Le quotidien " Le Courrier d'Abidjan " a viré, il y a quelques jours son rédacteur en chef, mais ce sont les suites politiques de cette éviction surprise qui font dorénavant la Une des journaux.
Il ne sera pas dit que le troisième départ de Théophile Kouamouo d'un journal cette fois-ci, c'est un renvoi- n'a pas passionné l'opinion nationale. Le Franco-camerounais révélé aux Ivoiriens par une démission spectaculaire du journal "Le Monde" dont il était le correspondant au début de la crise ivoirienne, était passé icône nationale, l'ami de tous les grands du régime, ainsi que le reconnaît d'ailleurs le président de l'Assemblée nationale, visiblement blessé par les accusations énoncées par le journal Le Patriote que son jeune protégé aurait alimenté. En tout cas, c'est la certitude du Directeur de publication Sylvestre Konin qui affirme que son ancien rédacteur en chef voulait se venger du président de l'Assemblée nationale avec qui "il était en froid" depuis quelques temps, sans doute aussi depuis que Théophile Kouamouo aurait intériorisé "qu'il faut beaucoup d'or pour pouvoir jouir", accuse M. Konin. Bref, les suites politiques de ce renvoi spectaculaire ont finalement relégué au second plan le combat de chefs auxquels se livraient depuis plusieurs mois MM. Kouamouo et Konin et qui se résume en cette interrogation : qui est le véritable patron du journal ? Sur cette question, M. Kouamouo aurait eu des réponses qui théoriseraient, de l'avis de M. Konin, une conception assez surprenante de la fonction de Rédacteur en chef. M. Kouamouo soutient, en effet, dans Nord-Sud quotidien que "le Directeur de publication est le garant de la légalité d'un journal (tandis que) le rédacteur en chef est le garant de la ligne éditoriale qui est elle-même, déterminée par les associés". "Je ne pouvais pas accepter cela parce que ça voulait dire adieu à mon autorité", s'emporte Konin. Telle est officiellement la raison du renvoi.
L'affaire Mahalia Nteby du nom de celui qui serait en fait le président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly himself aurait simplement été l'acte qui a saupoudré une banale affaire de défiance à l'autorité d'un directeur de publication par son rédacteur en chef. Le problème, c'est que M. Koulibaly y croit fermement au point de s'interroger sur les raisons de l'insatisfaction supposée de M. Kouamouo. La question, c'est quelle est la motivation de Théophile Kouamouo ? Il est jusqu'à présent considéré comme un patriote dans la tête et un ami à moi. Quel est son objectif en partant du Courrier d'Abidjan, considéré comme l'organe principal des patriotes pour aller faire ce travail dans Le Patriote, l'organe principal des opposants. Pourquoi c'est moi qu'il dérange ? () Est-ce qu'il pense que le travail qu'il a fait auprès de la résistance ne lui a pas été suffisamment bien payé ?? s'est interroger Koulibaly le président de l'Assemblée nationale aurait-il des informations complémentaires qui viennent corroborer celles d'aujourd'hui ? Ou alors est-il manipulé par son entourage ? C'est en tout cas la dernière hypothèse que retient l'ancien rédacteur en chef de Le Courrier d'Abidjan. De sorte que Théophile Kouamouo ne porte pas de gants pour accuser son ancien directeur de publication coupable de mauvaise gestion. "M. Konin n'a jamais fait de bilan encore moins d'assemblée générale. Lui et sa famille doivent une vingtaine de millions à Distrilibre", attaque-t-il avant de menacer de consacrer dans les prochains jours son "intelligence à ce combat". Parce qu'en tant qu'associé dit-il "je sais que Le Courrier d'Abidjan a connu ses plus beaux jours avec une ligne éditoriale patriotique" donc avec lui. Mais surtout, c'est en tant que patriote que la pilule est difficile à avaler. "Je ne peux pas accepter de me faire passer pour un traître. J'ai empêché une campagne de presse hostile au président de la République", se défend celui qui n'est plus déjà le rédacteur en chef du journal Le courrier d'Abidjan qui s'était fortement identifié à lui.
S. B.