aux gendarmes à Tiékorodougou. A l'entrée de Yamoussoukro, il y a les agents de la police, des Eaux et Forêts, des douaniers et des agents de l'OCPV. A chacun de ces détachements, il m'a fallu verser 500 à 1500 frs, avant qu'ils ne libèrent le véhicule. Calculez un peu ce que je débourse à un seul corridor. Et très souvent, nous en traversons plusieurs?, renchérit-elle, pour justifier l'augmentation des prix. Sur le marché, nous sommes obligées de tout défalquer sur les prix de vente?, poursuit la commerçante. Mêmes difficultés vécues par Mme Antony Amoin, vendeuse d'ignames. Pour une caisse d'ignames qu'elle ramène de Bouaké, elle ne dépense pas moins de 10.000 frs, en dehors du transport.
Les seconds, quant à eux, pratiquement des tarifs de plus en plus élevés. Raouffou Abou, chauffeur d'un taxi-brousse, explique: Dès que les policiers ou gendarmes aperçoivent des bagages dans ton coffre, ils t'exigent une somme plus forte. Avec toutes les menaces possibles. Donc, nous sommes obligés de tenir compte de cette situation avant de fixer nos prix?.
Tous plaident pour une volonté politique vigoureuse. Afin que les familles, quel que soit leur pouvoir d'achat, puissent manger à leur faim.
Koffi Kouame
Correspondant Régional
Les habitudes alimentaires modifiées
Moi, je mange beaucoup le foutou; mais ces derniers temps, à cause de la cherté de la banane sur le marché, je n'en mange plus?. Celui qui s'exprime ainsi est M. K Pascal, employé dans une entreprise de la place. Un autre de renchérir: Moi, lorsque j'étais en fonction à Tabou avant la guerre, je dépensais environ 10.000F par semaine en nourriture pour la famille de huit personnes parfois dix avec l'arrivée d'autres personnes. Or, ici à San-Pedro où je suis maintenant, c'est au moins 20.000F par semaine. Et cela pour les condiments seulement?. M. K. Olivier, récemment affecté dans une entreprise de micro-finance de la place, se prend la tête face à la cherté de la vie. Je ne me retrouve pas, le coût de la vie est très élevé ici à San-Pedro. La nourriture, le loyer, les produits tels que le savon, le gaz, etc. Tout coûte cher ici?, s'est plaint le nouvel arrivant qui ne s'est pas encore adapté aux réalités de la cité portuaire. Ces témoignages illustrent éloquemment, la cherté de la vie à San-Pedro. Un tour à l'antenne régionale de l'Office d'aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) pour s'enquérir des prix des denrées sur les différents marchés achève de nous convaincre. Tenez, sur les cinq marchés de la ville, les prix des vivriers ne cessent d'augmenter. Même quand certaines denrées foisonnent sur les marchés, les prix sont toujours élevés comparativement aux années précédentes. Ainsi, le coût moyen de la banane plantain par exemple était, selon les relevés de l'OCPV de San-Pedro, en juillet 2006, à 149F le kilogramme. A la même période de l'année en cours, les prix affichaient 276F le kilogramme. Le manioc s'achetait en juillet 2006 à 91F le kilogramme contre 166F en juillet 2007. Identique pour la tomate Sodefel et le riz importé de grande consommation appelé communément dénikacha? qui s'achetaient respectivement en juillet 2006 à 671F et 254F le kg contre 722F et 276F le kg cette année. Pour le riz particulièrement, un grossiste, installé au marché Nabo Félix et qui a requis l'anonymat, a déploré l'augmentation quasi-hebdomadaire. A l'heure actuelle, au marché Nabo Félix qui est le marché où s'approvisionnent tous les détaillants des autres marchés et qui est, de ce fait, le marché le moins cher de la ville, les prix ne satisfont pas les clients. Tout est cher ici?, fulmine une dame, panier à la main, qui sillonne depuis quelque temps le marché et que nous avons pris le temps de suivre. La banane plantain qui, selon les techniciens de l'OCPV, se trouve de plus en plus sur les marchés se vend à 146F/kg. Le tas d'aubergines est à 25F soit 200F /kg. La période est bonne pour l'aubergine au dire des vendeuses. Sinon, ajoutent-elles, en contre-saison où il ne pleut pas, les denrées sont pour la plupart très chères. Et le sac d'aubergines qui est actuellement à 3.000F revient à 7000F et même plus. M. Fousseny Coulibaly, responsable régional de l'antenne de l'OCPV de San-Pedro, à qui nous avons demandé les raisons de la cherté de la nourriture à San-Pedro, situe le problème à deux niveaux. Pour les produits importés, les prix relèvent des taxes de l'Etat. Par contre, ceux cultivés localement dépendent des acheteurs qui se plaignent des nombreux barrages. Aussi, la guerre ayant causé le départ de nombreux producteurs, les grossistes vont donc très loin pour se ravitailler en certains produits. Et enfin, il y a aussi le fait que les pluies ne tombent pas au moment voulu?. Et de reconnaître que la vie coûte cher à San-Pedro. Le plat qu'on mange à 300F à Abidjan, ici on l'a à 500F?.
