vendredi 14 septembre 2007 par Fraternité Matin

L'Afrique du Sud a célébré mercredi, la mémoire de Steve Biko, le leader du Mouvement de la Conscience noire, tué par la police, il y a trente ans. Trois faits majeurs ont marqué cet anniversaire posthume. Le discours-hommage prononcé par le Président Thabo Mbeki, les festivités organisées par ses héritiers idéologiques et l'engagement de son fils. En effet, le président Thabo Mbeki, en visite dans l'extrême sud du pays, au lendemain d'échauffourées entre manifestants sociaux et la police, a prononcé mercredi après-midi un discours d'anthologie à l'université du Cap, devant un millier d'étudiants et de journalistes venus participer à la 11ème conférence Highway Africa, à proximité de Port Elizabeth. Il a notamment salué la "mémoire d'un combattant de la liberté". Les idées de Biko ont marqué, a-t-il fait remarquer, beaucoup de Sud-Africains, aujourd'hui aux commandes du pays. Le projet de "Renaissance africaine", cher au président Mbeki lui-même, semble directement s'inspirer du philosophe de la Conscience noire, qui estimait que les Noirs devaient déterminer eux-mêmes leur propre destinée, sans le concours des Blancs.
Quant à son parti, l'Azapo (Azanian People's Organisation), il a organisé un service de commémoration, suivi d'une marche à Johannesburg. Trente ans après, Biko reste une figure très populaire dans le panthéon des leaders de la lutte anti-apartheid. "Il est un puissant symbole d'espoir", selon son fils, Nkosinathi Biko, 36 ans, qui préside la Fondation Steve Biko. "Il nous a aidés à comprendre et à construire notre identité, et il continue à influencer les jeunes". Cette présence se marque notamment sur les T-shirts, les affiches et dans le tube du rappeur haïtien-américain Wyclef Jean, qui trace un parallèle entre le meurtre de Biko et celui d'un jeune immigrant africain, Diallo, à New York, tué par la police en 1999. Le leader assassiné a inspiré pas moins d'une vingtaine de chansons, dont le célèbre Biko de Peter Gabriel en 1980, et plusieurs films, dont Cry Freedom, en 1987. Steve Biko avait créé en 1969 le premier syndicat étudiant exclusivement noir. Sa philosophie de la "Conscience noire", plus radicale que celle de l'ANC (il prônait que les Noirs retrouvent d'abord leur fierté et se libèrent eux-mêmes, en rejetant toute aide des Blancs), a débouché sur le soulèvement des lycéens de Soweto, en juin 1976.
Arrêté par la police du régime d'apartheid le 18 août 1977, Steve Biko, alors âgé de 30 ans, avait été retrouvé sans vie dans sa cellule le 12 septembre.

Remi Coulibaly
Envoyé spécial en Afrique du Sud

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