lundi 10 septembre 2007 par 24 Heures

Venance Konan à travers cette contribution a apporté une réplique au président du conseil économique et social, Augustin Laurent Dona Fologo, qui a demandé aux Ivoiriens de voter encore Laurent Gbagbo le 6 septembre au cours de la conférence publique organisée par Elan?.

M.
Laurent Dona-Fologo fut pendant de longues années ministre sous les règnes d'Houphouët-Boigny et d'Henri Konan Bédié.
Il fut aussi le secrétaire général du PDCI pendant d'autres longues années.
Lorsque les militaires renversèrent en 1999 le pouvoir dont il était l'un des piliers, M.
Fologo choisit de mettre son parti au service de Robert Guéï qui cherchait à se faire élire.
Ce sont les militants du PDCI qui empêchèrent cette opération de réussir.
Lorsque Robert Guéï se proclama élu à l'issue de l'élection présidentielle de 2000 dont il avait écarté tous les candidats du PDCI et du RDR, M.
Fologo fut le premier à aller le féliciter.
Il n'empêche que lorsque Laurent Gbagbo s'imposa à la tête de l'Etat avec le soutien de l'armée, M.
Fologo se rangea aussitôt à ses côtés.
Il obtint en compensation la présidence du conseil Economique et Social, une institution budgétivore qui ne sert absolument à rien.
Et depuis lors, Laurent Gbagbo est le champion de M.
Fologo.
Pour M.
Fologo, tout ce que Gbagbo fait est bon.
S'il dit que les rebelles sont des chiens, ils seront des chiens pour M.
Fologo.
S'il dit qu'ils sont gentils, ils seront gentils pour Fologo.
Il fait campagne pour Laurent Gbagbo et invite les Ivoiriens à voter pour lui à la prochaine élection présidentielle.
Sur quel bilan, après sept ans à la tête de notre pays ? Ecoutons M.
Fologo lors de sa rencontre le jeudi dernier avec l'association Elan : Ces cinq années de désordre regrettable nous ont fait basculer, hélas, d'un taux de pauvreté de 33% à 45%, avec moins d'un dollar par jour, par habitant.
Et les nouvelles formes de mendicité, indignes de la Côte d'Ivoire, avec même parfois des mères de famille blotties avec leurs enfants aux feux tricolores, sont une manifestation tangible de cette paupérisation aggravée.
La cherté de la vie n'est pas faite pour arranger les choses L'inflation atteint gravement le quotidien de l'Ivoirien, les salaires, crise oblige, n'ayant pu suivre cette courbe ascendante.
Par ailleurs, les infrastructures de toutes sortes, routes, édifices publics et autres locaux scolaires et sanitaires, sont dans un état de délabrement avancéSi, à tout cet environnement physique qui donne au pays un air de délabrement général, on ajoute les dégradations humaine et morales, l'incivisme, la paresse, le laxisme, la corruption rampante, l'insécurité et la violence sous toutes ses formes, l'on mesure les dégâts physiques et moraux de cette sale et inutile crise ivoirienne.
Plus loin, M.
Fologo s'en prend vertement à la FESCI : C'est ici le lieu de mettre fin au renversement des valeurs observées, notamment dans nos universités et nos structures de formation où l'apprenant est devenu le maître du maître, où des résidences universitaires appartiennent pratiquement à des étudiants qui se sont transformés en véritables commerçants, voire en propriétaires immobiliers, fixant et encaissant pour leur compte des loyers.
Nous devons tout mettre en ?uvre pour que l'organisation des étudiants reste fidèle à sa vocation de syndicat qui défend ses intérêts et se préoccupe plus des études que de la politique Arrêtons dès maintenant cette bombe à retardement, en sanctionnant, de manière exemplaire, ceux qui prennent ainsi en otage tout l'avenir du pays.
Explicitons un peu le bilan de M.
Gbagbo dressé par M.
Fologo.
La corruption rampante, ce sont les énormes sommes détournées par les Refondateurs.
Il y a le budget de souveraineté du chef de l'Etat qui, parti de 17 milliards à son arrivée au pouvoir, frôle aujourd'hui les 70 milliards, d'après ce que l'on nous en dit.
Il y a aussi l'argent du cacao massivement détourné pendant que les paysans sont abandonnés dans leur misère.
Nous venons d'apprendre que près de 20 milliards de francs de l'argent des paysans qui devaient servir à acheter une usine de cacao aux Etats-Unis ont disparu en cours de route.
La corruption rampante, c'est aussi l'argent de la coopération belge qui a disparu, toutes les surfacturations, l'argent du pétrole détourné, les déchets toxiques déversés à Abidjan contre de l'argent, etc.
A propos, en 2005, M.
Fologo nous avait parlé d'une entreprise italienne baptisée Magnificat qui devait venir dans les trois mois, investir des milliards de dollars chez nous, construire des centaines de milliers de logements, et des usines sur la route de Moosou qui nous auraient fait sortir du sous-développement.
M.
Fologo parlait de second miracle ivoirien qui devait être celui de M.
Gbagbo.
Où en sommes-nous avec cette entreprise, M.
Fologo ? Rappelons que notre Assemblée avait voté une exonération de taxes fiscales et douanières pour cette entreprise.
C'est aussi cela, la corruption rampante, M.
Fologo.
