vendredi 14 septembre 2007 par Le Front

Dans l'acte 7 de notre dossier sur les transhumants de la politique ivoirienne, nous évoquons les cas Attéby Williams et Ahoua Don Mello. Deux personnalités connues et reconnues pour leur versatilité politique, leur goût prononcé pour la trahison leur esprit de lucre et surtout leur incroyable cupidité.


L'on ne saurait évoquer les cas des transhumants politiques ivoiriens, sans toutefois parler de Williams Attéby, actuel député de Yopougon. Ancien membre du syndicat estudiantin (Fesci), Attéby milite, très tôt, dans le parti du professeur Francis Wodié. L'époux de Victorine qui croyait avoir trouvé en lui, un militant de principe et de conviction, lui confie des tâches, on ne peut plus, importantes . A l'époque, Williams Attéby avait pour maître, un certain Kabran Appia Aimé, considéré au Pit comme le maître de la parole. Grâce donc à la protection d'Appia, Attéby gravit vite les échelons au sein de son parti et est même nommé membre du comité central après quelques années seulement de militantisme. Lorsqu'en 2001, le parti ivoirien des travailleurs décide de faire liste commune avec le Fpi lors des élections législatives, Francis Wodié ne s'embrasse pas de fioritures pour le proposer comme candidat de son parti à Yopougon. La liste Fpi-Pit lamine celle du Pdci. Conduite par le doyen Gabo Gérard. Attéby Williams devient ainsi le plus jeune député ivoirien. Curieusement, à l'assemblée nationale, au lieu de défendre les positions du Pit, il se met au service du parti au pouvoir. Il force et devient l'homme de main de Simone Ehivet Gbagbo, l'épouse du chef de l'Etat ivoirien. En réalité, Attéby Williams a toujours été une taupe au Pit au service du Fpi. L'homme à la corpulence de loubard joue le rôle de protecteur de la première dame au parlement. Alors même qu'il n'avait pas encore rompu les amarres avec son parti, le Pit, Attéby devient l'homme des sales besognes du Fpi. Le professeur


