vendredi 14 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Tout récemment, vous avez remis des CD comportant la liste électorale aux différents partis politiques signataires de l'accord de Marcoussis. Certains se sont posé la question de savoir si ces listes sont celles de 2000. Est-ce qu'aujourd'hui vous pouvez rassurer les Ivoiriens que ces listes sont effectivement celles de 2000 ? Ils ont également dit que devant les noms qui sont sur cette liste, il n'y pas de signatures. Est-ce que vous pouvez donner des détails sur cette question ? Une liste électorale est-elle une liste d'émargement ? Le président, dans son exposé, a indiqué que les audiences foraines commencent en septembre et il faut dix (10) mois pour que la présidentielle se tienne. Et pourtant, l'accord de Ouagadou indique que les élections doivent avoir lieu, au premier trimestre de 2008. Alors je me demande comment cela peut se passer. Quelles sont les dispositions que la CEI prend si effectivement la présidentielle se tient au premier trimestre 2008 ?
Première question, la liste remise est-elle celle de 2000 ? Il faut savoir qu'en 2000, il y a eu trois convocations du collège électoral. D'abord, pour aller au référendum. Après le référendum qui a permis d'adopter la Constitution, il y a eu la présidentielle. La liste de la présidentielle comprend celle du référendum plus celle de ceux qui avaient 18 ans. Parce qu'on est passé de 21 ans à 18 ans pour être électeur. Et nominalement, de par la configuration démographique de la Côte d'Ivoire, pour passer de la liste du référendum à celle de la présidentielle, l'Etat ou la CNE attendait 8002 personnes qui venaient d'avoir 18 ans pour s'inscrire selon la nouvelle constitution. C'est cette liste qu'on a utilisée pour les législatives. Je n'étais pas présent. Mais selon les textes, la liste qu'on utilise pour un processus donné, c'est cette liste qu'on utilise jusqu'à la fin de ce même processus. Elle ne varie pas. En l'état actuel des choses, notre interlocuteur pour la liste 2000, c'est l'INS. Et nous avons travaillé avec l'INS. Ils nous ont dit, chers amis de la CEI, voici ce que nous avons comme liste 2000. Nous l'avons prise comme nous l'avons reçue. Par conséquent, on n'a pas la vérité de vous dire qu'elle est bonne ou qu'elle n'est pas bonne, mais c'est l'INS qui nous a donné l'initiative. Ça devrait être une bonne liste. Bien sûr, là-dedans, il peut y avoir des coquilles dans la figuration des noms, il peut avoir une duplication. C'est tout cela qu'on veut regarder avec les partis politiques. Nous faisons confiance à nos partenaires avec lesquels nous travaillons. Et nous avons demandé aux partis politiques de regarder aussi de sorte à ce qu'on n'attende pas que le processus soit lancé pour dire qu'on n'est pas d'accord avec cette liste. Deuxième question, la liste d'émargement. La liste électorale est un document de référence. Il n'y a jamais d'émargement sur le document de référence. Les listes d'émargement que nous avons dans les bureaux de vote, après le scrutin et qu'on regroupe dans la CEI locale sont purement techniques. Donc, on ne peut pas demander de donner la liste d'émargement. C'est un document qu'on utilise en cas de contestation. Ce n'est pas un document stocké au sein de la CEI pour valider une liste quelconque. L'accord de Ouaga dit que les élections devraient avoir lieu le premier trimestre de 2008. C'est vrai mais dans le chronogramme de référence, en parlant de premier trimestre 2008 on a supposé que les audiences foraines commenceraient après la formation du gouvernement. Mais comme vous avez pu le constater, pour des raisons diverses, indépendantes de la volonté des uns et des autres, les audiences foraines vont commencer certainement maintenant. Donc, comme on le fait en mathématique, il faut translater le chronogramme en autant de mois qu'on a pu avoir un retard. Il y a cela et, aussi il y a le fait qu'il faut espérer que par la volonté affichée par le premier ministre, le chef de l'Etat et le ministre de la Justice qui est l'acteur principal, il faut espérer que les trois (03) mois seront suffisants pour réaliser toutes les audiences foraines. Si pour une raison ou une autre il y a un glissement, le processus va subir à peu près les mêmes difficultés. Je dis, à peu près. Ce n'est pas linéaire. Donc, il faut simplement souhaiter que tout soit mis en ?uvre pour aider la justice à bien réaliser dans les trois (03) mois les audiences foraines. Maintenant, s'il y a des inconvénients, le premier ministre, le chef de l'Etat et tous ceux qui gèrent les accords de Ouaga vont aviser. Je rebondis sur ce que vous venez de dire. Vous avez dit qu'il faut translater le chronogramme en autant de temps qui sera perdu. Dans une adresse à la nation, le chef de l'Etat disait ceci : "Les obstacles à la tenue des audiences foraines sont en train d'être levés". Il a cité notamment le dépôt des armes. Et une date est fixée aujourd'hui pour commencer les audiences foraines. Est-ce que si les armes ne sont pas déposées et qu'il y a des blocages, vous allez attendre que les deux (02) partenaires se mettent d'accord avant d'entrer en action ?
