mardi 11 septembre 2007 par Le Front

D'une soixantaine de partis politiques dans la course pour la succession au Pdci d'Houphouet, en 1990, l'espace politique a considérablement grossi, 17 ans après. Selon les chiffres officiels, le nombre de partis ?'normalement'' constitués et en règle oscille au tour de 145. Mais, c'est le recul par rapport aux idéaux défendus par l'ancien opposant, Laurent Gbagbo. Une dizaine seulement participe effectivement à la vie politique.


Près de 17 ans après son instauration, la démocratie multipartite semble avoir perdu l'un des ressorts qui a failli emporter le régime d'Houphouet à la fin de la décennie 1980 : l'ouverture pour tous au débat politique contradictoire. C'était en 1990, l'un des ferments de la contestation contre la dictature du père de l'indépendance. La course à la succession au Pdci d'Houphouet alors ouverte à près d'une soixantaine de formations politiques, a fait place à une forme d'exclusion qui ne dit pas son nom. Champion de la grogne contre le régime d'Houphouet-Boigny, Laurent Gbagbo semble s'accommoder de la réduction de l'espace du débat public. Ce, depuis 2000, lorsqu'il accédait au pouvoir d'Etat et y a pris goût. Mais surtout, depuis qu'il s'est convaincu que sa querelle contre Houphouet n'était manifestement destinée qu'à servir ses intérêts politiques.
La démocratie multipartite ouvertement dévoyée par le parti au pouvoir a consacré la suprématie des partis aux moyens confortables. Y règnent en maîtres, les partis dit ?'Marcoussistes'', qui animent la vie politique, participent au débat sur la gestion de la crise, orientent sinon influencent diverses décisions en relation avec la vie publique. Présents au gouvernement, ils fixent les règles du jeu. Représentés au parlement, les mêmes partis proposent et disposent de la vie de la nation. Quant aux partis dits non significatifs, ils subissent le système que décriait avec frénésie Laurent Gbagbo du temps où il était dans l'opposition. Ironie de l'histoire, Laurent Gbagbo, au départ du pluralisme politique était porteur du même idéal d'équité dans la vie politique.
Pour comprendre cette métamorphose, il y a un repère : le déclenchement de la crise armée avec en appoint, le sommet de Linas-Marcoussis où une dizaine de partis seulement ont été adoubés pour évoluer dans le système. Le Pdci, le Rdr, l'Udpci et le MFA, d'un côté et de l'autre, le Fpi, le Pit et l'Udcy. A la périphérie de ces Marcoussistes, évoluent des formations telles que le PPS, le Prci, le Pc qui s'invitent le temps d'une manifestation dans le débat politique. Ils le perçoivent comme un tort. Car rien ne justice leur marginalisation. Disposant déjà de moyens, les Marcoussistes bénéficient en sus depuis 2005 de la loi de financement public des partis.
Les prochaines élections ne changeront sans doute pas la donne. Car, la commission électorale indépendante a déjà envoyé des signaux dans ce sens. Il y a quelques semaines, à la remise des listings électoraux aux partis, seuls les signataires de l'accord de Marcoussis avaient été conviés.
Cautionnée par les instances de la République, l'exclusion des partis dits non significatifs a sensiblement dévoyé l'un des fondements même de la démocratie multipartisane.




D. S.

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