Convoqué par Wodié, il nie tout en bloc

Francis Wodié, alerté, convoque son député au fauteuil blanc . Le jour de la grande explication sur ses intentions de quitter le parti, Attéby nie tout en bloc. Je serai le dernier militant à quitter le Pit aurait-il lâche devant le président de son parti. Mais, coup de théâtre ! Quelques mois seulement après, le colosse député annonce sa démission du parti travailliste. Les espèces sonnantes et trébuchants et les dîners dans les endroits feutrés et douillets d'Abidjan ont, in fine, eu raison du député de Yopougon. Attéby bascule donc dans le camp de la refondation et devient plus violent que jamais. Un vrai cerbère. Désormais, c'est lui qui monte au créneau pour tancer l'opposition et ses leaders lors des débats parlementaires en faisant planer l'épée de Damoclès sur leurs têtes. L'argent aidant, le député se met ainsi dans la peau d'un véritable loubard. En 2002, après le déclenchement de la crise armée du 19 septembre. C'est encore Attéby qui, aux côtés des casseurs et pilleurs de la république, mène la vie dure aux opposants. Il devient du coup, l'un des irréductibles pourfendeurs de l'ex-rébellion. Cependant, lors des négociations de Lomé, le député, selon nos sources, ne s'est pas du tout gêné pour solliciter une aide financière, auprès d'un haut responsable des Forces nouvelles. Cette somme qui, dit-on, était remboursable, ne le sera jamais, assure une source proche de la rencontre. De retour de Lomé, Attéby reprend son combat contre les Forces nouvelles en se présentant comme l'un des adeptes du nationalisme débridé doublé d'un patriotique étriqué. Pour tout dire, Atteby est sur tous les fronts. Tantôt, il s'érige en insulteur public au parlement en vilipendant ses aînés, tantôt il joue le rôle de loubard au sein de la jeunesse patriotique. Naturellement, tous ces combats, comme dirait l'autre, se paient rubis sur l'ongle. Aujourd'hui, l'ex-syndicaliste fait partie des hommes financièrement nantis du régime. Il détient, selon nos sources, plusieurs réalisations qu'il n'aurait jamais pu obtenir en temps de paix. Mais, malgré cela, le député éprouve toujours du mal, à se départir de ses instincts de loubard. D'ailleurs, nos sources précisent que c'est lui qui, récemment, aurait fait tabasser des policiers du 8è arrondissement de Cocody par des éléments de la Fesci, zélés et surexcités. En Côte d'Ivoire, le cas Atteby demeure une énigme. Un homme de surcroît député, toujours prompt à user de la violence comme mode de règlement d'un différend. Atteby serait-il donc devenu un ours mal léché ? Quoiqu'il en soit, l'histoire retiendra que le député de Yopougon est une autre grande déception de la politique ivoirienne. Sa grande versatilité politique et son goût prononcé pour les billets de banque montrent bien que Williams Atteby est plus porté vers la satisfaction effrénée du ventre que la recherche d'un idéal politique. C'est donc une honte pour la jeunesse ivoirienne à la recherche d'un repère et d'une race de politiciens de principe et de conviction. Atteby Williams ne doit donc pas servir d'exemple aux générations futures. L'autre renégat politique dont le cas mérite d'être évoqué est celui de Don Mello Ahoua, l'actuel Dg du Bnetd. Cet intellectuel de haut niveau, dont les diplômes sont enviés par tous, s'est curieusement révélé être un piètre politicien. Jeune cadre dynamique et à la beauté angélique, Ahoua Don Mello milite, très tôt, au sein du parti de Laurent Gbagbo. Il se remarque très rapidement par ses grandes capacités d'analyse, d'anticipation et de synthèse. En plus, Don Mello, contrairement aux autres militants du Fpi, possède ce que d'aucuns qualifient de don de la parole . C'est donc un homme qui, en quelques minutes seulement de débat, est à même de rallier à sa cause, tous ses détracteurs. Et Laurent Gbagbo, à la recherche d'un oiseau rare, n'hésite pas à jeter son dévolu sur le vaillant technocrate. Don Mello est nommé secrétaire national du parti socialiste. Au Fpi, on le considère comme le futur ministre du plan et du développement dès l'accession de Laurent Gbagbo au pouvoir. Il devient du coup, l'homme de confiance du chef et participe aux côtés de feu Boga Doudou, Lida Kouassi, Simone Gbagbo à l'élaboration d'une stratégie efficiente de prise de pouvoir du Fpi. De ce fait, Ahoua Don Mello effectue, aussi bien en Côte d'Ivoire qu'à l'étranger plusieurs missions secrètes pour le compte du parti. Mais quelques années après l'idylle, il décide de changer de camp. Envers et contre tous, il crée le mouvement la renaissance dont il préside lui-même les destinées. Don Mello croit dur comme fer qu'il a un destin présidentiel. Mais, très vite, il se rendra compte que la politique ne s'accommode pas de la technocratie. Ahoua est coincé ! Peu à peu, la renaissance se vide de son monde. Don Mello n'a plus d'espoir et cherche, désespérément, un moyen pour rebondir. En 1997, il décide d'opter pour un auto-complot . Son véhicule est ainsi mitraillé dans un coin d'Abidjan. Don Mello saute sur l'aubaine, et se présente comme un martyr, perpétuellement exposé à la mort. L'attentat ( ?) est suffisamment exploité à des fins politiques par le patron de la renaissance qui en tire d'énormes dividendes. L'acrimonie et l'opprobre sont jetés sur le régime Bédié, présenté comme étant l'auteur de l'acte ignoble. Selon nos sources, le sphinx de Daoukro qui ne voulait pas que son régime soit discrédité, aurait mis la main à la poche. Don Mello en profite pour se faire une santé financière. Quand en 1999, le coup d'Etat militaire de Guéi Robert évince Henri Konan Bédié du pouvoir, Don Mello s'aperçoit que le pouvoir bascule inexorablement dans le camp de la refondation. Il décide donc de sceller la paix avec Laurent Gbagbo en retournant au Fpi. Abandonnant derechef, son parti politique la renaissance . En réalité, Don Mello, en grand renégat politique n'a pas eu tort. Puisque, quelques mois seulement après, Laurent Gbagbo accède au sommet de l'Etat, à la suite d'une insurrection du Fpi. Dans la foulée, il est nommé directeur général du Bnetd. Et depuis au moins cinq (5) années, il occupe ce prestigieux poste. Qui lui a d'ailleurs permis de bâtir une fortune colossale et se rétablir une autre notoriété. Le fait curieux, c'est que Don Mello que les Ivoiriens connaissent pour son indépendance d'esprit, s'est aujourd'hui muré dans un silence tombal. Est-ce parce que sa bouche est pleine ? L'argent n'aime pas le bruit, a-t-on dit. Et Don Mello est de ceux qui ont vite compris que celui qui mange ne peut parler au risque d'avaler de travers. Au risque surtout, de se faire ôter la nourriture de la bouche. En un mot comme en mille, Ahoua Don Mello fait partie, à l'instar d'ailleurs, de Williams Atteby, des grandes déceptions de la politique ivoirienne. C'est surtout l'exemple achevé de l'échec de la technocratie dans l'art de la politique pour soi. Avec lui, la politique rime avec mensonge, coups bas, cupidité, roublardise, versatilité. Ahoua Don Mello n'est donc plus un exemple pour les générations futures. Dommage !



J.J.(bandamajj@yahoo.fr)

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