Quel est le sens de l'évènement que s'apprête à vivre votre église?
Nous voulons, à travers ce soixantenaire de l'église, démontrer que l'église du Christianisme est organisée. Elle a été fondée le 29 septembre 1947. Avant les festivités de cet anniversaire, il y a un lancement qui se fera le 15 septembre prochain. Tout aspect des célébrations qui étaient faites avant, ne rentre pas dans la réalité de ce que Dieu veut. Dieu se révèle. Ce soixantième anniversaire demande à ce que tous, nous retournions là où Dieu a fondé l'église, Porto Novo. En six jours, Dieu a créé toutes les choses. Le chiffre six est le chiffre de Dieu. Mais le diable l'utilise facilement. Vous savez que le chiffre du diable est le 666. Par conséquent, nous devons entourer cette fête de tous les soins et beaucoup de discernement avant que le diable ne s'ingère dans l'organisation. Afin que Dieu qui a dit, tout est accompli, puisse nous donner le maximum de bénéfices. On sait que l'église du Christianisme céleste connaît actuellement beaucoup de tumultes. Qui va se rendre à Porto Novo pour cet anniversaire?
Ici, il n'y a plus de tumultes. Je dis, l'église est née à Porto Novo. Et donc, son siège est à Porto Novo. C'est le prophète Oschoffa qui m'a nommé. Ediémou est le chef du diocèse de Côte d'Ivoire. Et l'Etat de Côte d'Ivoire, depuis le Président Houphouët-Boigny jusqu'au Président Gbagbo, connaît Ediémou. Et donc personne d'autre ne peut dire que le siège de son église est à Porto Novo. Demandez à Zagadou, il vous dira que son siège est au Nigeria. Donc, c'est une secte. Ce n'est pas l'église du Christianisme céleste. Demandez à Gomé Hilaire, le siège de son église, il ne vous dira pas que c'est Porto Novo. Voyez-vous, il y a la réalité et le semblant. Le dogme, le droit canon de l'église dit, toute paroisse qui n'a pas son siège à Porto Novo est une secte. Pour le diocèse de Côte d'Ivoire, j'ai abandonné mon travail depuis 1978 pour me consacrer à Dieu. Voulez-vous dire qu'on ne peut pas occuper une fonction et prétendre servir Dieu ?
On ne peut pas être conseiller à la présidence et diriger une église. Le Président Houphouët-Boigny serait alors le pape. On ne peut pas travailler, être militaire et être chef d'église. Ce qui voudrait alors dire que tous les grands qui vont à l'Eglise catholique seraient tentés de diriger l'Eglise. Mais non ! Parce que notre église est jeune, les gens font croire qu'il n'y a pas de règle. Nous avons le droit canonique dans notre église qui prescrit que pour être chef, il ne faut plus travailler. C'est ce qu'on m'a dit depuis 1978. J'ai laissé mon travail, j'ai tout abandonné pour suivre Dieu. J'étais chef de cabinet du ministre Séry Gnoléba. J'ai été contrôleur au PTT. J'étais secrétaire administratif de la sous section PDCI de Grand Bassam. Politiquement, j'étais l'enfant de Jean Baptiste Mockey. Mon avenir politique était assuré. Mais je devrais choisir, et j'ai choisi Dieu. Donc, ceux qui travaillent et qui veulent être chef de l'église, on leur dit non, ils ne sont pas avec nous. Ils ne sont pas de Porto Novo. Ils sont du Nigeria. Le Nigeria n'a pas fondé l'église. Voilà pourquoi nous ne nous sentons pas concernés par ce qui se passe. Quelles seront les retombées de la célébration de ce 60ème anniversaire pour la Côte d'Ivoire ?
La Côte d'Ivoire sera effectivement représentée. La journée du 25 septembre est réservée à la Côte d'Ivoire. Nous voulons aller au Bénin pour démontrer qu'en 1951, quand le prophète venait déposer l'église en Côte d'Ivoire, Dieu a ainsi voulu que les Ivoiriens la fassent prospérer. Nous recherchons la bénédiction de Dieu. En 1976, je vous rappelle qu'il n'y avait pas d'église évangélique ici. Il n'y avait pas de veillée de prière. C'est nous qui faisions tout ceci. A cause du Christianisme céleste, Dieu a beaucoup fait pour la Côte d'Ivoire. Il y a des orchestres maintenant dans les églises. Avant il n'y en avait pas. Aujourd'hui, on voit tout ce qu'il y a dans les églises. Nous en sommes heureux. Avec le forum des confessions religieuses, nous apportons un plus à l'unité du pays. C'est Dieu qui fait toute chose. Si les gens font tout en bien à cause de Dieu, alors Dieu bénit. C'est dans ce sens que nous allons au Bénin pour obéir à ce que Dieu a dit. Papa Agbaoussi a 60 ans d'ancienneté. Personne ne peut l'égaler. C'est lui le chef quand Papa Oschoffa est parti en exil au Nigeria. Alors, la Côte d'Ivoire va sûrement bénéficier des bénédictions que nous allons recevoir de Dieu. Le forum des confessions a mené beaucoup d'actions pour la paix. Pensez-vous que, réellement, la Côte d'Ivoire est sur le chemin de la paix ?
