lundi 10 septembre 2007 par Notre Voie

Aujourd'hui, tous ceux qui ont pris la parole ont dit : Nous, on est PDCI, nous sommes nés PDCI, nos parents sont nés PDCI, nos arrières parents sont nés PDCI. Mais aujourd'hui, après avoir compris, nous avons décidé de rejoindre la République, de rejoindre le FPI, de rejoindre le combat du président Gbagbo?. C'est une très grande journée pour Aboisso. Dans l'esprit de beaucoup de gens, Aboisso, c'est PDCI, un point, un trait. Un vieux m'a dit : Ici à Aboisso, on naît PDCI et on meurt PDCI?. Mais le soleil a changé. Vous qui êtes venus, je vous encourage, allez retransmettre le message à tous ceux qui n'ont pas fait le déplacement. Quand on dit : Hier, j'étais PDCI. Aujourd'hui, j'ai compris, je deviens FPI?, ce n'est pas une injure. Il y en a qui disent qu'ils sont houphouetistes, qu'ils sont néo-houphouétistes, mais ils font comme si le travail fait par Houphouët et celui que fait actuellement Gbagbo sont totalement différents. Ils font comme si ce sont deux présidents de deux pays différents. Houphouët a gouverné ce pays, il est mort, Gbagbo est venu, il gouverne un autre pays. Alors que c'est le même, c'est la même Côte d'Ivoire Houphouët était le premier président de la Côte d'Ivoire. Il a fait ce qu'il pouvait. Il a été député en France, il a été ministre en France au moins quatre fois. Il a été ministre d'Etat en France. Il a siégé dans le gouvernement français à côté de De Gaule. Il a été maire d'Abidjan. Il a été Premier ministre de Côte d'Ivoire avant d'être président de la République. C'est lui qui, à l'Assemblée nationale française, a fait un discours pour dire aux Français. Moi, je suis de Côte d'Ivoire, ce que vous faites en Côte d'Ivoire dans cette période coloniale est inacceptable et inhumain. Le travail forcé, c'est de l'esclavage. Je ne peux pas accepter cela. La force que vous imposez à mon peuple est insupportable, je ne peux pas accepter cela?. Houphouët l'a dit, les Français l'ont combattu et puis ils ont fini par comprendre que ça ne pouvait plus continuer.
Ils lui ont donné l'indépendance. Ils ont arrêté le travail forcé. L'indépendance qu'ils ont donnée à Houphouët, ils lui ont dit : On va te donner le pays, tu vas le gérer, mais il faut savoir que la gestion que tu vas faire, c'est pour nous Français que tu vas le faire. Ce n'est pas le peuple de Côte d'Ivoire qui te nomme président, mais c'est moi De Gaule qui décide que tu vas gouverner la Côte d'Ivoire. Le travail que tu vas faire, c'est ce que moi je vais te dire de faire. L'argent que tu as dans ton pays, c'est pour moi d'abord. Ce que je veux, je te rends ça après. S'il y a de l'or, du diamant, du pétrole, s'il y a des matières premières. C'est pour nous les Français d'abord. Pour ça, nous allons envoyer des militaires à Abidjan. Ils vont s'asseoir, 43e BIMA, à Port-Bouët, pour surveiller ce que tu fais et tu dois le faire bien. Si tu dérailles, on va te rappeler à l'ordre. Si tu es droit, si tu travailles pour nous, on va te garder longtemps?. Ce que je suis en train de dire, c'est un papier qu'Houphouët a signé. Mais le jour où il signait, il n'avait pas le choix. Le travail forcé, nos parents portaient les cailloux, ils tiraient le bois et il y avait d'autres parents qui chicotaient ceux qui portaient les bagages. Vous rendez-vous compte ? Moi je porte le bagage et puis Aman Kadjo, est derrière moi, il me tape, et le Blanc nous regarde. Un frère frappe un autre frère et lui il est content. Il fait comme le comédien. Il va voir Aman Kadjo, il dit : Mamadou, c'est un faux type. C'est un esclave, toi tu es un noble. Toi tu es un roi, il faut le commander?. Et puis, il vient me voir, il dit : Aman Kadjo, c'est un faux chef, il faut que tu comptes sur moi et puis on va voir comment s'arranger?. Aman Kajo et moi, on fait des palabres tous les jours et lui il prend l'or, le diamant, le pétrole. Il prend tout, il s'en va chez lui, il construit son pays et puis nous, on est dans la pauvreté ici. Houphouët a obtenu, pour les Ivoiriens, cette indépendance. Mais on ne lui a pas tout donné. Quand il vivait, vous qui étiez du PDCI, vous le savez, il disait : Un jour, une nouvelle génération d'Ivoiriens naîtra qui va reprendre ce combat jusqu'à là où moi je n'ai pas pu arriver. Je me suis contenté de l'indépendance, mais je sais très bien que l'indépendance qu'on m'a donnée n'est pas une bonne indépendance. Il faut que je forme des gens, que je construise des écoles, que les gens aillent à l'école, ainsi, un jour, ils pourront parler d'égal à égal avec vous les Français. Je ne serai peut-être plus vivant, mais je suis convaincu que la formation de la jeunesse, c'est déjà une première solution pour obtenir plus tard, l'indépendance économique. Moi j'obtiens pour vous l'indépendance politique. J'ai signé les accords, les accords coloniaux, mais je sais que ce n'est pas tout?.
