lundi 10 septembre 2007 par Le Patriote

Le Patriote : Bilé Bilé, vous êtes le président de la COOPRAKA et UDECA. Pourquoi la tenue d'une assemblée générale ?
Bilé Bilé : Le Président de la République a dit, donnez-moi le pouvoir pour qu'en retour, je vous le redonne et c'est ce qui a été fait. Aujourd'hui, ce sont les producteurs même qui gèrent la filière café cacao. Depuis 2001, nous avons élu des délégués régionaux qui représentaient les producteurs au niveau des différentes structures. Et leur mandat était d'une année. Aujourd'hui, cela fait 6 ans qu'ils sont dans l'illégalité. Un décret présidentiel du 24 février 2006 dit que leur mandat était prolongé d'un an, non renouvelable. Nous sentons qu'il y avait un vide juridique. Et nos membres qui nous représentaient étaient dans l'illégalité. Nous avons donc pris notre courage à deux mains et nous avons élu deux délégués par région sur les 17 régions que constitue la Côte d'Ivoire où nous sommes 34 délégués régionaux. Nous nous sommes réunis à la salle Balafon de l'hôtel Ivoire et avons demandé à nos structures de venir rendre compte de leur gestion, car cela fait 6 ans qu'ils n'ont jamais rendu compte. La BCC devait le faire le 04 septembre 2006, le FRC le 05 septembre 2007, le FDPCC le 06 septembre 2007. Toutes ces structures ont brillé par leur absence. Ces structures informées par voie d'huissier, devaient venir rendre compte de leur gestion. Afin que nous puissions tirer ensemble les conclusions. Cela nous aurait permis de voir les imperfections et même les progrès pour qu'on puisse les féliciter. Qu'on arrête à chaque fois de tirer sur le FDPCC ou telle structure. Mais face à leur absence, nous avons décidé d'aviser.

L.P. : Qu'est ce que vous reprochez concrètement à ces trois structures ?
B.B. : Nous considérons que ces structures n'ont pas honoré les producteurs car elles n'ont pas rempli leur mission. Aujourd'hui, la Bourse du Café et du cacao (BCC) est là pour donner le prix aux producteurs. Mais quand Tapé Doh vient à la télévision et donne un prix aux producteurs, ce prix n'a jamais été respecté. Il y a un laisser-aller. Depuis que Tapé Doh est à la tête de cette structure, il n'a jamais présenté un bilan et cela fait 06 ans que ça dure. Nous dénonçons tout cela. En ce qui concerne le FRC, fonds de régulation, il a engranger beaucoup d'argent qui en principe doit soutenir le prix aux producteurs. C'est-à-dire que si les prix chutent sur le marché mondial, il devait venir en soutien aux prix. Mais on n'a jamais vu cet argent. Où est-il allé ? On régularise quoi. Nous, on n'a rien. Même le Ghana qui est proche de ma région achète le cacao à 600 F. Et c'est le même cacao du Ghana et de la Côte d'Ivoire qui va dans les mêmes pays européens alors que notre cacao est mal payé. Nous ne comprenons pas. Aujourd'hui, nous pensons que le FRC a pris l'argent des producteurs pour faire autre chose. On dit que des usines sont achetées aux USA. Je ne sais pas où se situent ces usines. On dit qu'on a fait des banques. Des personnes parlent de l'achat de la BFA par le FRC. Alors qu'il n'y a pas de soutien de prix. Toutes les structures ont démissionné et elles n'ont pas rempli leurs missions. Concernant le FDPCC, c'est le gros morceau. Ce fonds avait un rôle bien précis. Mais il est allé acheter plusieurs sociétés.

L.P. : Lesquelles ?
B.B. : Nous avons Coco Service, Sifca-coop, nous avons Cori, Forexi, etc. Mais le producteur de la base ne sait même pas que nous avons racheté ces structures. Pire, on ne nous a jamais rendu compte. La filière est gérée selon les humeurs des gens. On ne gère pas selon le mérite. Nous dénonçons tout cela. Ce combat que nous menons n'est dirigé contre personne. Nous demandons simplement que justice soit faite afin que le producteur jouisse du fruit de ses efforts. Ce n'est pas un bien familial, encore moins un héritage, donc les dirigeants doivent nous rendre compte de leur gestion. Pour qu'on sache les imperfections, les avancées pour qu'il n'y ait plus rien à faire dans la filière. Je profite de l'occasion pour dire à nos dirigeants que moi Bilé Bilé, je n'agis pas pour de l'argent et mon action n'est dirigée contre personne. Mais je veux que justice soit faite parce que je suis producteur, j'ai hérité de ma mère qui a créé des plantations depuis 1962. Elle a même été honorée par l'Etat de Côte d'Ivoire en recevant le prix d'Excellence du Président de la République. Elle a eu la Coupe nationale du progrès, édition 1998. Je pense donc que j'ai un droit de regard sur la filière. J'interpelle le Président de la République. Il faut qu'il prenne ses responsabilités pour que justice soit faite. Je souhaiterais que tous les producteurs soient mobilisés à la base pour attendre le mot d'ordre.

L.P. Ce mot d'ordre, il est pour quand ?
B.B. : Nous allons organiser une AG et nous déciderons de la conduite à tenir. Nous allons attendre le délai que nous nous sommes fixés. S'il n' y a pas de réactions, nous aviserons. Le président nous a donné la filière mais nous sommes les plus pauvres.

Réalisé par Anzoumana Cissé

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023