lundi 10 septembre 2007 par Fraternité Matin

Depuis vendredi à 18h15, la télévision et la radio nationale n'émettent plus à l'intérieur du pays et dans les pays africains où elles étaient vue et entendue. Abidjan et sa région ont échappé de justesse à la coupure à cause de la réactivation du faisceau hertzien (terrestre) entre Cocody (quartier d'Abidjan où se trouve la direction) et le centre émetteur d'Abobo. Après plusieurs sommations dont la dernière est en date du 6 septembre, Intelsat, le transporteur de signaux audiovisuels dans le monde, a interrompu la fourniture de la RTI. Du côté de la direction générale de la RTI d'Etat, c'est la consternation. On a le net sentiment qu'il y a une nébuleuse qui nous tire vers le bas. Il y a une sorte d'OPA sur la RTI, une tentative de déstabilisation pour s'accaparer la maison à des fins politiques et claniques?, a accusé, très en colère, Issa Sangaré Yeresso, directeur général adjoint de la RTI chargé des antennes et des infrastructures techniques, rencontré, hier, dans les locaux de la maison bleue. Depuis octobre 2005, le contrat-cadre (MSA) de dix ans, liant l'Etat de Côte d'Ivoire à l'opérateur international, est arrivé à expiration. Il n'a pas encore été renouvelé mais Intelsat n'avait pas suspendu ses prestations à la RTI. En outre, l'Etat traîne des arriérés de paiement d'un montant de 167 millions de FCFA. Face à l'urgence de la situation, Brou Amessan Pierre, directeur général intérimaire de la RTI, a sollicité, en décembre dernier, une audience auprès de Mme Martine Coffi-Studer, alors ministre délégué auprès du Premier ministre Charles Konan Banny chargé de la Communication. En vain. La direction générale, voulant, selon elle, marquer son passage à la tête de la société d'Etat en en faisant le leader de l'audiovisuel en Afrique de l'Ouest et l'un des premiers en Afrique d'ici à 2010, n'a pas jeté le manche après la cognée. Ainsi, après avoir élaboré une nouvelle grille de programmes en conformité avec les normes de diffusion extraterritoriales, elle a signé un accord avec Canal+Horizons qui permet à la RTI d'entrer dans le bouquet et d'être ouverte sur 25 pays du monde.
A cet effet, deux places ont été réservées à la RTI, une pour la Chaîne des grands événements (Télévision 1ère chaîne) et l'autre pour la radio de divertissement Fréquence 2. Cet accord permet à notre société d'Etat de rattraper le retard qu'elle accuse sur des pays africains comme le Burkina Faso, la Guinée Conakry, le Mali, le Sénégal, le Niger et le Cameroun.
Mais ces ambitions sont contrariées. Car, la condition sine qua non pour rentrer dans le bouquet pour la couverture Afrique-Europe est le renouvellement de la signature du contrat-cadre (MSA) et du service Order (SO). Malgré plusieurs relances, le ministère de la Communication ne s'est pas exécuté pour signer les contrats et payer les arriérés de facture dus à Intelsat.
Estimant que la Côte d'Ivoire traîne les pieds pour lui remettre le contrat de prestation, l'opérateur a interrompu l'utilisation du secteur spatial sur le satellite IS903 par la RTI vendredi dernier à 18h15. L'inconvénient, c'est que la RTI peut perdre la capacité satellitaire qu'elle utilise en ce moment, car celle-ci peut être reprise et revendue à un autre client, comme a prévenu Mme Gloria Alavo, directeur Afrique de l'Ouest de Intelsat, dans un courrier en date du 29 août dernier. En décembre 2005, l'Etat a accepté de se substituer à la direction de la RTI pour apurer son passif et prendre en charge les prestations en transmission satellitaire, pour un montant de 225 millions de FCFA par an.
Depuis 2006, ce montant est budgétisé. Viré, dans un premier temps, sur le compte de la RTI, il a pris désormais la direction du ministère de la Communication où il a été logé. Pour l'heure, la RTI fait du bricolage pour sauver la situation. Abidjan et sa région sont épargnées par cette guerre du satellite?. Les techniciens de la RTI sont à pied d'?uvre pour voir dans quelle mesure les autres réseaux peuvent être réactivés, émetteur par émetteur. C'est un travail fastidieux et coûteux?, assure Benjamin Kieffoloh, conseiller technique du directeur général chargé de la technique.
Sy Savané explique. Il n'y a pas de contrat entre la Côte d'Ivoire et Intelsat depuis octobre 2005. Nous avons donc suggéré un cadre institutionnel, pour ne plus agir au coup par coup et sortir de cette espèce de vide. Un projet de contrat a été préparé par Intelsat que nous avons reçu. Sur ce contrat, nous n'avons pas d'opposition fondamentale. Nous avons proposé, le 6 septembre, à Intelsat un préavis, c'est-à-dire une clause qui prévoit qu'avant toute coupure, l'Etat soit tenu informé. Intelsat a refusé parce que, selon elle, c'est ce même contrat que les autres pays ont signé. Et dès le lendemain (vendredi 7 septembre), nous avons reçu un document de l'opérateur menaçant de couper le satellite; menace mise à exécution dès la fin de la journée. Nous entrons en contact, dès aujourd'hui, avec Intelsat et nous espérons que tout va rentrer dans l'ordre dans les plus brefs délais. Nous, nous tenons à cette clause. Nous préférons qu'on parte sur des bases saines et un cadre normalisé pour que les menaces intempestives de coupure cessent.

Propos recueillis par
Ferro M. Bally

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