mardi 11 septembre 2007 par Notre Voie

Président du conseil général de Divo, le professeur Paul Yao N'Dré est également le directeur départemental de campagne du candidat Laurent Gbagbo dans ce département. Il donne ici, la situation sur le terrain et les forces et faiblesses de ses actions.
Notre Voie : M. Paul Yao N'Dré, vous êtes le directeur départemental de campagne du candidat Gbagbo. On se souvient que le 30 juillet dernier, pendant la cérémonie de la Flamme de la paix, le président Gbagbo a exprimé sa hâte de voir organiser les élections. Vous sentez-vous capable d'être dans le temps à Divo?
Paul Yao Ndré : Depuis le 30 juillet à Bouaké, l'histoire de la Côte d'Ivoire nouvelle est en train d'être écrite. Je voudrais donc dire merci à tous les acteurs qui ont contribué à la réussite de cette fête de la paix, même si elle n'est pas encore totalement effective.
C'est dans cette perspective que le président Laurent Gbagbo a dit que nous devons vite aller à la paix. Et l'aboutissement de cette paix, c'est l'organisation des élections. Nous devons donc vite y aller. Parce qu'on considère déjà comme acquis, la réunification du pays et le redéploiement des administrations qui s'est fait au niveau des institutions régaliennes de l'Etat. C'est-à-dire, le redéploiement de l'administration préfectorale, l'installation des magistrats, le redéploiement des services administratifs dans le domaine de la santé, du transport. Et puis, il y a que les collectivités décentralisées s'installent. Si nous voulons aller totalement à la paix, il faut qu'on mette les bouchées doubles pour aller aux élections. Et le Front populaire ivoirien est déjà prêt.
Au moment où on travaille à la restauration de l'autorité de l'Etat, au retour de la paix, nous travaillons également à l'organisation des élections. Dans ce sens, au Front populaire ivoirien, relativement à Divo, notre département, l'équipe de campagne a déjà été mise sur pied et a pris des instructions données par le président du parti, le camarade Affi N'Guessan Pascal. Nous sommes donc prêts, nous avons l'organigramme de la direction départementale de campagne de Divo. On a les directions centrales de campagnes, les directions locales de campagne et les directions cantonales de campagnes. Après, dans les villages, on va installer les groupes d'animation. De ce point de vue, nous sommes fin prêts pour aller aux batailles futures. Le travail qu'il reste à faire, c'est de réactiver les militants pour sortir de la logique de guerre et nous inscrire résolument dans la logique du combat politique. C'est-à-dire, le combat pacifique pour les élections. Et le Front populaire ivoirien a une petite expérience, bien que récente, dans le domaine des élections. Nous devons donc capitaliser tous les atouts et l'expérience acquise à l'épreuve de la guerre, pour nous inscrire résolument dans l'organisation de la campagne pour les élections présidentielles, et ensuite les élections générales. N.V. : Vous avez dit qu'ils ne vous reste plus qu'à remobiliser vos troupes. Avez-vous déjà un programme de travail dans ce sens ?
P.Y.N. : Oui, nous avons un programme qui est affecté d'un calendrier pratique. On ne va pas plus vite que le parti qui peut nous donner des instructions à tout moment. Mais d'ores et déjà, nous pouvons dire qu'au niveau de Divo, nous avons déjà établi un programme qui va être assorti d'un calendrier d'exécution et qui ne sera peaufiné que par la prochaine réunion de la direction départementale de campagne. N.V. : Les nouvelles communes qui ont été créées dans le département ont-elles été prises en compte dans votre organigramme?
P.Y.N. : Ces nouvelles communes, il faut qu'on se l'avoue, n'ont pas été prises en compte au départ, en tant que tel. Mais elles ont été prises en compte dans les directions cantonales. Or, il y a de nombreux chefs-lieux de canton qui ont été érigés en commune et sous-préfecture. Nous nous adapterons pour prendre en compte cette entité. Au lieu de dire direction cantonale, on dira alors direction locale. Il y aura plus de responsabilité pour les directeurs cantonaux qui deviendront des directeurs locaux de campagne. Leurs responsabilités seront élargies. Ils prennent beaucoup plus de poids que par le passé. N.V. : Le département de Divo a toujours majoritairement voté pour le FPI. Mais pensez-vous qu'il y a toujours des bastilles à prendre ?
P.Y.N. : Par le passé, il y avait des mairies remportées par le Front populaire ivoirien. Et au-delà des mairies, il y avait des députés. Le Front populaire ivoirien avait donc conquis des bastions qui étaient du ressort du PDCI et le Front populaire ivoirien se les est approprié. A travers les mairies, il y a eu des communes telles que Hiré, ensuite Divo en 2000, après, Guitry et Fresco. Vous voyez qu'à travers ces mairies, le potentiel des réalisations a été accru parce que par le passé, le Front populaire ivoirien n'avait que Hiré comme mairie. Alors dans le département, on a tout raflé.