L'insécurité et la violence sous toutes ses formes, c'est aussi les policiers qui rackettent tout le monde et à tout moment, le CECOS qui vole et tue d'honnêtes citoyens en toute impunité, c'est la FESCI qui tue des étudiants en toute impunité, c'est Badolo tué par des gens que l'on dit être des gardes républicains et qui n'ont pas été inquiétés par qui que ce soit, malgré tous les témoignages, Robert Guéï, Benoît Dacoury-Tabley, Camara H et bien d'autres encore tués par des escadrons de la mort, les 120 morts comptés par l'ONU à l'issue de la marche pacifique qu'avait voulu organiser l'opposition politique en mars 2004, les morts du carrefour de la RTI, de petit Duékoué et Guitrozon, les morts des audiences foraines, des manifestations contre les déchets toxiques, etc.
Ne parlons même pas de tout ce qui se passe dans la zone sous contrôle de la rébellion ! L'inflation que déplore M.
Fologo, c'est celle créée par les rackets incessants des hommes en armes, mais aussi par l'absence totale d'Etat.
Enfin, faut-il rappeler à M.
Fologo que la FESCI qu'il accuse d'avoir pris l'avenir du pays en otage se comporte ainsi parce qu'elle est la protégée de M.
Laurent Gbagbo qui lui permet de faire tout ce qu'elle veut ? Ce n'est pas à nous que M.
Fologo doit demander d'arrêter la bombe à retardement que crée la FESCI.
C'est M.
Laurent Gbagbo qui le peut.
Et s'il le veut, l'école sera libérée dans la minute même.
Maintenant, j'aimerais que M.
Fologo nous dise pourquoi, après avoir dressé un tel bilan de l'action de Laurent Gbagbo à la tête du pays, il aimerait que nous le reconduisions.
Parce que M.
Fologo nous prend pour des imbéciles ou des masochistes ? M.
Fologo nous parle des infrastructures telles que les routes, les édifices publics et autres locaux scolaires et sanitaires qui sont dans un état de délabrement avancé.
Aujourd'hui des dizaines d'hommes et de femmes meurent dans les hôpitaux, faute de soins.
Que fait Laurent Gbagbo pendant ce temps ? Il nous a construit un hôtel des députés totalement inhabitable parce que mal construit à 22 milliards, se pavane au volant d'une rutilante voiture et nous exhibe un palais de l'Assemblée nationale à Yamoussoukro à 100 milliards de francs.
Combien d'autres centaines de milliards pour le palais de la présidence et pour le palais du Sénat, un sénat que notre constitution ne prévoit même pas ? M.
Fologo peut-il nous dire en son âme et conscience si ce sont les choses les plus urgentes à faire en ce moment où tout s'écroule autour de nous dans le pays ? Que fait-on pendant ce temps, des édifices tels que le palais qu'Houphouët-Boigny a laissé à Yamoussoukro et qui appartient à l'Etat ? Que fait-on de la maison du PDCI de Yamoussoukro qui ne sert strictement à rien et que ce parti, nous a-t-on dit, était prêt à céder à l'Etat ? Que fait-on de la Fondation pour la recherche de la paix qui ne sert lui non plus absolument à rien, mais qui pourrait parfaitement abriter une Assemblée nationale ? M.
Fologo devrait reconnaître que si son champion aimait ce pays et ses habitants, il aurait utilisé les ressources générées par le pétrole et par le travail des Ivoiriens pour alléger leurs souffrances, pour initier un minimum de développement.
Mais non ! En bon roi nègre, il a préféré céder aux paroles mielleuses d'un Architecte franco-libanais qui lui a fait croire qu'il deviendrait un grand président en construisant les plus grands, les plus chers et les plus inutiles des édifices.
Puisqu'il est payé à la commission, plus c'est cher, plus il gagne.
Il n'est pas idiot, le Fakhoury.
Mais il a trouvé des idiots.
Il n'y a pas de raison qu'il se gêne.
Qu'avons-nous à faire du plus grand palais de l'Assemblée de l'Afrique, lorsque l'on ne peut même pas soigner un simple mal de tête, lorsque manger une seule fois par jour devient un privilège réservé à un cercle de plus en plus restreint ? Dans quel état se trouvent les routes qui conduiront à ces édifices ? Dans quel état se trouve le nord dont vous êtes originaires, M.
Fologo ? Et Bouaké ? Et toutes les autres villes de Côte d'Ivoire ? Et toutes les campagnes de Côte d'Ivoire ? Vous avez parlé des rues et des trottoirs d'Abidjan.
Vous avez parlé de l'école, avenir du pays pris en otage par les protégés de votre champion.
Vous avez parlé des concours vendus aux plus offrants, avec pour conséquence une Fonction publique totalement corrompue et inefficace.
Qu'est-ce qui empêche M.
Gbagbo de mettre fin à tout cela, si ce n'est le fait qu'il se moque totalement du sort des habitants de ce pays, la seule chose qui l'intéresse étant son maintien au pouvoir et la possibilité pour ses proches de s'enrichir autant qu'ils le peuvent ? M.
Fologo, êtes-vous vraiment sérieux lorsque vous nous demandez de voter encore pour Laurent Gbagbo ? Avis à tous ceux qui pensent que les Jeunes patriotes ont saccagé les entreprises françaises pour libérer la Côte d'ivoire.
Les entreprises, les maisons, tout ce que les Français ont laissé ici a été racheté par les Libanais.
Ce sont eux, les nouveaux maîtres de notre économie.
C'est cela la libération de la Côte d'Ivoire par la Refondation.
Venance Konan

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