Mamadou Koulibaly est à la croisée des chemins dans son militantisme au FPI. Il doute, il tergiverse, il critique le régime mais n'ose pas franchir le rubicond. L'intellectuel libre doublé de l'idéologue qu'il est a, à présent, du mal à s'expliquer les actes et les faits que ses camarades de la Refondation posent au nom de cette même Refondation. Tel électron libre lâché dans la nature, Koulibaly se débat comme un beau diable pour se faire entendre. Ses imprécations ne rencontrent de la part de ses camarades que mépris et silence. L'homme est désabusé. Il est déçu de l'homme Gbagbo, celui qui incarnait, à ses yeux, le leader incontesté du socialisme vrai sous les tropiques. L'idéologie socialiste telle qu'ils l'avaient pensé avant la prise du pouvoir a foutu le camp à la pratique. Avant lui, bien d'autres idéologues du FPI, à l'image de professeur Memel Fotè, du professeur Barthélemy Kotchi, le professeur Ouraga Obou ont tous déchanté et fait le deuil de l'idéal socialiste incarné par le camarade Laurent. Ils n'ont pas pu bien longtemps assisté, sans réagir à la mise à mort du socialisme en Côte d'Ivoire. Ils ont alors pris leurs distances du FPI. Depuis, ils suivent de loin ce qui apparaît de plus en plus comme le naufrage collectif de tous ceux qui ont accepté de suivre le camarade Laurent dans l'aventure à la tête de l'Etat. Sept ans après cette prise de pouvoir dans des conditions calamiteuses, Mamadou, le natif d'Azaguié, le penseur libre est le premier à ouvrir la boite de pandore. Reconverti momentanément en professionnel de la plume, il n'hésite pas à prendre son écritoire pour décocher des piques et des philippiques aux tenants de la Refondation : Comment ne pas éprouver un profond désenchantement en observant l'inexorable naufrage de la Côte d'Ivoire qui, alors qu'elle vient de fêter le 47e anniversaire de son Indépendance , est en passe de devenir un des exemples les plus frustrants de l'échec d'un magnifique mouvement de libération qui avait pris corps avec l'accession de Laurent Gbagbo à la magistrature suprême en 2000 ? , s'interroge par personne interposée, dans une lettre secrète au vitriol, publiée dans nos colonnes, hier, Mamadou Koulibaly, l'idéologue désabusé du FPI, un parti à la dérive. Et de renchérir : Le président Gbagbo, l'icône de la lutte contre l'impérialisme français, est aujourd'hui en passe de devenir le co-auteur du naufrage de la Nation ivoirienneToujours est-il que Laurent Gbagbo a renoncé. Il a renoncé à mettre en place les mécanismes nécessaires à une bonne gestion de l'Etat ivoirien. Il a renoncé à s'entourer d'hommes compétents et loyaux . Pour Mamadou Koulibaly, la cause de la Refondation est déjà entendue. Parce qu'il est plus aisé de changer les idées d'une époque que de faire évoluer ses propres idées. Autant dire qu'avec Mamadou Koulibaly, on est en plein dans les blues d'un idéologue déçu de la nébuleuse Refondation. Côte d'Ivoire yako !
Khristian Kara