mardi 11 septembre 2007 par 24 Heures

Abandonnées par le gouvernement, ignorées par l'opposition, les populations ivoiriennes sont complètement désemparées par les problèmes sociaux. Notamment la grève des médecins et surtout l'augmentation sauvage des prix des denrées de première nécessité.

Cela fait à peu près deux semaines que les médecins observent un arrêt total de travail.
Sans un service minimum.
Notre confrère Nord-Sud Quotidien , dans sa parution de samedi, a d'ailleurs fait cas de deux femmes enceintes décédées à l'Hôpital militaire d'Abidjan (HMA).
Dans les différents CHU d'Abidjan de même qu'à l'intérieur du pays, la désolation est totale.
Le Premier ministre et son gouvernement qui ne se sont pas émus au départ du drame des Ivoiriens ont produit un communiqué le dimanche, appelant les médecins à la reprise du travail le lendemain.
C'est-à-dire hier lundi.
Mais cet appel est tombé dans les oreilles de sourds.
Les médecins ont dit niet ! La grève continue donc.
Malheureusement, comme un malheur n'arrive jamais seul?, les prix des produits alimentaires ont dramatiquement augmenté.
La bouteille de gaz de 12 Kg qui coûtait 3.
500 F CFA est passée à 4.
500 ou 5.
000 F CFA, selon les quartiers.
Le riz, l'huile, le lait, le sucre ont connu une augmentation drastique des prix.
Face à ce malaise social, l'opposition ivoirienne, dans son ensemble, hormis le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) qui a réagi la semaine dernière, est restée curieusement silencieuse.
Aucun communiqué, ni déclaration pour essayer (ne serait-ce que çà) d'inviter le gouvernement à prendre ses responsabilités.
Nous avons nettement l'impression que nous avons une opposition de salon en Côte d'Ivoire.
En aucun moment les leaders politiques, notamment Alassane Ouattara (RDR), Henri Konan Bédié (PDCI) et bien d'autres n'ont pris à bras le corps les préoccupations quotidiennes des Ivoiriens ().
Le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, a tout naturellement raison de faire tout ce qu'il veut.
Et le résultat est là, le pays court vers sa ruine?, a déclaré avec tristesse un groupe de jeunes de l'opposition.
Le silence de l'opposition est vu par un certain nombre de citoyens comme un refus de jouer réellement son rôle de contre-pouvoir.
Dans cette grisaille, le PIT et son président ont été les seuls à se préoccuper de la situation des populations par rapport à la grève des médecins.
C'est la santé de chacun d'entre nous qui, face à cette perturbation, est menacée.
Cette situation, si elle perdure, peut s'avérer catastrophique, d'autant plus que le secteur privé, à lui tout seul, ne peut pas suppléer de manière efficace, la défaillance du secteur public.
En plus, avec la paupérisation grandissante de la population, le nombre d'habitants disposant de moyens pouvant se faire suivre dans le privé est de plus en plus réduit.
Le PIT, soucieux du bien-être des habitants de la Côte d'Ivoire ne peut rester indifférent face à cette catastrophe qui s'annonce.
Il est grand temps que ceux qui ne pensent qu'aux électeurs se ressaisissent.
Pour accéder au pouvoir par les urnes, il faut que les électeurs soient en vie?, a déclaré Cissé Mamadou, secrétaire national chargé des études, de la formation et de la culture au PIT.
Sous l'ère Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo, alors auréolé de son titre d'opposant n°1 de la Côte d'Ivoire, ne laissait pas passer une occasion pour charger le régime PDCI-RDA.
A cette époque, les syndicats d'enseignants (SYNARES) et étudiants (FESCI) ont été instrumentalisés par les responsables du FPI pour acculer Houphouët-Boigny.
Laurent Gbagbo qui occupait la rue dans l'opposition, occupe aujourd'hui la même rue par le biais de la Fesci, des jeunes patriotes? Tout ceci par la faute d'une opposition ivoirienne en panne de stratégie de conquête du pouvoir.
L'opposition bourgeoise dans un passé récent avait fondé sa stratégie ou si vous voulez son espoir sur les Forces Nouvelles pour chasser LAurent Gbagbo du pouvoir.
Mais, depuis l'accord de Ouaga où Guillaume Soro semble faire chemin avec Laurent Gbagbo, l'opposition est dans l'expectative.
Elle est à la limite désemparée.
Les partis de l'opposition ne se sont pas désintéressés des problèmes auxquels sont actuellement confrontés les Ivoiriens.
Je m'inscris en faux contre ceux qui parlent de désintérêt.
Les partis politiques jouent leur partition et les syndicats jouent la leur?, a tenté de se défendre, le Secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady.
Le silence de l'opposition face aux drames que vivent les Ivoiriens est tout simplement inquiétant.
A terme, cette opposition risque de scier la branche sur laquelle, elle est assise.


Presthone BROU


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