Voilà ce que Houphouët nous a dit. Ceux qui ne connaissent pas et qui crient partout qu'ils sont Houphouétistes ne retiennent pas ça d'Houphouët. Ce qu'ils retiennent, c'est le parti unique. Houphouët est président, il n'y a pas d'autres candidats. Houphouët est président, il nomme des gens partout. Houphouët est président, il construit son village. Houphouët est président, il laisse les gens s'amuser. Ça, ce n'est pas le bon côté qu'Houphouët voulait qu'on retienne de lui. Etre houphouétiste, ce n'est pas dire : Au temps d'Houphouët, on faisait ceci, aujourd'hui, on ne peut plus faire ça?. Non ! Les vrais houphouétistes doivent comprendre quel était le discours profond d'Houphouët. La mission qu'il leur a confiée, c'est d'arracher, dès que cela sera possible, l'indépendance économique de la Côte d'Ivoire. Ce n'est pas de se coucher sur l'héritage que lui Houphouët a laissé. Il a travaillé, il a laissé son héritage. Il vous dit : Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins?, ça veut dire qu'il y a l'argent dans le pays. Ce n'est pas l'argent qui manque. C'est le travail et l'intelligence qu'il nous faut. Moi j'ai pu signer le papier. On ne nous chicotte plus. On nous paie même souvent. On ne prend plus le café, le cacao et le bois pour partir. On nous donne un peu d'argent. C'est ce que j'ai pu faire. C'est l'indépendance politique?. Mais ce n'est pas tout. Les houphouétistes s'arrêtent, ils disent : Houphouët a tout fait, donc nous on est bien. On va s'asseoir, les Français n'ont qu'à faire?. Gbagbo Laurent dit non, ce n'est pas ce qu'on doit retenir d'Houphouët. Gbagbo dit : Houphouët a obtenu l'indépendance politique, moi il me faut arracher l'indépendance économique?. Gbagbo vient donc avec l'indépendance économique, il vient avec la liberté. Les houphouétistes peuvent-ils nous dire ce qu'ils apportent par rapport à l'héritage d'Houphouët ? Ce n'est pas suffisant de dire . Je suis houphouétiste?. C'est de dire : Ce que Houphouët a fait-là nous, on ajoute ceci ou cela?.
Alors, moi je suis d'accord avec vous. Vous quittez le PDCI, c'est bien. A partir de maintenant, allez partout dire que quitter le PDCI, ce n'est pas trahir Houphouët.
Houphouët a fait une part. Gbagbo est venu. Ce qu'il ajoute à ce qu'a fait Houphouët, c'est ce qui est bon pour nous. Nous allons le suivre pour obtenir la liberté économique. Nous tous en Côte d'Ivoire, nous sommes quelque part les héritiers d'Houphouët. Il y a ceux qui disent : Il a construit une maison, il a une plantation, il a un compte en banque, nous on va s'asseoir, on va bouffer ça?. Et il y a nous, nous disons qu'il a construit une maison, il a fait une plantation mais tout ça, c'était pour les Français, nous allons leur dire que c'est pour nous, qu'ils laissent, nous allons gérer nous-mêmes. Si nous nous trompons, ou si nous réussissons, ce n'est pas un problème.
Mais ils n'ont pas besoin de nous obliger. Si Houphouët vivait encore, il allait encourager Gbagbo à prendre le papier qu'il a signé en 1959 et le déchirer. Parce que le jour où il le signait, il n'avait pas le choix. Nous, aujourd'hui, nous avons le choix. C'est pour cela que votre décision est bien () Ce que vous avez fait est bien. Massaraba, allez dire à aux gens de quitter le PDCI. Un parti politique qui ne vit que sur l'héritage statique de son fondateur est un parti qui va à la perte. Un parti politique qui n'attend que de partager le gâteau que le Père fondateur a laissé est un parti qui éclate. Depuis que Houphouët est mort, Fologo a pris une partie, il est parti. Danièle Boni Claverie, Djibo Aya Martine, tous s'en vont. Pourquoi ? Parce que ceux qui sont au PDCI ont dit : Houphouët a tout fait, le travail est fini, on va dormir et manger?. Houphouët travaillait. On peut dire qu'il n'a pas obtenu la liberté pour les Ivoiriens. Mais il a quand même obtenu l'indépendance. On ne va pas se contenter de cette indépendance et dormir. Nous avons besoin de liberté. Nous avons besoin de liberté économique. Notre terre doit être à nous. S'il y a du fer, c'est pour nous, s'il y a du pétrole, c'est pour nous, l'eau, c'est pour nous, l'aéroport, le port, la SIR, c'est pour nous et on en fait ce qu'on veut. On n'a pas besoin d'avoir un fusil sous la tempe pour céder à qui que ce soit parce qu'il est fort. Ça c'était avant. Et je pense que si Houphouët était vivant, il aurait eu très honte de ses héritiers. Eux, ils n'ont pas compris son message. Gbagbo et les refondateurs ont compris son message. Voilà ce que je voulais vous dire à vous du PDCI qui êtes venu au FPI. Il ne faut pas perdre confiance. Nous les refondateurs, nous apportons un plus à l'héritage d'Houphouët. Eux, ils prennent l'héritage d'Houphouët pour gaspiller. Qui est mieux que qui ? Je leur laisse la réponse à cette question ()

Propos recueillis par D.O., Envoyé spécial à Aboisso

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