Lansana Coulibaly, substitut du procureur de la République de la section du tribunal de Soubré, n'est plus en odeur de sainteté avec la population. Celle-ci lui reproche de collaborer, de protéger et de libérer les bandits de grand chemin qui sèment la terreur et la désolation dans le département. C'est donc pour dénoncer le magistrat et protester contre ses agissements qu'ils trouvent dangereux? pour leur sécurité que les jeunes de la sous-préfecture d'Okrouyo ont bloqué, trois jours durant, au mois de mai dernier, l'entrée au tribunal de Soubré. Nous avions manifesté contre la libération de Alidou, un coupeur de route notoirement connu à la Sipef-ci d'Otawa, pour avoir été plusieurs fois cité dans des cas de braquages et tombé dans les filets de la gendarmerie. Mais deux mois auparavant, nous étions descendus dans les rues pour exiger le départ du substitut du procureur qui a libéré certains coupeurs de route alors que toutes les preuves étaient réunies pour les condamner?, a révélé Appia Joachim, le porte-parole des manifestants joint par téléphone. La manifestation du mois de mai a, selon nos sources, obligé la hiérarchie à dépêcher à Soubré, MM. Dagrou Théodore et Koné Bernard, respectivement président et procureur du tribunal de première instance de Daloa, pour engager le dialogue avec les jeunes. La rencontre, à en croire des témoins, s'est déroulée en présence des cadres de la région. Elle a permis au porte-parole des jeunes de réitérer les griefs qu'ils ont vis-à-vis du substitut du procureur à ses supérieurs hiérarchiques. A l'issue des négociations, les magistrats venus de la cité des Antilopes ont, toujours selon des témoins, ramené les jeunes à la raison en obtenant l'ouverture du tribunal. Non sans avoir pris l'engagement de rendre compte à la Chancellerie. Nos informateurs soutiennent que depuis cette rencontre qui s'est tenue en mai dernier, le substitut du procureur, Lansana Coulibaly, a été suspendu de ses fonctions. Mais les détracteurs du juge l'accusent de man?uvrer pour retrouver son poste. C'est pourquoi, expliquent-ils, il a opté pour la corruption de certains jeunes ayant pris part à la manifestation du mois de mai. Ainsi, le 4 septembre dernier, deux téléphones cellulaires de type Motorola C121 nous ont été présentés par des témoins qui ont fait remarquer que le substitut du procureur les a achétés pour ces jeunes afin de les convaincre de se dédire. En plus de ces portables, il aurait remis de l'argent aux jeunes pour qu'ils aillent faire des déclarations contraires aux précédentes auprès des patrons de M. Lansana Coulibaly à Daloa. Se rendant compte de la gravité de leurs actes, certains jeunes qui, dès le départ, avaient mordu à l'appât, se sont retractés et ont décidé de se désolidariser du groupe. Ce sont eux qui ont ébruité cette affaire de corruption. L'affaire est entre les mains du premier président près la Cour d'appel de Daloa, M. Sahi Gonhi et du Procureur général Ouattara Gbéri Gbè qui s'en sont saisis.
Vincent Deh