Nous disons que la flamme de la paix est simplement une flamme. Dieu a dit, ce n'est pas ceux qui diront mon Dieu, mon Dieu qui iront au ciel. Mais ceux qui feront sa volonté. Il faut qu'à l'intérieur de nous-mêmes, nous sachions tout pardonner, tout oublier pour faire la paix. La paix, c'est Dieu. La balle doit revenir à tous les religieux afin que dans les églises, mosquées et temples, Dieu soit présent pour parler à tous les fidèles, les emmener au pardon, à oublier la guerre. Nous devons maintenant mettre la religion au centre des activités pour que chacun puisse accepter son prochain pour conforter la paix. Vous savez l'homme est méchant, il ne pardonne pas, il est rancunier, il se venge. Dieu doit être en nous pour que nous pardonnions à cause de la belle vie que nous aurons un jour dans l'au-delà. Les politiciens doivent donner plus de place maintenant à la religion pour pouvoir toucher le c?ur des Ivoiriens. Quels conseils avez-vous pour les dirigeants de la Côte d'Ivoire?
Quand on regarde la situation, on voit que c'est difficile. Le Président Gbagbo et le Premier ministre se connaissent il y a longtemps. Ils se sont fâchés, ils se sont retrouvés. Mais, et les autres ? Nous demandons aux autres d'accompagner le Président Gbagbo et le Premier ministre. Ils se sont battus seuls, maintenant qu'ils se sont décidés à s'unir, on doit les accompagner vers la paix pour que chacun puisse tirer son profit qui est les élections. Je crois que les autres doivent appuyer ce processus pour qu'il y ait la paix. Mais, je dis que ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile pour qui ?
J'ouvre la parenthèse, le Président Bédié a eu le même coup. Mais, pensez-vous qu'il est facile pour lui de tout oublier comme ça ? Non ! Il faut qu'il y ait un homme de Dieu pour lui dire Henri, il faut pardonner, du courage. Il faut qu'un homme de Dieu l'aide à surmonter ce qui s'est passé. Sinon, il a subi le même sort. C'est pourquoi, je dis qu'il faut que les religieux s'impliquent. Il n'y a que l'implication des religieux qui va faire valoir l'amour et la puissance de Dieu. Pour pouvoir arrêter la ranc?ur, la méchanceté des hommes. Quelle ambiance prévaut au sein du forum des confessions religieuses ?
C'est la même ambiance que celle qui prévaut dans le pays. Chacun est religieux à sa manière. Tout le monde appelle Dieu, Jésus Christ. Mais faisons attention. Il faut qu'on arrive à savoir que l'infirmier est un infirmier et le docteur reste docteur. Ce n'est pas dans la bouche qu'on apprend à faire une injection. C'est cela la réalité. Si on ne confie pas le travail de Dieu aux vrais religieux, ce sera difficile. L'ambiance est là, mais Dieu est profané.
Voulez-vous dire qu'il y a des dérives actuellement ?
Oui ! Tout le monde connaît Dieu, Jésus aujourd'hui. Tout le monde crie Dieu, Dieu. Dieu est devenu vulgaire. Il est bon que nous fassions un examen de conscience pour dire que Dieu n'est pas au marché. Dieu est dans sa maison, les temples, les mosquées, les églises. Il est partout, mais il a sa résidence. Nous sommes tous des Ivoiriens, mais chacun a sa maison. C'est à ceux qui dorment dans les endroits où Dieu a mis son nom, où il réside qu'on doit parler de la situation du pays pour qu'ils puissent prier. Mais aujourd'hui, un seul individu fait tout. Nous disons, non. Que chacun fasse son travail. L'église doit avoir une origine. Quand on n'a pas d'origine, on devient une secte et c'est grave. Que chacun se demande s'il appartient à une église, où est l'église mère.
L'ambiance de Dieu en Côte d'Ivoire est profanée. Le sacré n'est plus respecté. Nous devons tout faire pour mettre Dieu à sa place. Les religieux doivent prier pour demander pardon aux hommes politiques qui sont offensés. On doit demander pardon au Président Bédié. Les religieux ont un grand travail à faire. Si la flamme a été allumée, il faut que les religieux prient pour toucher le c?ur de chacun. Quel est votre jugement sur les grades des militaires ?
Ecoutez, on a fait la paix. Les deux forces doivent être ensemble désormais. On a allumé la flamme. Les forces loyalistes qui se plaignent ont raison. Mais il faut dire que ceux qui étaient de l'autre côté avaient leurs grades. Il n'y a que Dieu seul qui peut apaiser le c?ur des soldats loyalistes et des Forces nouvelles. Ils doivent mettre Dieu au milieu. Remettons la Côte d'Ivoire entre les mains de Dieu. Dieu a des principes, des commandements, nous devons nous fier à ses règles pour sauver la Côte d'Ivoire. Ce pays est laïc, mais on voit que l'Etat se mêle dans des affaires religieuses. Ce n'est pas normal. Si l'Etat se mêle des affaires des religieux, il est bon qu'il prenne les religieux pour panser les plaies des c?urs.
Entretien réalisé par Paul Koffi