Cette question revêt plusieurs volets. Le premier volet, c'est l'importance des audiences foraines. En l'an 2000, on attendait un peu plus de 6 millions d'électeurs. Finalement, on a eu 5,5 millions. C'est-à-dire en cours de route, on a perdu quelques électeurs, soit ils n'avaient pas de papiers, soit ils ont décidé de ne pas s'inscrire sur la liste électorale. Deuxième élément, pendant la guerre, il y a des Ivoiriens qui ont perdu leurs papiers par la destruction des registres. On n'a pas de référence pour le leur refaire. Donc cela revêt l'importance de l'opération de la reconstruction des registres. Actuellement, les Ivoiriens ont des récépissés. Il faut donc tout mettre en ?uvre pour que les audiences foraines soient une réalité et que les Ivoiriens puissent s'inscrire sur les listes électorales et avoir leurs papiers : premier élément. Deuxième élément, il y a deux (02) types d'action au sein de la CEI, des actions qui dépendent de nous exclusivement. C'est l'installation des CEI locales, la formation, la préparation des élections et l'activation de tout ce qui pourrait soutenir, dynamiser et consolider le processus électoral. Cette action ne dépend que de nous. Nous n'attendons personne pour réaliser cela. Nous le faisons. Je vous ai dit, on a installé les CEI locales. On va accélérer le processus et nous serons prêts sur le terrain. Nous, on sera prêt en ce qui nous concerne. Nos commissaires locaux auront les instruments du point de vue de la connaissance pour aller aux élections. Sur ce point, nous n'attendons personne. Nous le faisons pourvu que les moyens soient dégagés. Deuxième aspect, qui ne dépend alors pas de nous, c'est ce que je viens de dire : les audiences foraines. Parce que si la CEI doit organiser les élections, il faut que nous ayons une liste électorale. Pour avoir une liste électorale, il faut que les Ivoiriens puissent se présenter et s'inscrivent sur la liste électorale. Pour qu'ils puissent se présenter, il faut qu'ils aient des papiers. Ils n'en ont pas. La CEI ne peut pas organiser des élections tant que les Ivoiriens n'ont pas de papiers. Il faut faire en sorte que tous les Ivoiriens aient leurs papiers. Donc pour ce qui ne dépend pas de nous, nous sommes obligés de souhaiter que tout soit mis en ?uvre pour que cela soit réalisé. C'est par exemple l'audience foraine. C'est, par exemple, la reconstitution des registres. C'est par exemple, la sécurisation du processus. Sur ce point le premier ministre a pris de gros chevaux pour faire avancer le processus. Mais pour les autres blocages, à la CEI, c'est les moyens financiers. Dans quelques jours, vous remettrez un document de la CEI aux partis politiques. Pour les Ivoiriens qui ne sont pas dans les partis politiques, comment pourront-ils vérifier leurs noms sur la liste ?
On peut appeler cela un document, mais c'est un CD. On a demandé entre 150 et 200. L'INS va nous les envoyer. Dès qu'on les a, on convoquera les partis politiques pour les leur remettre. Votre question me donne l'opportunité de développer ce que nous voulons faire. Ceux qui ne sont pas dans les partis politiques et qui sont dans les villages, on peut à l'occasion, demander avec la collaboration des préfets, sous préfets, que certains viennent consulter la liste. De façon générale, il y a certes des partis politiques, mais nous allons mettre le document sur Internet. C'est pour cela que nous sommes en train de nous équiper pour mettre la liste électorale sur internet. Si on est au village, il y a un parent qui vient en ville et qui peut vérifier le document. En Mauritanie, on utilisait le serveur vocal. Pourquoi nous, on ne le ferait pas. Au village, il y a le téléphone mobile. On est en train de mettre sur pied une panoplie de systèmes de communication. Il y a aussi, en plus d'Internet, le SMS. Ma question est relative à l'appui que l'ONUCI fait à la CEI. L'ONUCI participe à certaines réflexions que nous conduisons quand nous préparons des séminaires. Quand nous avons des contacts avec l'extérieur dans la recherche de financement, c'est l'ONUCI qui nous appuie. L'ONUCI est en amont avec nous. Ils sont dans le champ d'action avec nous.
Sans l'ONUCI, que ferait la CEI ?
La CEI existerait sans l'ONUCI parce que la Côte d'Ivoire a déjà organisé des élections. Les amis de l'ONUCI que nous rencontrons nous disent que les Ivoiriens sont habitués à organiser les élections et qu'ils sont là parce qu'il y a la crise. Il y a beaucoup d'Ivoiriens à l'étranger qui sont des experts en matière d'organisation des élections. Financièrement, humainement, est-ce que la CEI est prête aujourd'hui à organiser dès le top départ des élections crédibles en Côte d'Ivoire
Humainement, la CEI a des ressources. Tous les commissaires que vous voyez ont déjà organisé des élections. Deux (2) ou trois (3) d'entre nous sont des experts internationaux. Les hommes, la CEI les a. Du point de vue des ressources financières, évidemment je ne peux pas dire que nous avons tous les moyens. Le ministre de l'Economie fait le maximum pour privilégier les structures dites de sortie de crise. Si on nous donne tout l'argent dont on a besoin pour organiser les élections et si tout le monde a ses papiers, nous, on est prêt.

Propos recueillis par Djè KM

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