Avant la création des nouvelles communes, nous avions raflé toutes les mairies et nous avons eu 8 députés sur 11. () Rien qu'avec le labeur du FPI, avec le discours crédible qui est allé droit au c?ur des populations, de nos parents, nous avons été toujours majoritaires. Depuis l'avènement des conseils généraux, nous avons réalisé beaucoup de projets. On a fait beaucoup d'investissements dans le département de Divo. Ce qui a rendu encore plus crédible le discours et l'image de marque du FPI. Ensuite, il y a eu l'épreuve de la guerre où le FPI a su faire preuve de sagesse, où il a canalisé toutes les énergies.
N.V. : Est-ce vrai que beaucoup de grosses têtes de l'opposition vous rejoignent ?
P.Y.N. : Beaucoup de grosses têtes d'autres partis ont rejoint le FPI. Nous le constatons maintenant partout et, au-delà des nouveaux arrivants, il y a des gens qui, sans avoir renoncé à leur parti comme le PDCI ou le RDR, ont décidé de battre campagne pour Gbagbo. Ils ont un terme qu'ils utilisent : Je reste RDR, je reste PDCI ou UDPCI, mais je suis Gbagboïste??. Ils affirment clairement que pendant les élections présidentielles, ils vont battre campagne et ils vont voter pour le président Gbagbo.
Dans notre organigramme, il y a beaucoup qui sont du PDCI. Je dis qu'on va rafler tous les sièges, ce qui est notre objectif. Donc, pour les élections présidentielles, nous comptons donner au moins 80% de voix au président Gbagbo dans le département de Divo. Pour y arriver nous devons être au fait des nouvelles donnes en matière de stratégie électorale, notamment en matière de discours électoraux, et nous devons aller résolument vers toutes les populations. Le FPI a installé des comités de base et des sections dans beaucoup de campements baoulé du département.
Nous pensons qu'avec ce capital qui a été bonifié à travers la guerre, nous réaliserons un score excellent. Car pour nous, après la guerre, il ne s'agit pas d'organiser une chasse aux sorcières mais de nous ouvrir davantage pour que tous comprennent la nécessité que le seul patrimoine qui nous reste, c'est la Côte d'Ivoire et qu'au-delà de nos divergences politiques, nous devons être attachés au pays. Il y a des perspectives de très bons scores dans le département. Pour ce faire, au-delà des stratégies, il faut que le potentiel humain, c'est-à-dire les structures du parti, les élus, agissent dans la concorde. Il y a entre nous, trop de divergences inutiles et qui ne reposent sur rien. Si elles avaient un fondement sérieux, l'on pourrait craindre des accrocs au moment des élections. Mais on a des caractères forts du FPI, on transcende toujours ces dissensions pour aller à l'essentiel.
En tant que directeur départemental de campagne, en tant que président du conseil général, nous avons l'ultime devoir d'être attentif à tout le monde, nous avons l'ultime devoir d'être le messager de tout le monde en même temps que nous avons l'ultime devoir de pardonner à tout le monde. Puisque nous-même, nous nous inclinons à nous faire pardonner par tous ceux qui ont été offensés par tel propos, tel comportement. Je crois que c'est cela l'essentiel pour que notre département puisse bénéficier du développement durable. N.V. : Vous allez donc mener des actions pour ramener la paix et la cohésion au sein des leaders du FPI dans le département ?
P.Y.N. : Ces actions ont été entreprises avec le concours des chefs traditionnels et finalement, on a vu qu'il n'y avait pas de problèmes de fond. Parce que les problèmes de fond, ce sont les problèmes qui touchent aux fondamentaux du parti ou bien aux fondamentaux du développement. Par exemple, quand les animateurs ou le principal animateur n'arrive pas à exécuter ses missions, on dit qu'il y a problème. Mais les autres problèmes ont toujours existé. Quelqu'un voudrait être à la place de tel député ou de tel maire, etc. C'est normal dans la vie. Mais dès lors que les problèmes existent, ils peuvent être transformés dans la discussion alors que si ce sont des problèmes fondamentaux d'incapacité, c'est qu'il y a véritablement problème.
Chacun doit aussi se demander si l'ambition qu'il nourrit est réaliste, si ce n'est pas démesuré, si ce ne sont pas les ressentiments à l'endroit de telle ou telle personne qui l'animent. Chacun doit faire l'analyse et se demander s'il peut assumer telle ou telle responsabilité. Au-delà du crédit et au-delà de ce que je peux appeler l'onction de la population, il faut soi-même être réaliste. C'est pourquoi, je m'incline à demander toujours pardon. Je me dis que c'est celui qui a plus de responsabilités qui fait le plus de fautes. S'il n'y a pas de responsabilité, il n'y a pas de faute. Je voudrais dire à tous les parents, à tous les militants, à toute la population dans son entièreté que pour toutes les fautes commises, je leur demande pardon. Mais qu'ils m'épaulent jusqu'à ce que j'achève mon mandat. Quant aux compétitions à venir, c'est normal que tout un chacun assume son ambition et c'est ça la démocratie.






Interview réalisée par Paul D. Tayoro Collaboration : Guy T. OPPERI

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