Martial Detchi
Focus : Le retour de la banane plantain
Depuis bientôt trois semaines, la banane plantain est en train de refaire son apparition sur le marché, après près de six mois de pénurie. Les premiers satisfaits sont les consommateurs qui ont renoué avec leurs habitudes alimentaires. Foutou, alloco (friture de banane) et ragoût sont de nouveau au menu dans les ménages. Pas dans tous les ménages?, se plaint Yapo Chia L. Cette dame que nous avons rencontrée, hier matin, au ??marché gouro'' d'Adjamé, a relevé le coût élevé de cette denrée. La banane commence à revenir mais ce n'est pas encore le grand retour; ce qui fait qu'elle coûte encore cher?, explique-t-elle. Koffi Amoin, vendeuse d'alloco à l'allocodrome de Cocody, ne dit pas autre chose. Actuellement, je peux dire qu'il y a un peu plus de bananes sur le marché. Mais, on a connu mieux que ça. Habituellement, à cette période, la banane pourrit sur les marchés tellement il y en a en grande quantité et de qualité. Regardez, les bananes que vous voyez là-bas, n'arrivent même pas à mûrir parce qu'elles ne sont pas formées. Nous sommes obligées de les acheter parce qu'elles coûtent relativement moins cher?, argue-t-elle. En effet, les tas de bananes qui sont vendus à 100 F sont ceux qui sont constitués des bananes qui ne sont pas à point. Quand on les épluche, elles ont une couleur blanche et non jaune foncée comme celles qui sont formées. Les vendeuses nous ont confié qu'elles sont obligées de les badigeonner avec un produit pour provoquer le mûrissement. Si nous n'agissons pas ainsi, la banane peut faire même un mois sans mûrir et elle pourrit en mûrissant?, déclarent-elles. Les grossistes leur livrent le sac de 60 Kg à 3000 F souvent même à 2500 F. Les plus grosses, elles, sont vendues à 6000 F, voire 7500 F les 60 Kg. Les détaillantes font le tas à 300 F ou 500 F.
Les grossistes qui parcourent les campements et les villages de Duékoué, Divo, Bouaflé, Sinfra, Saïoua, Bonon et Daloa à la recherche de cette denrée, disent qu'elle n'abonde pas. C'est au prix fort qu'elles-mêmes se la procurent. Le camion de 10 tonnes qui coûte 400.000 F à Daloa dans les périodes d'abondance, coûte actuellement 1 million?, a confié, Kouamé Affoué, l'une d'entre elles. Le mois d'août a donc trahi sa réputation de mois d'abondance de la banane plantain. La raison, d'après Kouamé Affoué, c'est l'absence des pluies. Cette absence a fait que la pénurie de cette denrée qui dure habituellement de mars à juin, s'est s'étendue jusqu'au mois d'août cette année. Or, la banane, explique-t-elle, est une plante qui a besoin d'eau pour sa croissance?. Le cycle de cette plante est lié à celui de la pluie. Les perturbations climatiques que connaît le pays ne sont pas faites pour arranger les choses. Pourtant, des vendeuses croient que les mois à venir seront meilleurs. Sédi Abou, l'un des hommes qui déchargent les camions de bananes, au ??marché gouro'', le pense aussi. Actuellement, il y a au moins une dizaine de camions qui arrivent les lundis, mercredis, jeudis et vendredis. En période d'abondance, leur nombre peut atteindre 20?.
Aujourd'hui, ce n'est pas tellement les ??caprices'' de la nature qui préoccupent les vendeuses. Ce sont plutôt les difficultés qu'elles rencontrent aux barrages des Forces de défense et de sécurité (FDS). Kouamé Affoué est amère quand elle évoque le sujet: Nous payons pour chacun de nos camions, 500.000 F pour bénéficier d'une escorte de l'armée. Mais cela n'empêche pas les Fds de nous prendre de l'argent à chaque barrage. Il n'est pas rare de voir les membres de l'escorte se disputer avec elles pour négocier notre passage. Et une fois que l'escorte nous laisse au corridor de la Gesco, nous payons à chaque barrage 1.000 F. De là-bas jusqu'au marché, cela fait souvent 20.000 F?. Cette dame suggère qu'un détachement des Fds assiste au déchargement des camions sur les marchés au lieu de leur prendre de l'argent sur les routes sans motif.
Evelyne Aka
Repères
Racket. Des voix autorisées pointent du doigt le racket comme l'une des causes principales de la flambée des denrées alimentaires sur le marché. Un sac de charbon acheté au producteur à 3 500 F finit par coûter trois à quatre fois plus cher à Abidjan, sous le coup des taxes prélevées par les agents de l'ordre tout le long de la route. Mondial. La flambée des prix, en ce moment, est un phénomène quasiment mondial que les spécialistes expliquent par l'augmentation des besoins de consommation émanant essentiellement des pays d'Asie alors que la production ne suit pas. TVA. La TVA sur le lait et l'huile est de 18%. Le gouvernement entend la faire sauter temporairement, puis ajustera ultérieurement. Inflation. Le taux d'inflation, l'année dernière était estimée à 2,8%. Le gouvernement, en décidant de suspendre la taxe sur la valeur ajoutée, sur les denrées de grande consommation, veut éviter qu'elle ne dépasse les 3%.

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